2

11
1

Le tribunal correctionnel de Reims a condamné un policier à quatre ans de prison dont deux ferme mercredi, et ordonné un mandat de dépôt. Deux femmes étrangères s’étaient plaintes de son comportement à quelques mois d’intervalle.


Reims (Marne).– À l’énoncé du jugement, il y a comme un flottement. Alors qu’il comparaissait libre devant le tribunal correctionnel de Reims, mercredi 23 octobre, le gardien de la paix Grégory C., 27 ans, est condamné à quatre ans de prison dont deux ans ferme, avec mandat de dépôt. 

Loin de se précipiter sur lui, les policiers du tribunal attendent que le public quitte la salle d’audience et accordent quelques instants à leur collègue déchu pour qu’il salue ses proches. Ils l’escortent ensuite à l’extérieur sans lui passer les menottes. 

Violences par personne dépositaire de l’autorité publique, agression sexuelle, vol et violation de domicile : malgré les efforts de son avocat, qui a plaidé en vain la nullité de la procédure et l’absence de preuves, Grégory C. est déclaré coupable des quatre infractions qui lui sont reprochées. Il va faire appel mais part en prison les larmes aux yeux.

À quelques mois d’intervalle, fin novembre 2023 et fin août 2024, deux femmes avaient déposé plainte contre ce jeune fonctionnaire rémois trapu et barbu, affecté à des missions de police secours. 

La première, de nationalité kosovare, vivait en France depuis dix ans. À l’occasion d’une intervention de police menée à son domicile pour arrêter son mari, elle accuse le policier de l’avoir isolée dans sa chambre, d’avoir pris 250 euros dans son portefeuille alors qu’elle présentait ses papiers, de l’avoir forcée à se déshabiller et de lui avoir touché la poitrine sous prétexte de vérifier si elle avait subi des violences conjugales. 

La deuxième plaignante, une femme roumaine arrivée sur le territoire depuis seulement quelques mois au moment des faits, lui reproche de s’être imposée chez elle alors qu’elle ne comprend pas le français et de l’avoir entraînée dans la salle de bains pour lui faire signe de soulever sa robe.

Le prévenu, qui a passé une quinzaine de jours en détention provisoire à la fin de l’été avant d’être libéré sous contrôle judiciaire, « conteste formellement » le moindre délit. À la barre, il s’avoue toutefois incapable d’expliquer au président du tribunal, Pierre Creton, pourquoi « deux femmes d’horizons différents [l’]accusent de faits à peu près semblables ».

##« Il m’a fait signe d’entrer, il a fermé la porte » 

Devant une vingtaine de policiers venus soutenir leur collègue, le président rappelle qu’une enquête de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a été lancée dès la première plainte. Le policier n’a cependant été placé en garde à vue que le 29 août 2024, après la deuxième. 

Comme il en a le droit, Grégory C. a gardé le silence en garde à vue. Il ne s’explique pas beaucoup plus longuement devant le tribunal. Lorsque la procureure le pousse dans ses retranchements, son avocat ulcéré par le « ton » de la magistrate lui conseille de se taire. « Je ne répondrai pas », répète alors le prévenu à chaque question. 

La plaignante roumaine, elle, souhaite s’exprimer. Accompagnée de son mari et de leur bébé en poussette, Brindusa T. bénéficie de l’assistance très partielle d’un interprète en visioconférence. À travers l’écran, celui-ci ne peut pas lui traduire un mot du procès qui se déroule sous ses yeux mais sa présence lui permet de témoigner à la barre et de comprendre les questions. 

Des policiers sont venus chez elle, au matin du 26 août, parce qu’ils cherchaient quelqu’un, qui ne s’y trouvait pas. Grégory C. revient ensuite seul, vers 17 heures. Lorsqu’il frappe à sa porte en uniforme, elle est en train de cuisiner et parle au téléphone avec une amie, pendant que son beau-frère de 15 ans s’occupe du bébé. 

Comme ni elle ni l’adolescent ne parlent français, elle passe le téléphone au policier pour qu’il explique à son amie ce qu’il veut. « Il a demandé si j’étais seule à la maison, il nous a demandé une pièce d’identité », explique la jeune femme. « Il m’a demandé de raccrocher, de l’emmener dans la salle de bains, d’allumer la lumière. Il m’a fait signe d’entrer, a fermé la porte et m’a demandé par des gestes de soulever ma robe. J’ai fait non de la tête et j’ai quitté la salle de bains. Lui a quitté la maison sans rien dire. »

Au cours de l’enquête, l’IGPN a recueilli le témoignage de son jeune beau-frère – qui a vu Brindusa T. sortir de la salle de bains en larmes – et de son amie, qu’elle a rappelée quelques minutes plus tard pour lui raconter. La plaignante conclut : « Je n’ai aucune raison de vous raconter des mensonges. J’étais paniquée. J’ai cru qu’il s’agissait d’un faux policier. »

Son avocate, Ludivine Braconnier, loue son « courage » d’avoir porté plainte et la précision de ses accusations. « Si l’objectif était de “se faire un flic”, elle ne se serait pas contentée de dire ça, elle aurait raconté des choses encore plus graves. »

Grégory C. maintient qu’il a frappé à sa porte dans le seul but de retrouver une femme, sans domicile fixe, qui disposait de renseignements sur le fonctionnement d’un point de deal. Les magistrats lui font remarquer que ce genre d’investigations ne fait pas partie de ses missions. Qu’il est monté seul dans l’immeuble, en laissant deux policiers réservistes dans la voiture. Et qu’il n’a rédigé ni procès-verbal ni main courante sur cette opération. 

L’autre plaignante, Qendrese N., n’est pas venue à l’audience. Mais elle est représentée par une avocate, Agnès Mercier. Celle-ci raconte que, malgré son « intégration réussie » en France, où sont nés ses quatre enfants, sa cliente a préféré retourner vivre au Kosovo. Elle insiste sur ses déclarations « constantes, précises et circonstanciées » et sur ses neuf jours d’ITT, l’expert psychologue ayant constaté un « retentissement significatif »

Selon le récit de Qendrese N., pendant que Grégory C. l’attirait dans la chambre, une autre policière s’occupait de ses quatre enfants dans le salon et le troisième membre d’équipage se trouvait sur le palier. « Pas crédible » pour la défense. « C’est un père de famille, il est en intervention sur un flag [flagrant délit – ndlr], il va se retrouver avec la femme de l’interpellé dans sa chambre et lui demander d’enlever sa culotte ? Alors qu’il y a des gamins partout et des collègues qui peuvent entrer à tout moment ? Vous allez gober ça ? »

Pour son avocate, justement, Qendrese N. « n’aurait jamais pensé qu’un policier puisse faire ça ». Si les deux plaignantes « ne se connaissent pas, ne viennent pas du même pays et ne sont pas dans la même situation », Agnès Mercier rappelle qu’elles « partagent une même vulnérabilité » : le fait d’être « des étrangères ».

##Des antécédents inquiétants

Devant les tribunaux, les policiers prévenus font souvent valoir leur parcours « exemplaire », leur notation admirable et leurs lettres de félicitations. Mais Grégory C. a un handicap : sa brève carrière dans la police est émaillée d’incidents qui éclairent les faits d’une lumière trouble. 

En 2015-2016, alors qu’il n’est encore que « cadet de la République », un programme d’égalité des chances de la police nationale, Grégory C. écope d’un avertissement pour des injures sexistes contre ses camarades féminines.

Deux ans plus tard, à l’école de police de Reims, une autre élève gardien de la paix dépose plainte contre lui pour harcèlement. Ses propos graveleux – *« salope », « tu veux pas me sucer ? » *– et ses gestes déplacés (des coups de tonfa sur les fesses, des mains sur la cuisse) lui valent un rappel à la loi prononcé par le délégué du procureur, avec l’obligation de suivre un stage sur les outrages sexistes. 

En 2022, une fois affecté en commissariat, il fait l’objet d’une enquête administrative pour un autre incident. Sa patrouille « prend en charge » deux jeunes femmes ivres à la sortie d’une boîte de nuit et les ramène à domicile en empruntant les ronds-points à contresens. Grégory C. aurait ensuite tenté de suivre l’une des jeunes femmes dans sa chambre, avant de revenir chez elle et de tomber sur son petit ami. Quelques mois seulement avant les faits qui le conduisent devant le tribunal, il se voit infliger une sanction disciplinaire : quinze jours d’exclusion dont douze avec sursis. 

Grégory C. juge cependant son comportement actuel « tout à fait normal et respectueux » et rappelle que ses collègues féminines ne lui reprochent rien. L’expertise psychiatrique n’a décelé aucune pathologie. Si son téléphone, exploité pendant l’enquête, contient de nombreuses images de femmes nues et de ses séances de masturbation, cela relève de son « intimité sexuelle »

##« Il ne choisit pas ses victimes au hasard » 

« Qu’est-ce qu’il fait encore dans la police ? », se demande la procureure, Mathilde Campagnie, pour qui le prévenu « a usé de sa qualité » pour commettre des infractions. « C’est abject, inadmissible », martèle la magistrate, soulignant « la gravité des faits » et le « danger » qu’il représente. « Il a aussi sali l’institution. Vous devez mettre un terme à ses agissements. »

Se disant « effrayée » par le profil de Grégory C., la représentante du ministère public estime qu’il « ne choisit pas ses victimes au hasard : elles ne parlent pas français, elles n’ont pas la nationalité ». Elle requiert quatre ans de prison, dont un an avec sursis probatoire, et un mandat de dépôt pour la partie ferme. Mais aussi une interdiction définitive d’exercer dans la police, cinq ans d’inéligibilité et une inscription au fichier des délinquants sexuels, autant de peines complémentaires qui seront retenues par le tribunal. 

Pour la défense, Mourad Benkoussa plaide le doute en s’appuyant sur une « enquête mal faite ». Il remet en cause la « constance » des plaignantes et regrette que son client n’ait jamais été confronté à elles. « Imaginez juste une demi-seconde qu’il fasse l’objet d’accusations à tort », tonne l’avocat, qui crie au « scandale ». 

« Cette procédure n’a rien de contradictoire. En 2024, il suffit d’accuser pour que ce soit vrai ? Avec une expertise psychologisante ? Et pleurer, ça apporte de la crédibilité à la plainte ? C’est au ministère public de prouver que je suis coupable. » Le tribunal a considéré que c’était prouvé. Prochaine étape devant la cour d'appel.

1
7
3

L'homme d'affaires israélo-américain qui propose un plan de 200 millions de dollars pour déployer des mercenaires à Gaza

Le gouvernement israélien examine activement un plan visant à déployer des agents de sociétés privées américaines de logistique et de sécurité dans la bande de Gaza sous couvert de livraison d'aide humanitaire, selon les médias israéliens. Le cabinet de sécurité israélien s'est réuni dimanche soir pour discuter de la proposition et devrait approuver un programme "pilote" et commencer des essais dans les deux prochains mois. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a "accepté d'examiner" le plan la semaine dernière, selon Haaretz.

Les médias présentent ce plan comme étant l'idée de l'homme d'affaires israélo-américain Mordechai "Moti" Kahana, PDG de Global Delivery Company (GDC), qui décrit son entreprise à but lucratif comme "Uber pour les zones de guerre".

Kahana, fervent partisan de Joe Biden et Kamala Harris, a passé l'année dernière à essayer activement de trouver un rôle pour son entreprise dans la guerre d'Israël contre Gaza.

Parmi les objectifs de Kahana figure la création d'une "communauté fermée" à Gaza où les Palestiniens seraient soumis à des contrôles biométriques pour recevoir l'aide humanitaire.

Depuis des mois, il est question en Israël de créer des "bulles humanitaires" dans le nord de Gaza où l'aide pourrait être distribuée après que les forces israéliennes auront déclaré l'élimination des combattants du Hamas dans ces zones. Le ministre de la Défense Yoav Gallant a défendu cette idée.

"GDC et son sous-traitant ont eu des discussions approfondies avec le gouvernement israélien, notamment le ministère de la Défense, les Forces de défense israéliennes et le bureau du Premier ministre sur les modalités de cette initiative", a déclaré GDC lundi. L'entreprise a affirmé que "la sécurité privée bien formée est le seul moyen réaliste" de livrer l'aide à Gaza "tant que les nations ne sont pas disposées à mettre leurs troupes au sol à Gaza et que les casques bleus de l'ONU sont considérés comme inefficaces."

La proposition pilote de GDC inclut un plan de partenariat avec Constellis - une société successeur et société mère de ce qui était autrefois Blackwater, la tristement célèbre société de mercenaires fondée par Erik Prince.

Constellis maintient n'avoir aucun lien avec Prince. La société opère en Israël dans le cadre d'un contrat du Pentagone pour assurer la sécurité du personnel américain travaillant dans une installation radar discrète dans le désert du Néguev, à 50 km de Gaza. Le site a été établi pour fournir des alertes précoces en cas d'attaques de missiles balistiques iraniens. Parmi les filiales de Constellis figure la société de mercenaires Triple Canopy, qui travaille depuis longtemps pour le gouvernement américain et des entreprises privées dans des zones de guerre et de conflit à travers le monde. Constellis n'a pas répondu à une demande de commentaire.

Bien que Kahana ait été présenté dans les médias israéliens comme l'initiateur de la proposition d'une force de sécurité privée pour livrer l'aide à Gaza, on ne sait pas clairement si le gouvernement israélien envisage réellement son offre spécifique ou explore d'autres contractants de sécurité privée. Une société de sécurité privée américaine aurait besoin de l'approbation du Département d'État pour offrir des services armés à une entité étrangère ou au gouvernement israélien.

##"Uber pour les zones de guerre"

Kahana poste fréquemment sur Twitter (X), développant sa vision d'une opération "humanitaire" à Gaza où l'éligibilité à recevoir l'aide humanitaire est conditionnée au passage de tests biométriques pour déterminer si quelqu'un est un "terroriste". "Les terroristes recevront une balle", a-t-il promis dans un tweet.

En réponse aux questions de Drop Site News, Kahana a ajouté que ce serait "similaire à Miami sans terrain de golf ni piscine". "Ce ne sera pas un ghetto", a-t-il écrit, "ils pourront entrer et sortir à tout moment mais l'objectif sera d'avoir des communautés sûres et sécurisées avec un leadership et un gouvernement palestinien local." GDC et la société ne fourniraient "que la sécurité".

GDC a compté parmi ses employés Stuart Seldowitz, l'ancien responsable de l'administration Obama qui a été accusé de crime haineux après avoir harcelé un vendeur de nourriture halal. Kahana a déclaré que Seldowitz était son "consultant senior en diplomatie humanitaire". GDC aurait rompu ses liens avec Seldowitz peu après l'incident, mais Kahana s'est dit ouvert à ce que Seldowitz travaille avec GDC à Gaza. "Il reste un ami", a déclaré Kahana à Drop Site. "Il a aidé GDC à sauver plus de 5 000 musulmans en Afghanistan, et il est le bienvenu pour faire la même chose à Gaza avec nous."

Kahana lui-même a un passé de déclarations incendiaires, décrivant la représentante américaine Rashida Tlaib comme "l'ambassadrice désignée du Hamas aux États-Unis" et le système de tunnels souterrains utilisé par les Brigades Al-Qassam à Gaza comme le "système du rat".

GDC emploie actuellement plusieurs anciens officiers israéliens de haut rang - le général de brigade (rés.) Yossi Kuperwasser, membre du groupe de réflexion extrémiste "HaBitchonistim" qui conseille Netanyahu depuis le début du génocide, et le lieutenant-colonel Doron Avital, ainsi que l'ancien chef du renseignement David Tzur. L'équipe de GDC comprend également le colonel Justin Sapp, récemment retraité des Bérets verts américains, consultant pour Constellis et vétéran des opérations paramilitaires secrètes de la CIA en Afghanistan après les attentats du 11 septembre. Son directeur logistique est l'ancien officier de la marine américaine Michael Durnan.

Lundi, Kahana a tweeté que GDC commencerait son projet à Gaza dès qu'il recevrait l'approbation et a ajouté : "notre chef d'équipe qui dirigera le projet Gaza a conquis Mazar-i-Sharif en Afghanistan après le 11 septembre." Dans une interview ultérieure avec YNet, Kahana a précisé qu'il parlait de Sapp, l'ancien Béret vert.

Kahana s'est vanté que son entreprise a opéré pendant 14 ans dans cinq guerres : Afghanistan, Syrie, Irak, Ukraine et Gaza. "Notre slogan est 'We Deliver'" (Nous livrons), a-t-il écrit sur X en mars. GDC, une entreprise à but lucratif opérant depuis au moins 2019, est née de l'ancienne organisation à but non lucratif de Kahana basée à New York appelée Amaliah.

"Mon entreprise est comme un Uber/UPS pour les zones de guerre, pour les personnes et les marchandises", a déclaré Kahana en juillet 2023. "Je peux être ici sur ma ferme [dans le New Jersey] en dirigeant une opération au Moyen-Orient."

Constellis est répertorié comme partenaire officiel sur le site de GDC et les deux entreprises ont travaillé ensemble en Ukraine, selon The Jewish Chronicle et confirmé par Kahana à Drop Site News. Alors que GDC déplaçait de l'huile de tournesol vers l'extérieur et du diesel vers l'intérieur du pays, Constellis fournissait des services de sécurité. Constellis est l'une des plus grandes sociétés de sécurité privées au monde. Elle affirme avoir opéré dans plus de 50 pays et possède plusieurs divisions et filiales. En 2022, sa filiale Triple Canopy a remporté un contrat de 10 ans pour assurer la sécurité de l'ambassade américaine en Irak, d'une valeur estimée à 1,3 milliard de dollars. Elle possède également Olive Group, une société britannique de sécurité privée et de formation.

Dans un récent tweet, Kahana a partagé une capture d'écran d'une présentation datée du 30 mai décrivant le projet pilote proposé, qui devait alors commencer en juillet et se concentrer sur Beit Hanoun. Constellis y est nommé comme partenaire. Le journaliste de Haaretz Amos Harel, sans nommer Constellis, a déclaré dans une récente interview podcast que l'entreprise à laquelle Israël envisageait de sous-traiter le projet "avait apparemment travaillé avec les Américains en Irak". Kahana a décrit la force de sécurité avec laquelle il travaillerait comme étant "composée d'ex-combattants, vétérans d'unités d'élite des États-Unis, d'Angleterre et de France. Le dénominateur commun de tous est qu'ils ne sont pas juifs."

Kahana essaie d'attirer l'attention du gouvernement israélien depuis octobre 2023, lorsqu'il a vanté un plan visant à utiliser l'aide humanitaire comme levier pour obtenir la libération des otages israéliens. À l'époque, son plan avait été rejeté par le gouvernement israélien comme "ressemblant à de la propagande du Hamas découlant de la pression qu'ils subissent."

En novembre 2023, Kahana a plaisanté sur le nettoyage ethnique de Gaza et le déplacement de sa population vers la Jordanie, et a comparé les manifestants anti-génocide aux États-Unis aux "souris dans les tunnels de Gaza." Faisant référence aux images d'un enfant palestinien arrivé à l'hôpital Al-Shifa ayant survécu à une attaque israélienne, couvert de poussière et de sang et tremblant de manière incontrôlable, il a écrit : "Pas d'inquiétude. Nous allons le libérer du Hamas."

En mars, NBC News a rapporté que le gouvernement israélien envisageait de sous-traiter les escortes de camions d'aide à un entrepreneur privé américain, indiquant que les responsables israéliens avaient "déjà approché plusieurs sociétés de sécurité, mais ont refusé de préciser lesquelles." Kahana a posté un lien vers l'article sur son profil Facebook, accompagné du commentaire : "GDC n'est pas payé par le contribuable israélien ✌️🇺🇸." Dans la récente interview avec Ynet, Kahana a affirmé que les États-Unis financeraient le projet à hauteur de 200 millions de dollars pour six mois d'opérations.

En réponse aux questions de Drop Site News, Kahana a indiqué qu'il était "sur le point de" signer un contrat avec le gouvernement israélien. "Si vous parlez à n'importe quel ministre israélien au sujet des plans humanitaires de GDC, ils nous connaitront déjà", a-t-il écrit. Il a expliqué que GDC aurait son propre "groupe d'enquêteurs privés" et des "employés locaux sur le terrain" pour identifier les membres du Hamas.

Un porte-parole du ministère israélien de la Défense a confirmé avoir reçu la proposition de Kahana mais n'a pas souhaité commenter davantage. Interrogé sur la possibilité que GDC travaille avec des sociétés de mercenaires en Gaza, un porte-parole de l'ambassade des États-Unis en Israël a déclaré : "Nous ne commentons pas les projets hypothétiques ou les propositions non confirmées."

Dans son communiqué de lundi, GDC a assuré au gouvernement israélien que son plan "créerait un équilibre prudent entre les intérêts sécuritaires d'Israël et les besoins humanitaires de la population civile de Gaza." La société a noté que son modèle "préserverait la sécurité d'Israël en garantissant que l'aide humanitaire et les fournitures ne soient pas détournées par le Hamas ou d'autres groupes terroristes, tout en répondant aux besoins humanitaires vitaux de la population civile de Gaza."

Alors que les médias israéliens continuent de rapporter que le gouvernement est prêt à approuver le déploiement de forces de sécurité privées, un débat fait rage sur les réseaux sociaux concernant l'utilisation de mercenaires.

Sur X, lundi, certains Israéliens ont mis en garde contre la perspective de confier des opérations à des "mercenaires insensibles", tandis que d'autres ont fait valoir que la présence de contractants de sécurité privés dans la bande de Gaza pourrait réduire les pertes civiles palestiniennes. "Les mercenaires sont beaucoup plus disciplinés", a tweeté un partisan. "Ils ont des règles d'engagement très strictes et ne font que leur travail.

8
7
7
5
3
25
[-] NuclearPlatypus@jlai.lu 2 points 1 month ago

Merci, j'ai mis à jour l'URL.

J'ai rajouté également la Vidéo où on voit les miliciens cagoulés tirer au mortier

[-] NuclearPlatypus@jlai.lu 2 points 1 month ago

"Retour et retour"

[-] NuclearPlatypus@jlai.lu 2 points 1 month ago

Pourquoi pas !

[-] NuclearPlatypus@jlai.lu 1 points 2 months ago* (last edited 2 months ago)

Où cette opposition se manifeste-t-elle aujourd'hui sur le terrain ?

"Dans une organisation qui accroche des photos de soldats tombés et de victimes de Nova à travers le pays, similaire à ce que nous faisons. La campagne appelle à ne pas renoncer pour eux jusqu'à la victoire, et nous présente comme des familles ingrates, contrairement à ce sacrifice des morts et de leurs familles. Ils enlèvent nos affiches, et marquent de manière flagrante l'équation des morts contre les otages, comme s'il fallait choisir".

Comme si les morts dans leur mort nous ordonnaient d'aller jusqu'au bout.

"Et nous, représentants des otages, 'émissaires du Hamas, qui imposent la capitulation à l'État'. Même ceux d'entre nous qui ont veillé à rester étatiques ont subi un assassinat de caractère, comme si nous vendions l'État. On nous attribue l'expression 'à tout prix', bien que nous ne l'ayons jamais dite".

L'appel "maintenant", c'est comme dire à tout prix, non ?

"Non. Chaque accord a un prix. L'accord que nous pourrons obtenir maintenant est à un prix que le système de défense dit pouvoir supporter. Par le mot maintenant, on veut dire, avant que ce ne soit plus cher et trop tard".

Il existe une crainte que la libération de prisonniers de sécurité en échange d'otages puisse poser les bases du prochain 7 octobre.

"Rotman m'a dit que les otages qui n'ont pas encore été enlevés sont aussi réels que les otages actuels. Ce n'est pas vrai, et la façon d'empêcher les futurs enlèvements est de renforcer la sécurité à la frontière. Au lieu de cela, l'État se décharge de sa responsabilité et la jette sur les gens qu'il a abandonnés".

Shirael Lalom Nahir de la Chaîne 14 a exigé des familles des otages qu'elles financent la protection des familles qui pourraient être blessées par la libération des prisonniers de l'accord de novembre (elle a tweeté puis effacé).

"Le rôle de l'État est de veiller à la sécurité des résidents. Les familles d'Avera Mengistu et Hisham Sayed ont entendu pendant des années l'argument 'nous ne les ramenons pas, car cela ne vaut pas le risque sécuritaire'. Et voilà, on ne les a pas ramenés et on a aussi enlevé et tué d'autres personnes. C'est justement leur retour qui augmentera le sentiment de sécurité des citoyens dans le pays, ils verront qu'il prend soin d'eux".

Il y a un public qui est pour vous, mais après dix mois, il préfère simplement oublier ?

"Après que les trois otages Yotam Haim, Alon Shamriz et Samer Talalka aient réussi à s'échapper et aient été abattus par Tsahal en décembre, nous pensions que la terre allait brûler. Cela ne s'est pas produit, car les gens préféraient déjà refouler à ce moment-là. L'attitude du public envers la mort d'otages en captivité s'est normalisée, il y a eu une banalisation de la vie humaine et des expériences humaines, les otages sont devenus des pions de négociation que chacun pense s'il convient ou non de sauver, comme s'il s'agissait d'un jeu. Les gens disent 'Bon, de toute façon ils sont tous morts là-bas' ou 'Avec ce qu'ils ont vécu là-bas, ça ne vaut pas la peine de les sauver', ce qui est vraiment le comble. Vous avez aussi attendu longtemps et donc ils ont été assassinés ou maltraités et maintenant vous vous plaignez que ça ne vaut pas la peine ?

"Le nombre d'otages n'est pas aussi petit qu'il y paraît. Il y a plus d'otages vivants que d'otages dont nous savons qu'ils ne sont pas en vie. C'est juste que nous ne pouvons pas toujours dire ce que nous savons. Et même si les gens ne reviennent pas comme ils étaient avant, ce sont quand même des vies qui valent la peine d'être sauvées".

[-] NuclearPlatypus@jlai.lu 1 points 2 months ago* (last edited 2 months ago)

"Ce public", dit un homme de la périphérie qui connaît bien la base du Likoud dans sa ville, "s'attend à ce qu'ils ne s'identifient à rien de ce qui est lié à Kaplan".

Quel est le rapport ? Nous ne sommes plus dans les manifestations contre le coup d'État judiciaire.

"C'est incroyable que vous n'ayez toujours pas compris à quel point tout est lié à Kaplan", soupire-t-il. "Vous ne comprenez vraiment pas quel poids les gens de la base donnent à ce qui se passe là-bas, peu importe que ce soit le pont Begin, le carrefour Kaplan ou la place des Otages. C'est la même chose pour eux. Vous ne réalisez pas quel dégoût ils ont des blocages de routes et comment les manifestations des familles rendent les gens fous".

Pourquoi cela les énerve-t-il autant ?

"Ils y voient une tentative d'arrêter la guerre et de faire tomber Bibi. Ils ne sont pas prêts à arrêter la guerre et remplacer Bibi ne leur semble pas nécessaire pour le moment, et il se trouve que même ceux qui étaient en colère contre Bibi après le 7 octobre et le considéraient même comme responsable, décident quand même de voter pour lui à cause de Kaplan".

Donc du point de vue de Netanyahu, c'est bien pour lui que ces manifestations aient lieu et c'est bien pour lui que les familles soient en colère contre lui et manifestent dans la zone.

"Bien sûr. Les gens qui étaient en colère parce qu'il est devenu de gauche, parce qu'il ne promet pas de vengeance comme Ben Gvir, reviennent vers lui juste pour faire le contraire".

Alors ils font le contraire aux otages ?

"L'argument est que ce n'est plus une protestation pour la libération des otages, mais une protestation de Kaplan qui a été imposée aux familles, et dans tous les cas ils préféreront finir le travail à Gaza plutôt que de ramener les otages. Pas parce qu'ils sont de mauvaises personnes, mais parce que c'est l'ordre de priorité correct de leur point de vue, qui sert le bien commun".

Netanyahu, selon les estimations de conseillers politiques et autres, tente de restaurer sa position politique en détournant la discussion du massacre du 7 octobre vers les objectifs de la "victoire totale".

"Dans un pays où un événement chasse l'autre, le temps rend la normalisation presque possible", dit Shinkman, "les otages ne sont plus le premier sujet du journal télévisé, ils sont mentionnés en troisième ou quatrième position et parfois pas du tout. Et comme les familles insistent pour rappeler leur existence, la bataille porte sur le contexte, où les intérêts du gouvernement et des familles sont généralement totalement opposés".

Jackie Levy ajoute : "Toute discussion sur les otages rappelle la partie pogromiste de l'échec du 7 octobre, et quand vous décidez de ne pas démissionner et de ne pas prendre vos responsabilités, vous avez besoin que le discours autour de vous ne rappelle pas cette catastrophe, et donc l'expression 'familles des otages' fait partie de la campagne. Les otages n'ont pas été enlevés à cet État. Ils ont été enlevés à leurs familles. Ce qu'on appelle 'taf lek', parfois les familles ont des problèmes, et il faut faire la distinction entre les familles et l'État.

"Il y a eu ici une privatisation de la terreur et du deuil. Comme nous le disent les gens qui nous diffament le plus, 'si c'était mon frère, je brûlerais le pays, mais un État doit prendre des décisions responsables'.

Comme si ce n'était pas la responsabilité de l'État de ramener des citoyens enlevés de chez eux, et que nous seuls essayions d'introduire du découragement dans un monde de décisions soi-disant matures et rationnelles".

La compagne de Levy, Noam Dan, est la cousine de Hadas Calderon dont les enfants ont été enlevés et sont revenus dans un accord, et son ex-compagnon et père de ses enfants, Ofer Calderon, est toujours otage à Gaza. "Jusqu'à aujourd'hui, nous repoussons les affirmations selon lesquelles elle est une cousine trop éloignée pour s'en soucier", dit Levy, "cette poursuite du degré exact de parenté avec une personne est devenue une obsession chez les opposants à l'accord".

Les membres de la famille au premier degré des otages s'effondrent parfois mentalement, laissant l'action au deuxième cercle, donc cet argument vise à vous neutraliser.

"C'est vrai. J'ai suggéré à ces gens d'aller aux cérémonies de Yom HaShoah, de passer parmi les gens et de vérifier leur degré de parenté avec les victimes, peut-être qu'eux aussi profitent de l'occasion. Personne ne crie son âme pour la libération des otages parce que c'est amusant. Ce sont des gens qui n'arrivent pas à respirer depuis des mois. Certains se sentent coupables d'être en vie et que leurs enfants soient en vie, alors que leur cousine grimpe aux murs d'inquiétude pour son père resté à Gaza".

Qu'est-ce qui vous irrite d'autre dans le discours ?

"L'expression 'accord irresponsable' que Ben Gvir répète à propos de tout accord possible, y compris l'accord qui a libéré la plupart des enfants. Il nous habitue à ce qu'on ne puisse pas dire le mot accord sans y ajouter l'adjectif irresponsable. Comme si ce qui est irresponsable c'est l'accord et pas notre sécurité personnelle. Malheureusement, cette implantation de conscience est efficace.

"Aussi toutes ces fuites, des choses qui ont été dites et niées ou dont on a prétendu ensuite qu'elles avaient été sorties de leur contexte, viennent pour minimiser la douleur et dire qu'en gros ce n'est pas un problème de tout Israël, mais de la gauche parce que ce sont des mécréants qui ont soutenu le désengagement. Et puis il y a un problème avec Nova, qui comprenait une coupe transversale de toute la société israélienne. Yinon Magal a résolu cela avec la statue de Bouddha trouvée à la fête, comme s'ils y faisaient un culte païen. Il y a ici des versions très sophistiquées et cyniques de diviser pour régner".

Dès le départ, vous n'étiez pas un bloc uniforme, ce qui facilite l'enfoncement d'un coin entre vous.

"Étant donné que des gens sérieux se sont adressés aux familles et les ont averties que 'si vous dites un mot de critique contre la coalition, cela pourrait se retourner contre vous', je ne peux pas reprocher à ceux qui se forcent à être gentils et à ne faire entendre que des messages d'apaisement et de solidarité. Je n'ai non plus aucune critique envers ceux qui ont rejoint l'avion du Premier ministre (lors de sa visite aux États-Unis le mois dernier).

Tout le monde ici est suspendu entre la vie et la mort. Les gens ici n'ont pas dormi une seule nuit correctement depuis trop longtemps. Ils ont abandonné leurs vies et font de leur mieux, selon leur jugement. Ceux qui ne vont pas bien sont ceux qui ont essayé de mélanger l'esprit des familles religieuses, qui sont déjà compliquées avec le fait que leurs enfants étaient à une fête le samedi, et les ont mises en garde contre l'autorisation. Ça a fait son effet. Hamas, Bibi n'a pas réussi à le faire tomber, le quartier général des familles, il a réussi et réussi".

Maintenant les gens se permettent encore plus envers les familles.

"De plus en plus de commentateurs de droite se permettent de traiter les familles des otages comme des personnes dangereuses et incitantes. Ils ont affirmé que lorsque nous disons 'Netanyahu a abandonné les otages', c'est une incitation qui relève de la police et non de la protestation publique. Ils écrivent aussi que la police est trop douce avec nous. Douce ? Ma femme est rentrée à la maison couverte de bleus, plus d'une fois.

Noam et moi avons également déposé une plainte en diffamation contre une personne qui a écrit sur nous sur Facebook 'J'espère que des actions beaucoup plus décisives seront prises contre les collaborateurs du Hamas à part entière comme Jackie et sa compagne. Des ordures gauchistes abominables'. Pourquoi ? Qu'avons-nous fait ? À part rappeler une honte que certains veulent oublier".

"Nous au quartier général ne sommes pas intéressés par le changement de gouvernement"

Le mélange avec Kaplan qui revient encore et encore vient du fait qu'une partie plus militante parmi les familles parle le samedi soir depuis le pont Ayalon, à deux minutes du carrefour Kaplan où se tient la manifestation hebdomadaire pour renverser le gouvernement. Le quartier général des familles reste sur la place des Otages qui se trouve près du musée de Tel Aviv, à environ dix minutes à pied de ces deux points focaux. Pour qui ne connaît pas, tout a l'air pareil. Et même ceux qui connaissent glissent facilement entre les trois endroits.

Udi Goren, le cousin de Tal Haimi, qui a été assassiné le 7 octobre et dont le corps est détenu à Gaza, dit à Shomrim : "Nous essayons de maintenir une séparation entre les points focaux, car les orateurs et les messages sont différents. Nous au quartier général ne sommes pas intéressés par le changement de gouvernement, c'est le gouvernement actuel et c'est avec lui que nous travaillons. Nous n'avons pas le temps de nous occuper d'autre chose".

Peut-être aurait-il été juste de changer de jour ou d'éloigner l'emplacement ?

"Ce n'est pas simple, car l'emplacement est devenu iconique. Je suis d'accord qu'il y a un chevauchement entre les publics, et il sera difficile de faire sortir les gens de chez eux deux fois par semaine, surtout ceux qui ne vivent pas à proximité".

Gil Dickmann, le cousin de l'otage Carmel Gat, estime que cela n'aurait probablement rien changé. "Dès que nous avons commencé à faire pression pour obtenir un accord, les spins ont commencé à nous présenter comme des 'familles Kaplan', dans le but de saper notre légitimité et de nous présenter comme ceux qui empêchent Tsahal de gagner. Comme si le bien des otages allait à l'encontre du bien de l'État, et ne le complétait pas".

[-] NuclearPlatypus@jlai.lu 1 points 2 months ago* (last edited 2 months ago)

Voici quelques-unes des choses que les familles des otages entendent chaque jour dans la rue et de la part des politiciens : "C'est bien qu'ils aient tué vos enfants", "J'espère que vous et votre fille mourrez à Gaza", "Vous détruisez le pays". Shomrim examine dix mois d'israélisme toxique, son impact sur un accord et qui cela sert politiquement. Un rapport spécial en ces jours cruciaux pour la vie des otages.

La stigmatisation des familles des otages comme ennemies du peuple n'est pas nouvelle. Dès novembre, Shomrim avait largement couvert les premières gouttes qui sont depuis devenues une attaque généralisée.

En effet, lorsqu'on leur demande quand les insultes et les crachats à leur encontre ont commencé, les familles remontent aux premiers jours après le massacre du 7 octobre, lorsque Avichai Brodetz de Kfar Aza a installé une chaise devant le Kirya (quartier général de l'armée) et a entraîné d'autres familles d'otages avec lui. Avec eux sont arrivés les cris de mépris, les bousculades et les insultes.

Eli Albag, le père de Liri l'observatrice qui a été enlevée, a été attaqué par un homme à scooter qui lui a dit : "Vous êtes des traîtres de gauche, un danger pour Israël. J'espère que vous et votre fille mourrez à Gaza". À l'époque, l'agresseur avait été arrêté et le public choqué, aujourd'hui de tels incidents sont monnaie courante sur les réseaux sociaux et dans la rue.

Il y a seulement trois mois, Gadi Kedem, dont la fille, le gendre et leurs trois enfants ont été assassinés le 7 octobre, a été transporté à l'hôpital après avoir été attaqué par deux militants de droite qui ont crié à sa femme Rauma : "Traîtres, c'est bien qu'ils aient tué vos enfants. Gauchiste, traîtresse, pute". Le même soir, selon des informations, Avi Marciano, le père de Noa, une observatrice assassinée en captivité, aurait également été attaqué.

Ce sont des cas extrêmes, mais comme le souligne tristement le journaliste Jackie Levy, dont la femme Noam Dan est une parente de la famille Dan-Calderon de Nir Oz : "Vous ne trouverez pas un membre de la famille d'un otage qui s'est tenu dans la rue avec une photo de son proche et qui n'a pas reçu des insultes qui lui ont ôté l'envie de vivre. On nous a dit que nous ne voulions pas vraiment que les otages soient libérés, et que nous utilisions cette terrible tragédie pour réaliser des désirs politiques".

Les injures ont également atteint les otages libérés.

Adina Moshe a raconté en pleurant comment "nous nous tenions au carrefour, juste les otages qui étaient rentrés, et un conducteur nous a fait un doigt d'honneur en disant 'Salopes, dommage qu'on vous ait libérées'". Yagil Yaakov, 13 ans, a raconté cette semaine sur Instagram les réactions qu'il a reçues sur les réseaux sociaux comme "Pourquoi es-tu revenu" et "J'espère que tu as été tué à Gaza avec tous les autres enfants".

Au-delà de la cruauté et de l'insensibilité criminelle envers les victimes de cette terrible catastrophe, ceux qui s'opposent aux familles qui demandent le retour de leurs proches voient apparemment en elles un obstacle à la "victoire totale" - ce slogan creux que même le ministre de la Défense Gallant a qualifié de "balivernes". L'examen des déclarations faites à l'encontre des familles des otages au fil du temps révèle une observation intéressante.

Au fur et à mesure que les mois passaient, les attaques ont cessé d'être uniquement des phénomènes marginaux somnambules de l'extrême droite. Même des membres de la coalition, qui n'avaient pas fait preuve de beaucoup de sensibilité envers les familles des otages auparavant, ont commencé à s'en prendre à elles, ou comme le dit la conseillère en communication Tami Shinkman qui accompagne certaines des familles, "ils ont commencé à manifester une indifférence gouvernementale envers des valeurs comme la solidarité et la responsabilité mutuelle".

Que s'est-il passé pour que ces membres de la coalition changent d'attitude et manifestent de l'aliénation envers des familles brisées qui dépendent de leurs décisions ? Pourquoi Netanyahu s'est-il permis de dire en juillet lors d'une réunion du cabinet que "les otages souffrent, mais ils ne meurent pas", sachant que non seulement ce n'était pas vrai factuellement, mais aussi qu'une déclaration aussi provocatrice pouvait fuiter ? Et pourquoi sa femme s'est-elle permise, selon un rapport de N12, de dire à une députée de l'opposition "Tu as vu combien d'otages nous avons libérés et ils ne nous ont même pas dit merci ?" (Netanyahu a nié avoir dit cela).

L'étalage des cas suggère qu'il ne s'agit pas d'une coïncidence.

Le groupe parlementaire du Likoud, à ce jour, interdit aux familles des otages de présenter leur cas devant lui, comme le permettent d'autres groupes à la Knesset. La députée Tali Gottlieb (Likoud) a lancé à Einav Tzangauker, la mère de Matan qui a été enlevé à Gaza, que "votre protestation détruit le pays", le garde du corps du ministre Amichai Chikli (Likoud) a arraché des rubans jaunes qui avaient été accrochés près de sa maison. Et le président de la Knesset Amir Ohana (Likoud) a interdit à Danny Elgart, dont le frère Itzik est otage, d'entrer à la Knesset "par crainte de troubles à l'ordre public". Cela après qu'Elgart ait fait irruption la veille dans la commission des lois contre un membre de la famille d'un autre otage, qui avait déclaré que "l'accord est irresponsable et ne doit pas passer". Elgart a dit au président de la commission, le député Simcha Rotman : "Vous avez amené du renfort de la maison", et celui-ci a répondu : "Chez nous, on n'interrompt pas les familles des otages", et a demandé à faire sortir Elgart, qui s'est barricadé dans la pièce et a été expulsé de force par les huissiers.

Lors d'une autre discussion, Rotman a fait sortir Ayala Metzger (la belle-fille de Yoram qui a été tué en captivité), qui était en colère contre la mainmise du représentant du Forum Tikva, Zvika Mor dont le fils Eitan est otage, sur le temps alloué aux familles du quartier général. Mor a consacré le temps à expliquer pourquoi selon le livre des Nombres il est interdit d'accepter un accord sur les otages.

Ce même Rotman, d'ailleurs, a expliqué dans une interview à Kan qu'il n'avait pas vu les photos des observatrices en captivité du Hamas à Gaza, car "il n'avait pas le temps" et qu'il en avait assez vu au camp Shura. Le président de son parti, le ministre Bezalel Smotrich, a refusé de regarder la vidéo des observatrices et a dit à ses collègues, selon un rapport de YNET, "Vous ne voulez vraiment pas bien dormir la nuit ?". Une déclaration qui est en forte concurrence avec la colère suscitée par ses propos en commission des finances lorsqu'il a expliqué aux familles qu'il ne pourrait pas soutenir un accord, car c'est comme "si Sinwar demandait que nous lui livrions vingt habitants de la zone frontalière pour chaque otage vivant afin qu'il puisse les tuer... Nous ne nous suiciderons pas collectivement".

Ce n'est pas seulement chez Rotman que cela se produit. Si au début de leur parcours à la Knesset, les familles des otages, y compris les plus émotionnelles, étaient traitées avec respect lorsqu'elles venaient rappeler leur douleur au début des discussions des commissions, ces jours sont révolus.

Le président de la commission des requêtes publiques, Yitzhak Pindrus (Judaïsme unifié de la Torah), a dit à Esther Buchshtab, la mère de Yagev (alors qu'on ne savait pas encore qu'il était mort en captivité) "Allez, il y a ici des familles endeuillées (contrairement à elle à l'époque), vous voulez faire de la politique, renverser Bibi ? Ce n'est pas la chaîne 2 ici".

Le député Nissim Vaturi (Likoud) a poussé des membres de familles qui l'ont approché dans les couloirs de la Knesset au sujet de son opposition à l'accord, tandis que son assistante essayait d'arracher le téléphone portable d'un membre de la famille qui filmait le dialogue. Et même Tzachi Hanegbi, membre du Likoud et nommé par Netanyahu à son poste de président du Conseil de sécurité nationale, s'est permis de se moquer des filles de familles d'otages. "Bon, alors allez-y, insultez-moi", a-t-il dit à l'une d'entre elles fin mai. Et après qu'elle soit sortie de la pièce en pleurant, il a dit à une autre participante qui s'est levée en colère : "Vous allez aussi faire un drame et claquer la porte derrière vous ?".

L'étalement de ces cas suggère qu'il ne s'agit pas d'une coïncidence. Le groupe parlementaire du Likoud, à ce jour, interdit aux familles des otages de présenter leur cas devant lui, comme le permettent d'autres groupes à la Knesset. Une grande partie des personnes mentionnées ici n'ont jamais été étatiques, mais cette collection de cas montre qu'elles se permettent davantage. Ont-elles compris que ces affrontements leur profitent face à un électorat de base que la guerre pousse de plus en plus à droite ? Le porte-parole du Likoud Levy a dit dans cette conversation enregistrée que "il est sous-entendu que les familles des otages sont contre lui, et alors il y a une réaction de son public".

De ces paroles, on peut aussi comprendre que les attaques contre les familles des otages ont un but politique - créer une identification avec Netanyahu.

Ce n'est pas pour rien que plusieurs membres des familles ont dit à Shomrim qu'"il y a d'autres ministres qui ont exprimé leur volonté de soutenir un accord, mais ils ne le déclarent pas, car ils ne veulent pas s'attirer des ennuis politiques avec leur public, jusqu'au moment où ils seront vraiment obligés".

[-] NuclearPlatypus@jlai.lu 2 points 2 months ago

Récit de l’action en soutien au peuple palestinien et dénonciation du génocide en cours + dispositif de répression hors norme lors du match de foot Israël-Japon (JO de Paris 2024)

Bon on sort du stade pour le match Israël Japon pour dénoncer le génocide en Palestine et le niveau de répression était ahurissant, au point d'être interpelé.e.s et suivi.e.s par la BAC du stade au centre-ville

4 contrôles et fouilles 👉 On a été isolé.e.s et empêché.e.s de rentrer à l'intérieur du stade malgré nos places par une vingtaines de GM pour qu'on assiste pas au début du match 👉 On a été escorté.e.s pour nous placer à des places qui n'étaient pas les nôtres

Une cinquantaine de GM et police en jogging au dessus de nous le temps de notre présence 👉 Escorte pour ressortir 👉 Et la BAC pour bien clôturer le tout

Bonus avec un flic qui portait un écusson French Viking et un autre révisionniste qui a dit que le nazisme était socialiste et que la police n'avait pas collaboré.

https://x.com/benecologie/status/1818382913127563364

[-] NuclearPlatypus@jlai.lu 2 points 3 months ago* (last edited 3 months ago)

Même pas forcément la DGSI. Les fiches S (qui font partie du FPR, il y a 21 catégories, pas que la S, qui a elle-même plusieurs sous-catégories) sont alimentées par des notes blanches du RT (renseignement territorial), la DRPP, la SDAT et d'autres services comme la BIVP...

C'est interconnecté avec d'autres fichiers comme le TAJ, PASP, etc

###Identification civile et policière

TES, Titres électroniques sécurisés (biométriques) : fichiers des cartes d’identité et des passeports ; SNPC : fichier des permis de conduire FAED, le fichier de signalétique (empreintes digitales et photographies du visage) et FNAEG, celui des prélèvements biologiques. Reliés au TAJ. Partage possible au sein des pays de l’UE Fichiers de transports aériens comme APIS-PNR

###Activités et procédures policières

TAJ, traitement des antécédents judiciaires, (commun police et gendarmerie), gardés à vue, victimes et témoins ; relié aux FAED et FNAEG, comme au FPR FPR, personnes recherchées : outil de police judiciaire et administrative. Recherches selon des catégories décrites par une lettre (M, mineurs en fugue, V, évadés de prison, CJ, contrôles judiciaires, I, interdits de territoire, S, sûreté de l’État, etc.) ; la fiche S comprend plusieurs sous-sections (mouvances du radicalisme politique ou religieux) ; relié aux bases du renseignement (PASP, GIPASP, ACCRED, GEPRED…) et au fichier supranational Système Schengen (SIS-II) ; Fichiers de procédures: MCI (main courante informatisée), iGAV (gestion gardes à vue), logiciels de rédaction des procédures LRPGN pour la GN, SCRIBE pour la PN ; Autres outils d’identification : GASPARD-NG (signalements et photographies anthropométriques) ; LUPIN (uniformisation des procédures d’identification), utilisé par la police scientifique ;

###Police politique, renseignement

Renseignement intérieur : PASP/EASPGIPASP (police nationale) ; GEPRED (services du renseignement territorial, ex-RG) ; CRISTINA et autres fichiers secrets de la DGSI ; ces services alimentent la section S du FPR Fichiers secrets du renseignement extérieur et militaire (DGSE, DRM, DRSD, et DNRED pour les douanes) ACCReD : Automatisation de la consultation centralisée de renseignements et de données : dresse les profils de personnes habilitées à exercer en “milieu sensible”, croisement de 9 fichiers de police ou de renseignement (FPR, TAJ, EASP/PASP, GIPASP, FSPRT, CRISTINA…) Repérage de la « radicalisation » : FSPRT (signalements pour la prévention de la radicalisation terroriste) ; GESTEREXT (gestion du terrorisme et des extrémismes violents, géré par la PP de Paris) ; CAR (fichier du renseignement pénitentiaire) ; ASTREE (suivi des jeunes mineurs en voie de radicalisation, géré par la PJJ); FIMPAT (mesures de police administrative / prévention des actes terroristes)

###Nouveaux venus dans la nébuleuse

Gendnotes : application mobile de la gendarmerie pour automatiser les contrôles d’identité en croisant les fichiers FPR, ADGREF, TAJ, SNPC (permis de conduire) ; DataJust : expérience d’automatisation (par algorithme) de procédures d’indemnisation des préjudices corporels ; F2CO : fichier central de la criminalité organisée, remplacé celui des brigades spécialisées (FBS) de la police nationale ; ADOC : fichier des contraventions (code de la route), détourné pour ficher les contrevenants au confinement Covid comme aux usagers de stups mis à l’amende ; SI-VIC : système d’information des victimes, utilisé en cas de situation exceptionnelle, détourné dans les hôpitaux comme instrument de délation des manifestant·es blessé·es ; AEM : fichier biométrique du dispositif “Appui à l’évaluation de la minorité”, qui fragilise encore plus la prise en charge des jeunes migrant-e-s.

Début décembre 2020, en plein débat sur la loi « sécurité globale », des décrets ont été publiés pour modifier trois des principaux fichiers du renseignement politique, ceux tirés des entrailles des Renseignements généraux : PASP (Prévention des atteintes à la sécurité publique), GIPASP (son équivalent pour la gendarmerie), ainsi qu’un fichier destiné aux enquêtes administratives (EASP).

Le type d’informations pouvant être collectées a été élargi à des notions plus floues (« opinions politiques, philosophiques, religieuses ou syndicales », au lieu de simples « activités » déclarées), il sera possible d’y inclure des données de santé censées « révéler une dangerosité particulière » (sur constats policiers et non médicaux), alors que l’idée est aussi de répertorier sur des personnes des « habitudes de vie » en scannant leurs activités en ligne sur les réseaux sociaux. Désormais, n’importe quel groupe ou mouvance susceptible de créer des troubles à la tranquillité publique peut avoir sa petite fiche. Et n’importe qui « entretenant ou ayant entretenu des relations directes et non fortuites » avec de tels groupes peut aussi se retrouver agrafé au tableau de chasse.

À cette occasion, beaucoup ont découvert que la police — quel scandale ! — pouvait détenir de telles informations sur des gens seulement « suspectées », sans avoir à énumérer d’éléments matériels établis, encore moins de faits jugés ou condamnés. Et oui, ça s’appelle du renseignement ! La réforme de 2020 n’est rien d’autre qu’un retour aux sources du fichier EDVIGE d’origine, créé sous Sarkozy en 2008 quand il a décidé de dissoudre les RG et de rebaptiser la DST (devenue DGSI). Entre-temps, le fantôme des RG a refait surface : en 2014, la direction de la police nationale a décidé de créer le Service Central du Renseignement Territorial, qui regroupe donc les différentes directions départementales des ex-RG. Et comme chaque service se doit d’avoir son fichier perso, dans la foulée a été créé GEDRET, pour « Gestion électronique des documents du renseignement territorial », qui mouline les infos glanées par chaque bureau local pour les mettre à disposition des hauts gradés de cette basse police administrative.

Nul doute que GEDRET communique avec les autres canalisations de la police politique, PASP et GIPASP, comme avec la DGSI, chargé des anciennes attributions de la DST, qui gère jalousement son fichier CRISTINA (non déclaré, comme une douzaine d’autres). De nouvelles interconnexions s’établissent tout naturellement entre toutes ces cuisines de la tambouille policière selon le climat politico-sécuritaire. D’autant que les rejetons d’EDVIGE, rectifiés en décembre 2020, n’ont plus seulement comme mission de surveiller les « atteintes à la sécurité publique » mais aussi ce qui touche à la notion plus martiale de « sûreté de l’État », prérogative pourtant déjà assurée par la DGSI. Ces cuisines ont en tous cas les mêmes égouts.

En réalité, les ingrédients sont les mêmes, à savoir des données récoltées à la façon des fameuses « notes blanches » (que l’on retrouve aussi de manière synthétique dans les fiches S du FPR), des documents non datés ni signés censés décrire le comportement déviant ou subversif d’une personne ou d’un groupe, ramassis de lieux communs et/ou de fantasmes policiers colportés par une armée de barbouzes et leurs indics. Mis à part la dimension technique, rien n’a finalement changé depuis les « cabinets noirs » des derniers rois de France, il y avait le même genre d’inepties dans les registres secrets tenus par Fouché — perfide ministre de la police qui a sévi sous la république et sous l’Empire —, comme dans ceux de tous les premiers flics de France qui lui ont succédé.

https://desarmons.net/2021/05/04/ficher-pour-mieux-regner/

[-] NuclearPlatypus@jlai.lu 1 points 3 months ago

"Toutes les catastrophes que j'ai vues, 40 voyages missionnaires, 30 ans... tout cela combiné n'égale pas le niveau de carnage que j'ai vu contre les civils juste pendant ma première semaine à Gaza".

Mark Perlmutter, chirurgien américain

[-] NuclearPlatypus@jlai.lu 2 points 3 months ago* (last edited 3 months ago)

En août dernier, c'était un ancien commandant de la force Al Qods, unité d'élite de l'IRGC, qui s'était rendu à Paris pour les JO. Cette unité a joué un rôle clé dans la répression des manifestations iraniennes en 2022-2023

https://www.ouest-france.fr/jeux-olympiques/le-president-iranien-du-comite-national-paralympique-2024-vise-par-une-plainte-pour-torture-a-paris-1ce1303e-459f-11ee-a014-fc15152f6424

[-] NuclearPlatypus@jlai.lu 2 points 3 months ago

Muhammed, qui était 'comme un enfant d'un an', a été séparé de sa famille après qu'un chien israélien l'a mutilé. Son corps en décomposition a été retrouvé une semaine plus tard

12 juillet 2024 par Maha Hussaini

Note de l'éditeur : Cet article contient des détails et des images qui peuvent déranger certains lecteurs.

Des cris désespérés alors qu'il luttait pour se libérer d'un chien de combat lâché par des soldats israéliens.

C'est la dernière image que Nabila Ahmed Bhar garde de son fils Muhammed, 24 ans, atteint de trisomie 21.

La famille palestinienne se cachait dans leur maison du quartier de Shujaiya, à l'est de Gaza City, lorsque les troupes israéliennes l'ont envahie, a raconté Bhar à Middle East Eye.

Les chiens ont été envoyés en premier et ont attaqué Muhammed, commençant à le mutiler.

Les soldats ont ensuite expulsé tout le monde de la maison, à l'exception de Muhammed, qui a été emmené dans une pièce séparée.

Incapable de le voir, Bhar ne pouvait deviner son sort que par les cris alors qu'elle était forcée de quitter la zone sous la menace d'une arme.

"Je ne peux pas supporter de penser à ce qu'ils lui ont fait, ou comment ils l'ont laissé mourir ainsi"

  • Nabila Ahmed Bhar, mère de Muhammed

Sept jours d'attente agonisante se sont écoulés avant que les troupes israéliennes se retirent enfin de Shujaiya.

La famille s'est précipitée vers l'appartement mercredi. Ils ont trouvé le corps en décomposition de Muhammed avec des vers mangeant son visage.

"Je ne peux pas arrêter de penser à ses cris et à l'image de lui essayant de se libérer," a dit Bhar.

La trisomie 21 de Muhammed était sévère, a-t-elle expliqué. Son développement mental "était au niveau d'un bébé" selon elle.

"Muhammed était très innocent. Il ne pouvait rien comprendre… Il ne comprenait rien.
Il était comme un enfant d'un an. Je devais le nourrir et changer sa couche.
"Je ne peux pas supporter de penser à ce qu'ils lui ont fait, ou comment ils l'ont laissé mourir ainsi."

'Il n'y a pas de Muhammed'

Les troupes israéliennes ont envahi Shujaiya sous couvert de frappes aériennes lourdes le 27 juin.

Pendant deux semaines, ils ont continuellement bombardé la zone densément peuplée, envahi des maisons et expulsé des dizaines de milliers de personnes.

De nombreuses familles étaient piégées dans leurs maisons, comme celle de Bhar.

La femme de 71 ans a raconté à MEE que la famille a été assiégée pendant une semaine avant que les troupes israéliennes ne l'envahissent.

Il y avait 16 personnes à l'intérieur, y compris les deux fils de Bhar, leurs épouses et enfants.

Les enfants se cachaient dans la baignoire pour se protéger des tirs israéliens intenses.

Mais Muhammed, qui était lourd et refusait souvent de bouger, a été gardé dans le coin le plus sûr du salon que la famille pouvait trouver.

"Avant ce récent déplacement, nous avions été déplacés au moins cinq autres fois, et il ne comprenait pas où nous allions," a-t-elle expliqué.
"Parce qu'il était obèse, il se fatiguait et s'asseyait tous les quelques pas."

Lorsque les troupes israéliennes sont arrivées, elles ont d'abord lâché leur chien, qui a immédiatement sauté sur Muhammed.

"Le chien a mordu sa poitrine, puis a commencé à mordre et mutiler son bras. Muhammed criait et essayait de se libérer alors que le sang coulait," se souvient Bhar.
"Muhammed ne pouvait pas parler ni dire un mot, mais sous l'effet de la terreur, il criait aux chiens, disant parfois 'wala, wala' [hé toi], et parfois 'Khalas ya habibi' [assez, mon cher].
"Je ne sais pas comment il a prononcé ces mots ; nous ne l'avions jamais entendu parler auparavant."

Quand les soldats sont entrés, Bhar a supplié de retirer le chien de son fils en essayant d'expliquer qu'il était handicapé.

"Je pouvais entendre Muhammed gémir de douleur"

  • Nabila Ahmed Bhar, mère de Muhammed

Ils ont finalement obéi, mais ont emmené Muhammed dans une pièce séparée de tout le monde.

"J'ai dit au soldat 'Laissez Muhammed venir ici' mais il m'a répondu 'Non, nous allons le soigner'," a dit Bhar.

Quand elle l'a entendu crier pour de l'eau des heures plus tard, elle a demandé au soldat de lui en apporter.

Mais le soldat a répondu qu'il y avait une "eau spécifique pour lui".

"Je pouvais entendre Muhammed gémir de douleur. De temps en temps, ils ouvraient la porte, le regardaient, et disaient 'Oskot' [reste silencieux en arabe], puis la refermaient," a dit Bhar.
"Les soldats se faisaient alors des gestes entre eux. Un médecin qui était avec eux est entré dans la pièce, et Muhammed est soudainement devenu silencieux."

Bhar suggère que le médecin lui a injecté un sédatif, mais elle ne pouvait ni le voir ni l'entendre après cela.

"J'ai demandé au soldat, 'Où est Muhammed ?' Il m'a répondu, 'Muhammed est parti.' J'ai demandé encore, 'Parti où ?' Il a répondu, 'Il est parti. Il n'y a pas de Muhammed," a-t-elle raconté à MEE.

La famille a ensuite été forcée de quitter la maison et de se diriger vers l'ouest de Gaza City, laissant Muhammed derrière.

###Corps en décomposition

La famille a contacté la Croix-Rouge quotidiennement pendant les sept jours suivants, suppliant pour la libération ou le traitement médical de Muhammed. La Croix-Rouge leur a dit que l'armée israélienne ne coopérait pas.

Jebril, le frère aîné de Muhammed, a été le premier à retourner à la maison après le retrait des troupes israéliennes plus tôt cette semaine.

Quand il est entré dans la pièce où Muhammed était retenu, il l'a vue couverte de sang et de fluides s'échappant de son corps alors qu'il commençait à se décomposer.

"Il était allongé sur le ventre, son corps avait pourri et des vers avaient commencé à manger son visage," a raconté Jebril, 43 ans, à MEE.

Un garrot avait été mis sur son bras gauche blessé, probablement pour arrêter le saignement, a-t-il ajouté.

"D'après l'état de son corps, il était évident qu'il était mort plusieurs jours auparavant."

MEE a obtenu des images du corps mais n'a pas pu les publier en raison de leur nature extrêmement graphique.

Depuis le début de son invasion terrestre de Gaza, l'armée israélienne utilise systématiquement des chiens de combat pour fouiller les bâtiments, y compris les hôpitaux.

Dans de nombreux cas, les chiens ont été autorisés à attaquer et mutiler des civils.

Le mois dernier, Al Jazeera a publié des images fuitées d'une caméra attachée à un chien militaire israélien, montrant celui-ci mordre et traîner une femme palestinienne âgée dans sa maison.

Avec les hôpitaux de Gaza ne fonctionnant pas et les routes dévastées par les bombardements israéliens, Jebril a dit qu'il ne pouvait pas appeler une ambulance ni transporter le corps de Muhammed à un cimetière.

Il n'était même pas possible d'enregistrer sa mort, a-t-il dit à MEE.

"J'ai dû l'enterrer près de la maison," a-t-il dit.
"Il y a environ un mètre d'espace entre notre maison et celle de mon oncle.
"C'est là que j'ai enterré Muhammed."

view more: ‹ prev next ›

NuclearPlatypus

joined 10 months ago
MODERATOR OF