[-] Klaq@jlai.lu 5 points 2 months ago* (last edited 2 months ago)

Ils s'en battent les reins. Ils répandent des phytos illégaux à proximité des travailleurs qui sont dans la rangée juste à côté. Le milieu viticole, pseudo-vitrine de notre pays, est une véritable catastrophe.

Je te passe les situations d'esclavagisme dans le sud ouest où même si ça vote RN l'esclavagisme existe encore : https://www.20minutes.fr/societe/4058377-20231025-gironde-travaillais-vignes-toute-journee-faisais-menage-temoigne-victime-esclavage

Tu peux aussi trouver des bidonvilles en Champagne, des baraquements de personnes en provenance de Roumanie. Etc. Les propriétés valent des millions, c'est Dallas le truc.

[-] Klaq@jlai.lu 5 points 2 months ago

127 désistements de gauche contre 81 désistements centristes, les calculs sont pas bons Kevin.

On reste dans la logique d'un Macron mauvais joueur. En plus d'ouvrir un jeu politique dangereux, il en refuse les règles en tablant sur le fait que la tournure de la partie ne plaît plus à certains joueurs. Le vilain petit garnement.

[-] Klaq@jlai.lu 5 points 2 months ago

L'échange

Réélu de justesse, dimanche 7 juillet, dans la 1re circonscription de la Somme face au Rassemblement national (RN), le député François Ruffin pose un regard critique sur La France insoumise (LFI), la formation politique qu’il a quittée avant le second tour des élections législatives. Appelant à ne pas opposer « la France des bourgs et [celle] des tours », il accuse son ancien parti d’avoir sciemment abandonné les campagnes populaires et les terres ouvrières, pour se concentrer uniquement sur la jeunesse et les quartiers.

Comment analysez-vous les résultats des législatives. Est-ce vraiment une victoire de la gauche ? Au soir des élections européennes, le 9 juin, la gauche était en miettes, le moral dans les chaussettes. Qu’avec un « Soyez unis », un « Front populaire », on parvienne en quatre semaines à rallumer la lumière, c’est un espoir. Mais, au risque de jouer le rabat-joie, je dis : « Attention, c’est un sursis. » Il y a un effet trompe-l’œil. Le mode d’élection, les institutions ont contenu la poussée du RN, mais la vague est puissante.

Ma Picardie a élu treize députés d’extrême droite sur dix-sept, c’est pire dans le Pas-de-Calais. Et 57 % des ouvriers ont voté pour le RN dès le premier tour. Perdre les ouvriers, c’est très grave pour la gauche : ce n’est pas seulement perdre des voix, c’est aussi perdre son âme. Et, dans ma circonscription aussi, il faut l’énoncer avec lucidité, je recule de 8 points en deux ans.

Cette difficulté, je l’avais identifiée dès 2022, dans mon livre Je vous écris du front de la Somme [Les Liens qui libèrent]. La gauche souffrait de trois « trous » : un trou géographique, la France des bourgs ; un trou démographique, les personnes âgées ; un trou social, les salariés modestes. Mais cette alerte n’a servi à rien. La situation a empiré, et même basculé.

Comment avez-vous vécu la campagne ? Dans la douleur. D’un côté, il y avait la force d’attraction du RN : en face de moi, le candidat, c’était Jordan Bardella. Pour bien des gens, Marine Le Pen et lui incarnent le changement. Et, de l’autre côté, une force de répulsion. Pendant trois semaines, nous avons porté notre croix, un sac à dos rempli de pierres, on s’est heurtés à un mur, à un nom : « Mélenchon, Mélenchon, Mélenchon. » Avec le profil de la gauche, de LFI, ces deux dernières années, je savais qu’on perdait du terrain. Mais je pensais que ma figure, localement, servirait de paratonnerr

Eh bien non, cela ne suffit pas, ni à Sébastien Jumel [député sortant communiste (PCF), qui s’est incliné en Seine-Maritime], ni à Fabien Roussel [secrétaire national du PCF, qui a perdu dans le Nord], ni à d’autres. C’était presque comique : les gens me disaient « on adore tes discours, c’est formidable », « attends, j’appelle ma femme, on va faire un selfie », et à la fin, contre Macron et Mélenchon, ils votaient Bardella !

Vous avez annoncé quitter LFI juste avant le second tour. Pourquoi si tard, alors que vous étiez déjà en désaccord avec Jean-Luc Mélenchon ? Parce que j’avais porté le Front populaire, l’unité de la gauche, je me devais de les préserver. Mais, avec Jean-Luc à la télé tous les deux jours, ça nous étranglait. Même tard, il fallait que je coupe la corde pour pouvoir respirer. Et dès cet instant ça a tout changé, ça nous a libérés, on a regagné des voix par centaines.

La gauche a donc failli dans les zones d’expansion du RN ? Elle a fait le choix de l’abandon. En 2022, alors que l’Assemblée nationale accueillait 89 députés RN, Jean-Luc Mélenchon déclarait, texto : « De toute façon, ces terres-là n’ont jamais accepté la démocratie et la République. » Ça m’a stupéfié. Car quels sont ces endroits ? Le Pas-de-Calais, la Picardie, le Midi rouge, qui pendant un siècle ont envoyé des députés communistes et socialistes dans l’Hémicycle.

Du coup, très inquiet, je sors un petit livre, j’interroge : « Les bastions comme les miens, on en fait quoi ? On les renforce, ou on les abandonne ? » Ça n’a pas suscité de débat, seulement des attaques, comme quoi j’étais un « adversaire des quartiers populaires ». Pas du tout : je veux additionner, pas soustraire ! Il faut réconcilier, pas opposer, montrer l’immense commun entre la France des bourgs et des tours. Pour des raisons morales, évidentes. Mais surtout pour des raisons électorales : on ne gagnera pas sans.

L’année d’après, [Julia] Cagé et [Thomas] Piketty, dans leur ouvrage paru au Seuil [Une histoire du conflit politique], invitent à la même chose : « La gauche doit retrouver le chemin des campagnes populaires. » Là, les cadres de LFI clarifient : c’est non ; ils misent tout sur les quartiers et la jeunesse diplômée. Tant mieux, il nous les faut. Mais les autres ?

Désormais, dans les textes de Jean-Luc Mélenchon, c’est « la nouvelle France », qui s’oppose sans doute à « la vieille France »… Depuis deux ans, LFI, c’est la stratégie [du think tank] Terra Nova avec le ton du Nouveau Parti anticapitaliste.

Voilà la ligne : se renforcer là où on est déjà forts, quitte à s’affaiblir là où on est déjà faibles… Donc, dans les quartiers, on a des députés LFI élus dès le premier tour. Bravo ! Ce sont les cadres du mouvement, qui ont hérité des meilleures circonscriptions, où la gauche fait 70 %, qui n’ont pas à mener de bagarre pour leurs sièges, et encore moins contre le RN. Et ce sont eux qui, depuis Paris, l’Ile-de-France, les grandes métropoles, édictent une stratégie perdante pour le reste du pays ! Merci !

A l’inverse, les « insoumis » vous accusent de passer sous silence le racisme sous-jacent du vote RN. Que leur répondez-vous ? Lutter contre le racisme, c’est pour moi une bataille de tous les jours, pas théorique. C’est mon laïus, mille fois répété : « Devant la justice, la police, la santé, l’éducation, qu’importe notre religion, notre couleur de peau, nous devons être tous et toutes égaux. »

Et, sur l’immigration, mon refrain quotidien : « La France doit intégrer comme elle l’a toujours fait : par la langue, par la formation, par le travail. » C’est une bagarre menée à bras-le-corps, pour que revienne l’envie de faire France ensemble.

Qui doit gouverner le pays, alors que le Nouveau Front populaire (NFP) a une très faible majorité relative ? Le président de la République a assez maltraité les institutions. Il doit permettre à la gauche de gouverner, en nommant un premier ministre issu de nos rangs. Et en demandant à ses députés macronistes de ne pas pratiquer, à l’Assemblée nationale, une opposition de principe. Il faudra ensuite des coalitions sur les textes. Mais je pose cet avertissement : il ne faudra pas gouverner comme l’a fait le chef de l’Etat ces deux dernières années, avec arrogance et toute-puissance. Il faudra le faire avec respect pour les Français, avec tendresse même. On doit prendre soin des gens pour prendre soin de la République.

Le secrétaire général de Renaissance et ministre des affaires étrangères, Stéphane Séjourné, dit que le NFP ne peut pas s’abstraire des règles démocratiques. Qu’en pensez-vous ? Par dignité, ces personnes devraient se taire : nous sommes au bord du ravin, parce que lui et les siens ont brutalisé le pays, plutôt que de l’apaiser.

Où allez-vous siéger maintenant, et souhaitez-vous être premier ministre ? Je souhaite un groupe trait d’union ; un groupe qui rassemble les communistes, les écologistes, les élus du parti Génération.s et nous.

Quant au poste de premier ministre ? Ce n’est pas le sujet. J’ai un rôle à jouer ailleurs. Le NFP doit vivre dans la société. Il nous faut désormais une force, un parti, une coopérative politique, j’en ignore la forme exacte, mais qui porte une gauche populaire qui nous a manqué, une gauche de la décence et du bon sens, une gauche généreuse et joyeuse. Une gauche qui transforme la colère en espérance.

Et pour la suite, Jean-Luc Mélenchon n’est-il pas un frein ? Bien sûr. Jean-Luc Mélenchon a remis la gauche sur ses deux jambes, et il l’a fait avancer. Mais quelle trace veut-il laisser dans l’histoire ?

[-] Klaq@jlai.lu 5 points 2 months ago

Bonjour à tout le monde, aujourd'hui c'est un grand jour : tout simplement parce que je me suis levé putain de tôt ça va être tellement long rolala.

Courage à touste !

[-] Klaq@jlai.lu 5 points 2 months ago

Un tempo de retard Peu importe la souffrance personnelle, rien ne serait pire que « le déshonneur », fait-on valoir dans l’entourage de Gabriel Attal. Mais le trouble saisit les proches du premier ministre lorsqu’ils découvrent que certains candidats ont été contactés par les équipes de l’Elysée, et parfois par le chef de l’Etat lui-même, pour leur demander de se tenir à l’écart de ce front républicain naissant. « Il y a un chemin. Tu te maintiens ? », demande Emmanuel Macron à un député sortant, prêt à se désister. « Le RN est trop haut, il va gagner quoi qu’il en soit », répond celui-ci. « Toi, tu te maintiens ou pas », insiste Emmanuel Macron, comme s’il ignorait la réponse de l’élu.

Le président et ses proches s’interrogent : faut-il faire barrage au RN à tout prix ? Si front républicain il y a, « il faudra délimiter le périmètre », glisse Brigitte Macron. « Faites attention à ne pas créer l’effet inverse », dit-elle en imaginant mal des électeurs de droite voter pour un candidat de la gauche radicale face au RN. Depuis Marseille, l’époux de Sabrina Agresti-Roubache prévient l’Elysée : « “Sab” va se retirer. » Pas de réponse. Sans attendre, la ministre de la ville, qui a vu les bureaux de vote les plus bourgeois choisir massivement le RN, annonce son désistement devant les caméras. « Ma “Sab”, je suis dégoûté de te perdre… Tu as pris la bonne décision », lui glisse Gabriel Attal au téléphone. « That’s life. Il faut revenir à nos fondamentaux pour ne pas se perdre, je veux me regarder dans le miroir », répond-elle. Emmanuel Macron ne l’appellera que bien plus tard, après que cette proche du couple présidentiel a reçu les félicitations de trois ministres.

Autour de la table de l’Elysée, les hommes du président s’efforcent de lire dans les pensées de ce chef qu’ils ont adulé. François Patriat, toujours indulgent, juge qu’il lui sera moins douloureux de nommer Bardella à Matignon que de donner les clés à Marine Le Pen en 2027. Peut-être parce qu’il pourrait, en cohabitation, « appuyer sur le bouton pour le mettre dehors et rester le maître des horloges ». Maîtriser le temps, une illusion tant cette campagne express s’est jouée avec un tempo de retard. Elle devait pourtant prendre tout le monde de court. Quand, le 9 juin au soir, Emmanuel Macron aborde avec des proches les dates de ces élections anticipées, il espère qu’une campagne de trois semaines lui donnera l’avantage. « Le 7 juillet, les blédards seront partis et ne voteront pas LFI », lâche Gérald Darmanin, en petit comité, l’esprit déjà tourné vers sa circonscription de Tourcoing (Nord) – des propos que le ministre de l’intérieur dément.

« Il fallait dépressuriser », martèle-t-on dans l’entourage présidentiel, pour décrire l’état d’esprit d’Emmanuel Macron face au mécontentement populaire. Le fidèle de la première heure, Alexis Kohler, juge que la coupe est pleine. Et envisage bel et bien, cette fois, de quitter l’Elysée – interrogé, l’intéressé ne commente pas. Le haut fonctionnaire défend jusqu’au bout l’idée de cette dissolution périlleuse, y compris si le scrutin propulse le RN à Matignon. « Le président peut se sacrifier pour éviter la victoire de Marine Le Pen en 2027 », dit-il en substance autour de lui. « Cohabitation vaut mieux que succession », glisse aussi Richard Ferrand à un député de l’aile gauche, laissant entendre que donner au RN les clés du camion sans essence mènera les lepénistes dans le mur.

Valse-hésitation Passé la sidération, le scénario d’un gouvernement dominé par l’extrême droite n’effraie plus autant la garde rapprochée du président. « Ce n’est pas lui qui mettrait le RN au pouvoir, ce sont les Français. Lui, il a prévenu qu’il peut y avoir la guerre civile, ensuite les Français font ce qu’ils veulent ! », relaie François Patriat. « Si le RN montre en deux ans qu’il est parfaitement incapable de gouverner, on peut espérer qu’il n’ira pas plus loin », rapporte le père du chef de l’Etat, Jean-Michel Macron, dans un entretien au Dauphiné libéré, le 3 juillet, en ajoutant que c’est « un peu ce que [son] fils [lui] avait dit deux mois avant les élections européennes ».

Avant de se décider à dissoudre, Emmanuel Macron maugréait contre une Assemblée nationale qu’il jugeait « ingouvernable » depuis juin 2022. Récolter une Chambre plus instable encore, au risque de frôler la crise de régime le 7 juillet, signerait son échec. « Quoi qu’il arrive, il faudra une majorité à cette Chambre, nous verrons les proportions. Nommer Bardella aurait une logique institutionnelle », décrypte un conseiller de l’Elysée.

La valse-hésitation élyséenne ulcère une partie des troupes macronistes. « On va avoir le choix dimanche entre les héritiers de Vichy et la IVe République », tance, sur RTL le 3 juillet, Clément Beaune, ancien sherpa d’Emmanuel Macron, affirmant sa préférence nette pour la deuxième option. A l’approche du second tour, les partisans du front républicain reprennent espoir. Les désistements massifs, tant du côté du camp présidentiel qu’à gauche, pourraient faire effet.

D’heure en heure les sondages évoluent, éloignant la probabilité d’une majorité absolue offerte à l’extrême droite. L’équipe de campagne de Gabriel Attal n’ose y croire, tandis que le RN, lesté par les profils racistes, antisémites et parfois criminels de dizaines de ses candidats, lance ses dernières forces dans la bataille. Pendant ce temps, l’animateur star de la chaîne réactionnaire CNews Pascal Praud raille les « tripatouillages et magouillages » des partis adversaires au RN, en écho à Jordan Bardella et Marine Le Pen, et à l’extrême droite prompte à associer le front républicain à un « vol » de l’élection

[-] Klaq@jlai.lu 5 points 2 months ago

Le buffet est installé sur la terrasse de l’Elysée. Ce dimanche 30 juin, la soirée est fraîche pour un été naissant. Un frisson parcourt la quinzaine de convives, tous des hommes, réunis autour d’Emmanuel Macron pour suivre les résultats du premier tour des élections législatives. La vague populiste qui a submergé le pays lors des européennes s’est transformée en tsunami. L’extrême droite a séduit plus de 10 millions d’électeurs. « Ce n’est pas un vote de colère, c’est un vote d’adhésion », analyse le chef de l’Etat. Le « peuple », à qui il voulait redonner la parole, amplifie le message envoyé le 9 juin. Voilà plusieurs jours déjà que le président de la République sait qu’il lui sera impossible de rafler une majorité solide, comme il l’imaginait.

Cette dissolution qu’il présentait, le 24 juin, au micro du podcast « Génération Do It Yourself » comme un geste de « confiance » envers les Français, fustigeant « le système qui pense que les gens sont idiots », vire au naufrage du camp présidentiel. Le Rassemblement national (RN) peut remporter la majorité absolue. « Il faut se préparer », prévient le sénateur de Côte-d’Or, François Patriat, assis autour de la table. Le chef de l’Etat laisse entendre qu’il pourra « gérer ».

A 20 h 01, le bref communiqué de l’Elysée est diffusé auprès des rédactions. « L’heure est à un large rassemblement clairement démocrate et républicain pour le second tour », énonce le président, laissant planer une ambiguïté sur le soutien apporté au Nouveau Front populaire (NFP) pour battre le RN. Ira-t-il jusqu’à appeler à voter pour des candidats « insoumis » afin de faire barrage à l’extrême droite ? Mystère.

« Ça dégaze trop à Matignon » Le jambon, les fromages et le vin rouge disparaissent peu à peu. Les résultats circonscription par circonscription s’égrainent au fil d’une nuit qui s’étire. Brigitte Macron passe une tête. « Celui-là, je l’aime bien », commente la première dame au nom d’un candidat, compatissant à l’annonce de l’échec d’un autre. Il est minuit tout juste quand, oubliant le pays sous le choc, on sort le champagne. C’est l’anniversaire de Richard Ferrand, 62 ans. François Patriat dépose un baiser sur le crâne de l’ancien président de l’Assemblée nationale. On rit. Ce dernier, froissé du sort réservé à son ami Gilles Le Gendre, que le parti macroniste a refusé d’investir à Paris, se déride. Le Breton pardonne même cette folle dissolution à Emmanuel Macron. Comme d’autres, il s’est fait une raison.

Depuis la rive gauche de la Seine, on refuse de baisser les armes. Gabriel Attal, aidé de ses communicants, tâche depuis le 9 juin de se sculpter une stature de valeureux combattant de l’extrême droite. Le chef de gouvernement, ancien socialiste, refuse l’idée d’une passation de pouvoir avec le leader lepéniste Jordan Bardella, qui entacherait son destin politique. Après avoir bataillé contre « les extrêmes », plaçant sur le même plan le RN et LFI, le trentenaire fait valoir que l’alliance de gauche n’a plus aucune chance de décrocher la majorité. La menace existentielle pesant sur la République se concentre désormais sur le parti fondé par Jean-Marie Le Pen. Peu avant 22 heures, le premier ministre porte le fer contre son ennemi numéro un. « Notre objectif est clair : empêcher le RN d’avoir une majorité absolue au second tour », tonne Gabriel Attal depuis le perron de Matignon, appelant tous les candidats de son camp arrivés en troisième position à se désister pour déjouer la victoire de l’extrême droite.

Le coup est parti. Emmanuel Macron n’a pas regardé la déclaration de son premier ministre. Aucune télévision n’a été allumée près de lui. A quoi bon ? Les deux hommes sont en froid glacial depuis la dissolution. Gabriel Attal, convié à l’Elysée ce soir-là, n’y mettra pas les pieds. Depuis cette dissolution incomprise, les deux têtes de l’exécutif ne se parlent plus guère, sauf « nécessité de service ». Mais le chef de l’Etat connaît la position de son premier ministre qui, par le biais de son directeur de cabinet, Emmanuel Moulin, a prévenu le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler. « Attal a mis le président devant le fait accompli », veut croire l’aile droite du gouvernement, où Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, Aurore Bergé défendent le « ni RN-ni LFI » au second tour. Une volte-face confirmée au sein du cercle masculin qui dînait à l’Elysée. Gabriel Attal martèle son « combat » contre l’extrême droite, rappelant le racisme, l’antisémitisme et l’homophobie consubstantiels au RN. « Ça dégaze trop à Matignon », peste Emmanuel Macron, agacé de voir son premier ministre accaparer les médias.

Jusqu’au mardi 18 heures, heure limite de dépôt des candidatures pour le second tour, une course contre la montre s’enclenche. Depuis le QG de campagne, rue du Rocher, à Paris, les équipes « attalistes » appellent, un à un, les députés qualifiés dans des triangulaires risquées pour les prier, parfois fermement, de se désister. Certains acceptent sans broncher. D’autres refusent, se braquent ou fondent en larmes. « Le désistement, c’est un processus difficile quand on est engagé la tête dans le guidon et qu’on a accroché la qualification, c’est très douloureux », compatit la députée Renaissance sortante Olga Givernet, arrivée en tête dans sa circonscription de l’Ain.

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[-] Klaq@jlai.lu 5 points 2 months ago* (last edited 2 months ago)

Ça ferait limite de la peine si ce n'était pas un représentant d'un parti fasciste qui menace nos vies.

[-] Klaq@jlai.lu 5 points 2 months ago* (last edited 2 months ago)

Pour discuter régulièrement de politique en milieu hostile, opposer le racisme à un potentiel électeur RN est l'un des meilleurs moyens de contribuer à mettre fin à l'échange.

A ce titre, sur l'électorat RN des études de sociologie existent, par exemple :

Peut-être en prendre connaissance pour mieux agir me semble constituer le meilleur préalable.

[-] Klaq@jlai.lu 5 points 2 months ago* (last edited 2 months ago)

Après vérif (https://usbeketrica.com/fr/article/racisme-feminisme-genre-la-gauche-peut-elle-encore-parler-d-identite) effectivement, T. Keller choisit la complaisance dans une vision fantasmée du combat de gauche (le fameux humanisme universaliste) au lieu de s'actualiser sur ces sujets.

Autant y aurait à dire sur le regain moral des nouvelles générations de militantisme, c'est d'ailleurs ce qu'essaie de faire Foessel dans son livre Quartier Rouge interrogeant la gauche et le plaisir, autant ici on est vraiment sur du on ne peut plus rien dire, avant c'était mieux, c'est dur la vieillesse.

[-] Klaq@jlai.lu 5 points 2 months ago

TLDR : On veut pas perdre nos subventions.

[-] Klaq@jlai.lu 5 points 2 months ago

Bonjour tout le monde, et comme le dirait Bertrand Betsch dans son très beau morceau Vienne la nuit et sonne l'heure, s'en remettre aux dernières lueurs.

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submitted 2 months ago by Klaq@jlai.lu to c/france@jlai.lu

« Pour nous, la victoire du Rassemblement national [RN], c’est tout sauf une surprise », confie Yvon Le Flohic, médecin généraliste dans un cabinet médical de Ploufragan, dans l’agglomération de Saint-Brieuc. Un morceau de France ordinaire, où le revenu annuel moyen était de 23 010 euros en 2021, presque identique à la moyenne nationale (23 160 euros). En 2020, on y comptait un quart de retraités. Parmi les personnes en activité, 20 % d’ouvriers, 30 % d’employés, 30 % de professions intermédiaires et 13 % de cadres ou professions supérieures. Le tout, au cœur d’une Bretagne historiquement imperméable aux extrêmes, affectée ni par la désindustrialisation, ni par le chômage ou l’insécurité.

Pourtant, le 9 juin au soir, la liste de Jordan Bardella est arrivée en tête aux élections européennes dans les Côtes-d’Armor, avec 28,21 % des suffrages (27,11 % à Ploufragan). En 2019, Renaissance était en tête, et Marine Le Pen obtenait 19 % des voix. « Dans notre cabinet, on voit défiler tout le monde, poursuit le médecin. Nous étions sûrs du résultat. Ici, les gens ont la sensation de ne plus être pris en compte, de ne pas être représentés, ils ne croient plus aux institutions. Et cela ne date pas d’hier. »

A l’échelle du pays, ces classes moyennes ont exprimé ce ressentiment le 9 juin, lors des élections européennes, certains par l’abstention, et beaucoup d’autres en votant en faveur du RN, traditionnellement plutôt ancré dans les milieux populaires. Selon l’analyse réalisée par OpinionWay, 41 % des ménages gagnant entre 1 000 et 2 000 euros par mois ont voté pour Jordan Bardella, et 33 % de ceux aux revenus compris entre 2 000 et 3 500 euros. Une percée sociologique : parmi les employés, le RN a gagné dix points entre 2019 et 2024, et quinze points parmi les professions intermédiaires.

De plein fouet

A ce malaise s’est ajouté un ouragan appelé inflation, qui a fait vaciller les modes de vie et les certitudes. « On n’avait pas vu une telle hausse des prix depuis quarante ans, et à l’époque, tous les salaires étaient indexés sur les prix, rappelle Mathieu Plane, directeur adjoint du département analyses et prévisions à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). C’est la première fois qu’on vit une telle crise inflationniste sans cette protection. »

Prises de plein fouet par la flambée des produits de base – l’alimentaire a connu une hausse de 20 % en deux ans, l’électricité de 70 % en cinq ans –, exclues des dispositifs d’aide destinés aux plus modestes, les classes moyennes ont vu leurs habitudes et leurs modes de consommation bouleversés, comme le raconte Elisabeth (elle a préféré garder l’anonymat), 56 ans, installée sur la côte varoise : « Depuis plusieurs années, j’ai pris l’habitude de compter chaque euro lors de mes courses, et je me suis rendu compte que je n’étais pas la seule. Je vois aussi des hommes parcourir les rayons la calculette en main. Et ce n’est pas tout. Chaque dépense est planifiée, je ne peux plus partir en vacances, ni épargner. »

Les « périurbains » et les ruraux ont été plus pénalisés que les autres. On comptait, au plus fort de la crise, trois points d’écart dans la hausse moyenne du coût de la vie entre eux et ceux vivant dans les centres-villes, selon l’OFCE. Certes, les loyers sont plus élevés dans les métropoles, mais les périurbains ou les ruraux sont bien plus tributaires de leur voiture au quotidien et dépensent davantage en chauffage pour leur logement, souvent une maison individuelle.

Sous pression, les ménages ont du mal à boucler leurs fins de mois, une fois payées les charges fixes, l’électricité, le carburant, les assurances, et l’alimentation, et encore, en supprimant souvent les produits les plus coûteux. « Aujourd’hui, je ne vais plus au restaurant, à peine au cinéma, encore moins à l’opéra. Je voyage en rêve, je suis à découvert le 15 du mois, je paie mon garagiste en trois fois, et j’achète mes vêtements en seconde main », résume Anne, 50 ans, professeure certifiée à temps partiel et un enfant à charge.

Des dettes impossibles à apurer

Pour certains, la crise inflationniste s’est traduite par des dettes impossibles à apurer. « On voit arriver des gens qui n’auraient jamais passé notre porte avant, confirme Laetitia Vigneron, conseillère financière à l’Union des associations familiales (UDAF) du Cher. Des personnes qui travaillent, qui ont des crédits immobiliers ou des crédits voiture. » Entre janvier et mai, le nombre de dossiers de surendettement déposés auprès de la Banque de France a augmenté de 6 % par rapport à 2023. « Le prix des courses a explosé. Les gens n’arrivent plus à s’en sortir. On voit des dossiers de surendettement constitués uniquement de dettes de charges courantes : loyers, assurances, électricité », renchérit Céline Rascagnères, également conseillère financière pour l’UDAF, dans l’Aude.

Pour ces personnes ni riches ni pauvres, la dégringolade ne se fait pas ressentir uniquement dans le train de vie. Elle est aussi symbolique. « Dans ma tête, un prof faisait partie des classes moyennes supérieures, il pouvait s’offrir deux-trois restos mensuels, des voyages pour le plaisir, des loisirs pour se cultiver, une petite maison pour la retraite et de l’argent pour les enfants, explique Anne, la professeure. Je suis déclassée. » Un sentiment partagé par bon nombre de ses semblables.

Audrey, une Parisienne de 44 ans, éducatrice spécialisée, gagne 2 100 euros par mois (salaire, prime et pension alimentaire), pour la faire vivre avec son fils : « Le déclassement social, je le vis de la façon suivante : un salaire insuffisant au regard de mes études et de mes responsabilités professionnelles ; le fait de ne pas avoir les moyens de scolariser mon fils dans le privé ; deux semaines de vacances seulement pour moi et une colonie de vacances, en partie financée par la ville, pour mon fils ; la perte de la valeur travail et l’absence d’ascenseur social. »

Michel, un retraité de 69 ans, est en colère : déposé en février 2024, le dossier de retraite de son épouse, atteinte d’une maladie neurologique, est toujours à l’étude. « En attendant, nous sommes confrontés à des problèmes financiers et à des problèmes de santé, mais nous n’avons aucune aide, car l’on considère que l’on gagne trop ! A ce jour, nous ne faisons qu’un repas sur deux, en mangeant des pâtes et des œufs, et encore, pas toujours. Quel plaisir d’avoir cotisé cinquante-deux ans pour en arriver là ! »

Précarité nouvelle

Le sentiment de déclassement s’exprime aussi au travers du regard d’autrui. Installée à Nantes, Catherine, bac + 5, est chargée de communication indépendante, avec des revenus autour de 2 500 euros par mois, « sans aucune perspective de progression ». Elle travaille chez elle, réfléchit depuis deux ans à changer sa voiture sans pouvoir franchir le pas, et ses dernières vacances se résument à une semaine à l’été 2023 dans un village éloigné du Limousin. Mais c’est face à sa fille que la conscience de sa précarité nouvelle la taraude le plus. « L’autre jour, elle a voulu que je lui achète un pull à 90 euros, à la mode chez ses copines. J’ai dit non. Elle s’est exclamée : “Mais, maman, on est pauvres ?” »

Anne, Audrey et Catherine incarnent la fragilisation financière des familles monoparentales, essentiellement des mères célibataires. Un tiers des pensions alimentaires reste impayé, et le taux de pauvreté dans leurs rangs atteint 32,3 %, contre 14,5 % pour l’ensemble de la population, selon des données de la Caisse d’allocations familiales ou de l’Institut national de la statistique et des études économiques. Faut-il y voir un lien ? Parallèlement, le vote RN a progressé de manière spectaculaire chez les femmes : dix points entre 2019 et 2024, contre trois seulement chez les hommes, indique Ipsos. « Tenant à distance l’héritage viriliste et sexiste de son père, Marine Le Pen se présente comme une femme moderne, mère de famille, divorcée, travaillant, affichant sa “sensibilité à la cause féminine” », rappelait la philosophe Camille Froidevaux-Metterie dans une tribune du Monde du 13 juin.

Le sentiment de déclassement se voit parfois dans le regard des enfants, mais se mesure toujours par rapport à la génération précédente. « Moins bien que mes parents », déplore Tim, ingénieur dans la fonction publique, quand il parle de l’appartement de 68 mètres carrés qu’il a « difficilement » pu acquérir à Grenoble avec le fruit de son travail. Et il craint que sa propre descendance ne vive la même mésaventure. « Malgré une vie peu dépensière, je peine à épargner et à financer pour mes enfants des études équivalentes à celles que j’ai pu suivre, enchaîne-t-il. En somme, je vis moins bien que mes parents, et la dynamique est à la dégradation. »

« L’absence de perspectives, la difficulté de dessiner une trajectoire ascendante » font partie des désillusions des classes moyennes, souligne Nicolas Duvoux, sociologue à l’université Paris-VII, qui évoque l’érosion des « possibilités de vie ». Une érosion qui va en s’accentuant, s’inquiète le chercheur. « La précarité sur le marché du travail est devenue la norme, explique-t-il, particulièrement pour les jeunes. Or, la précarité dans l’emploi se traduit par l’impossibilité de construire sa vie de manière durable. Cela ronge le corps social. »

En vain

Confrontés à cette précarisation, les jeunes se sentent en outre comme rejetés des villes où ils ont parfois grandi, et souhaiteraient vivre. A 35 ans, Antoine, Bordelais, salarié dans l’associatif, voudrait acheter un 40 mètres carrés dans sa ville : « Impensable avec un smic seul. » Parisiens, Patrick et son épouse, deux enfants, cherchent à s’agrandir. En vain. « Impossible pour nous, couple d’ingénieurs, d’avoir plus de trois pièces. Même les logements sociaux auxquels nous avons droit sont au-dessus de notre budget. Nous voilà moins bien lotis qu’un ouvrier des années 1960 », tranche l’homme de 35 ans. Le problème est encore aggravé dans les régions très touristiques, où les résidences secondaires et autres meublés assèchent le marché pour les locaux, contraints d’aller habiter loin de leur travail – et d’avoir une voiture, qui plombe définitivement le budget.

Au fond, les classes moyennes « ont une vision ternaire de la société, décrypte le politologue Jérôme Fourquet : « Pour eux, il y a en bas les plus pauvres, les assistés, et au-dessus les riches qui se gavent. Ils ont le sentiment d’être trop riches pour être aidés, trop pauvres pour s’en sortir, et d’être taxés pour financer un modèle social auquel ils n’ont plus accès. Le pacte social implicite, qui est de payer ses impôts mais, en retour, d’en avoir pour son argent, est rompu. »

Or la gauche, elle, oppose aujourd’hui une vision « binaire », estime M. Fourquet, qui repose sur l’idée du peuple contre les élites – un schéma dans lequel les catégories intermédiaires ne se retrouvent pas : « Le RN, en faisant par exemple de la voiture un thème politique, a réussi à créer une proximité avec les classes moyennes, qui se sentent enfin prises en compte. »

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FRANCE - REPORTAGE

À Clichy-sous-Bois, vingt ans de mobilisation pour rien ?

21 juin 2024 | Par Faïza Zerouala

La commune de Seine-Saint-Denis est une ville quadrillée par les militants pour inciter la population à se rendre aux urnes. Ces élections législatives ne feront pas exception. Pourtant, la résignation règne et il est difficile de mobiliser face au risque du Rassemblement national.

Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).– Longtemps infatigable, moteur de tous les combats pour convaincre Clichy-sous-Bois de voter, Mohamed Mechmache, 58 ans, commence cette fois à s’épuiser. Dans la ville, l’ancien éducateur croise des connaissances qui l’alpaguent toujours un peu sur le même ton. « Qu’est-ce que tu fais encore ? T’en n’as pas marre de te casser la tête pour une énième campagne ? Ça fait vingt ans. » Malgré tout, il va repartir au combat avec ses camarades du collectif Aclefeu (Association collectif liberté égalité fraternité ensemble unis).

Un collectif né il y a presque vingt ans, dans le sillage des révoltes de l’automne causées par la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré le 27 octobre 2005. À l’époque, Mohamed Mechmache et quelques autres ont voulu transformer ces braises en autre chose, en tentant de lancer un élan électoral pour peser. Ces derniers jours, Aclefeu a publié une tribune pour rappeler ses fondamentaux : « La voix des quartiers compte » et, surtout, ces mêmes quartiers ne sont pas un « désert politique ».

Dans la ville, sur les panneaux métalliques électoraux, les affiches des candidat·es apparaissent si délavées qu’on peine à croire qu’un scrutin s’est déroulé seulement quatre jours plus tôt. Jeudi 13 juin, une autre compétition aimante les esprits. La CAN des quartiers, organisée ici depuis trois ans, attire toute la ville pour soutenir ses équipes de foot dans une ambiance festive. 

Ce soir-là, le Mali affronte le Sénégal sous les applaudissements de la foule serrée sur les gradins du stade Henri-Barbusse, enfumés par les stands de sandwichs-merguez. Les visages sont jeunes. D’autres sont là en famille, poussettes incluses.

Le 9 juin, Adama, 40 ans, a séché les urnes. Ce restaurateur a une explication à cette désertion. « La France, c’est déjà loin, et l’Europe, c’est encore plus loin. » Sa manière à lui d’expliquer qu’il ne comprend pas l’enjeu des européennes et surtout cette fracture qui ne se résorbe pas entre le pays et les quartiers populaires. Ce qui lui fait dire que Clichy-sous-Bois est un « monde à part ».

L’abstention en tête

En tout cas, c’est une ville-laboratoire intéressante à observer pour comprendre certains ressorts électoraux, peu fidèles aux résultats nationaux. En effet, la liste LFI arrive en tête du scrutin européen avec 54 %. Le RN récolte un peu moins de 16 %. Quant au parti présidentiel, il s’effondre à 6,5 %. L’abstention reste la quatrième actrice de l’équation. Affiché sur la mairie, le taux est vertigineux : 71 % des habitant·es ne se sont pas déplacé·es. Ce résultat, l’un des records du département, interpelle dans une ville qu’un tissu associatif vigoureux laboure pour encourager sa population à donner de la voix.

Aclefeu en tête. En 2007, le collectif mobilise contre Nicolas Sarkozy. Cinq ans plus tard, il investit un hôtel pour abriter son ministère de la crise et des banlieues et interpeller les candidat·es à la présidentielle sur les sujets concernant les quartiers populaires. Et aussi en dehors des échéances électorales, à travers le collectif « Pas sans nous » dans lequel Mohamed Mechmache et Mehdi Bigaderne, adjoint et cofondateur d’Aclefeu, sont largement impliqués. Sans oublier les tournées un peu partout en France.

Dans les travées du stade Henri-Barbusse, la compagne de Michel, Allison, 34 ans, auxiliaire de puériculture, partage aussi le sentiment d’être mise de côté « par tous les partis » : « On fait un peu tache. » Elle aimerait que les politiques se rendent compte de « l’apport de [leurs] votes ». Le pays est « fatigué », elle trouve le climat anxiogène.

De ce que j’entends autour de moi, ça ne sert à rien de voter.

Sarah, 33 ans

La mère de famille culpabilise de n’avoir pas voté aux européennes, pour des raisons professionnelles. Elle « va rattraper [s]a bêtise », assure-t-elle, en votant pour les législatives. L’essentiel étant d’éviter la « catastrophe du RN ». D’origine antillaise, elle se sent vulnérable et craint pour sa fille.

Un peu plus loin, Sarah, 33 ans, est loin de ces inquiétudes. Elle serre sa petite contre elle. Cette secrétaire devenue mère au foyer – elle a quatre enfants de 9 mois à 7 ans – n’était pas au courant de la tenue des élections européennes. Pas plus qu’elle n’a suivi les rebondissements électoraux post-dissolution. La trentenaire n’a pas le temps de s’intéresser à la politique. « De ce que j’entends autour de moi, ça ne sert à rien de voter. »

Mohamed Mechmache, candidat sans étiquette malheureux aux législatives de 2012, a entendu ce discours plus que de raison ces deux dernières décennies. Le mot « défiance » revient sans cesse dans sa bouche, d’abord « vis-à-vis des politiques menées ces vingt dernières années » qui n’ont pas amélioré ou si peu la vie des habitant·es, selon plusieurs personnes rencontrées sur place.

Une pauvreté qui perdure

Pourtant, le tramway T4 tant espéré est arrivé, les programmes de rénovation urbaine du Chêne-Pointu ont été lancés, un commissariat, un centre de santé, une agence France Travail ont enfin ouvert au fil des ans. Mais Adama, le restaurateur, est encore plus sévère sur les changements de la ville. La rénovation urbaine entreprise n’est que « du maquillage », selon lui. Pire, un « cache-misère » dans tous les sens du terme. Car ici le taux de pauvreté culmine toujours à 42 % dans la ville.

Mehdi Bigaderne, cofondateur d’Aclefeu, deuxième adjoint à la mairie de Clichy-sous-Bois depuis 2008, n’est pas surpris de l’abstention aux européennes. « On a été au rendez-vous de chaque mobilisation. On a tiré l’alarme sur plein de problématiques en disant, attention, ce qui se passe dans les banlieues va faire boule de neige. Aujourd’hui, l’abstentionnisme est un problème pour la France entière. »

L’élu a participé, « avec [s]a casquette de militant associatif », à la préparation d’un spot de mobilisation avec la parole des habitant·es, « des jeunes et des moins jeunes ». Il n’oublie pas non plus qu’il faut rappeler aux électeurs et électrices, « pour ceux qui vont partir et qui ont déjà pris leurs billets », les modalités des procurations.

Mais ce travail a des limites. « On fait un travail sur la citoyenneté avec un grand C, sur la mobilisation autour des scrutins. Mais aussi sur la justice sociale ou l’accès aux droits. Mais on n’est pas aidés, les inégalités explosent. Ici les gens veulent surtout réussir à remplir leur frigo », soupire Mehdi Bigaderne. Et le « plan Marshall des banlieues » tant promis n’est jamais venu.

Abdelali Meziane, conseiller municipal d’opposition écologiste, candidat d’une liste citoyenne aux dernières municipales, est lui aussi prêt au combat, avec les élu·es et militant·es associatifs de la ville. Son cœur penche en faveur du Nouveau Front populaire. Il compte arpenter le marché, les lieux de passage, les écoles. Ce week-end aura lieu la fête de la ville, propice aux rencontres. « On va essayer de capitaliser là-dessus. »

Mais convaincre simplement d’aller voter relève parfois de la gageure. « L’individualisme » prime, les habitant·es s’investissent moins. Beaucoup vivent dans des conditions matérielles difficiles, « les gens sont dans la survie », tempère-t-il. Alors Abdelali Meziane répète que les droits acquis, les libertés individuelles et la lutte contre les discriminations ne seraient plus garantis avec le RN. « Ça va être pire. »

Une absence de représentation

Ayoub, 24 ans, étudiant en droit, anciennement impliqué dans la politique locale, est tiraillé entre sa compréhension de cette abstention persistante et sa propre crainte d’une extrême droite victorieuse. Le jeune homme entend la défiance des Clichois·es à l’égard du vote. La rhétorique du barrage à l’extrême droite passe de moins en moins. En cause, selon lui, « un manque de culture politique » avec la difficulté de faire comprendre les bienfaits du vote comme outil.

La peur ne mobilise plus, constate-t-il. « Ils vont être inquiets de quoi ici ?, s’interroge l’étudiant. Ça fait vingt ans qu’on leur dit qu’on qualifie les personnes issues de l’immigration comme des non-Français. Le glissement n’en finit pas. »

« Comment expliquer aux gens d’aller voter alors qu’on a Darmanin au ministère de l’intérieur ? », confirme Nawufal Mohammed, vidéaste de 34 ans. Malgré son cursus en science politique, il n’arrive plus à trouver du sens à cette discipline. Et de citer pêle-mêle la loi immigration, le policier qui a tué Nahel et qui a bénéficié d’une cagnotte de soutien, l’affaire Théo avec des peines de sursis prononcées à l’égard des trois policiers qui l’ont gravement blessé.

La sociologue Marie-Hélène Bacqué, qui a codirigé une recherche participative avec des jeunes dans dix quartiers populaires en Île-de-France, confirme que l’éloignement des populations des quartiers vis-à-vis de la représentation électorale perdure en particulier parce qu’elles ne se sentent pas représentées. Et ce, malgré une légère hausse de la participation dans les quartiers populaires franciliens par rapport aux précédentes élections européennes.

« La représentation des quartiers populaires, des classes populaires et des populations racisées, reste quand même très faible dans les choix des candidats même si on observe une évolution, analyse-t-elle. Mais surtout, les collectifs et mouvements sociaux émanant de ces quartiers n’ont pas été conviés à la table de négociation et les choix de candidats ont été faits sans eux. D’où le sentiment de ne pas être pris au sérieux, d’être vu seulement comme un réservoir de voix. »

Écumer les cages d’escalier

Adama, présent à la CAN des quartiers, partage ce constat et ne se sent pas représenté, ni même pris en considération : « Depuis Chirac, on fait des barrages et une fois au pouvoir, les partis font n’importe quoi comme les lois immigration ou la déchéance de nationalité. Il ne faut pas s’étonner qu’on emprunte le chemin d’extrême droite. »

Son ami Michel abonde : « Tous les partis se ressemblent. » Il est même parfois tenté de voir la France basculer, elle qui tente le diable depuis tant d’années. « Qu’on y aille, on va bien souffrir et on passe à autre chose ensuite. » « Pas sûr », rétorque Adama.

Sans compter qu’un tabou a sauté, rappelle Abdelali Meziane. Le vote RN ne s’exerce plus dans le secret de l’isoloir, même ici dans cette ville où une partie de la population est pauvre et issue de l’immigration. « Ça ne fait plus peur. Certains souhaitent même que le RN l’emporte pour rétablir l’ordre et la sécurité. Ils tiennent un discours sociétal très dur. Avec cette logique du “on n’a jamais essayé”, sur un mode presque révolutionnaire. »

Difficile donc de prévoir si la rhétorique du barrage va parvenir à mobiliser, prévient encore la sociologue Marie-Hélène Bacqué. « Outre la question de la représentation, le programme reste un enjeu, sur les questions sociales mais aussi les enjeux de discrimination. Et enfin, outre les réseaux sociaux qui jouent un rôle important, il faut remobiliser les méthodes habituelles de militantisme de quartier qui ont fait leurs preuves comme le porte-à-porte ou même les réunions d’appartements. » Mais tout dépendra des forces prêtes et capables d’écumer les cages d’escalier.

Mohamed Mechmache a profité de la CAN des quartiers pour aller voir les jeunes et discuter avec eux. De son côté, Ayoub utilise Snapchat et Instagram pour sensibiliser dans son entourage et parmi ses connaissances. Le jeune homme répond aux interrogations, assez nombreuses, comme il peut. L’avènement de TikTok comme canal de mobilisation est intéressant à ses yeux, même s’il en perçoit les limites. « Malheureusement, ça reste de l’information fast-food. »

Il demeure réaliste, car il connaît par cœur son territoire. « On ne va pas passer de 70 % d’abstention à 30 %. Même s’il y a un petit sursaut, il restera léger. » Mais le tumulte et les rebondissements de la vie politique de ces dix derniers jours donnent de l’espoir à Abdelali Meziane, alors pourquoi pas un « miracle » ? Sous la forme de jeunes abstentionnistes qui se déplaceraient aux urnes, parce qu’un footballeur ou un chanteur leur aura dit de voter contre le Rassemblement national. « Dans les dernières heures, il peut y avoir un raz-de-marée… » Croire aux miracles pourrait être le mantra de ces militants acharnés de la participation.

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TLDR ; La CFDT appelle à voter contre l'extrême-droite mais pas pour le NFP, contrairement à la CGT.

Cela dit, vu l'emprunt à l'extrême-droite du terme immigrationniste récemment utilisé par Macron, on est en droit de se demander si ce n'est pas un appel déguisé à voter NFP.

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Comme l'indique le titre, ce morceau est un adieu prenant la forme d'une oraison dans le mélange entre désenchantement politique mais espoir existentiel, tradition de ce que peut faire Michel Cloup depuis son groupe Diabologum.

Ce morceau s'adresse à Joseph Ponthus, mort il y a peu du cancer, c'était un ancien éducateur spé qui écrivait dans la très bonne revue Article XI et qui par la suite est devenu ouvrier intérimaire en Bretagne, moments racontés dans son livre A la ligne cherchant à rendre hommage à ces travailleurs.

Si ça vous intéresse, Michel Cloup, Ponthus et Bouaziz ont fait un album ensemble reprenant ce livre, on peut d'ailleurs l'entendre parler sur ce morceau : https://m.youtube.com/watch?v=B3it5M35YgA

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Tube de l'été pour l'instant

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Klaq

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