[-] Klaq@jlai.lu 5 points 1 month ago

L'échange

Réélu de justesse, dimanche 7 juillet, dans la 1re circonscription de la Somme face au Rassemblement national (RN), le député François Ruffin pose un regard critique sur La France insoumise (LFI), la formation politique qu’il a quittée avant le second tour des élections législatives. Appelant à ne pas opposer « la France des bourgs et [celle] des tours », il accuse son ancien parti d’avoir sciemment abandonné les campagnes populaires et les terres ouvrières, pour se concentrer uniquement sur la jeunesse et les quartiers.

Comment analysez-vous les résultats des législatives. Est-ce vraiment une victoire de la gauche ? Au soir des élections européennes, le 9 juin, la gauche était en miettes, le moral dans les chaussettes. Qu’avec un « Soyez unis », un « Front populaire », on parvienne en quatre semaines à rallumer la lumière, c’est un espoir. Mais, au risque de jouer le rabat-joie, je dis : « Attention, c’est un sursis. » Il y a un effet trompe-l’œil. Le mode d’élection, les institutions ont contenu la poussée du RN, mais la vague est puissante.

Ma Picardie a élu treize députés d’extrême droite sur dix-sept, c’est pire dans le Pas-de-Calais. Et 57 % des ouvriers ont voté pour le RN dès le premier tour. Perdre les ouvriers, c’est très grave pour la gauche : ce n’est pas seulement perdre des voix, c’est aussi perdre son âme. Et, dans ma circonscription aussi, il faut l’énoncer avec lucidité, je recule de 8 points en deux ans.

Cette difficulté, je l’avais identifiée dès 2022, dans mon livre Je vous écris du front de la Somme [Les Liens qui libèrent]. La gauche souffrait de trois « trous » : un trou géographique, la France des bourgs ; un trou démographique, les personnes âgées ; un trou social, les salariés modestes. Mais cette alerte n’a servi à rien. La situation a empiré, et même basculé.

Comment avez-vous vécu la campagne ? Dans la douleur. D’un côté, il y avait la force d’attraction du RN : en face de moi, le candidat, c’était Jordan Bardella. Pour bien des gens, Marine Le Pen et lui incarnent le changement. Et, de l’autre côté, une force de répulsion. Pendant trois semaines, nous avons porté notre croix, un sac à dos rempli de pierres, on s’est heurtés à un mur, à un nom : « Mélenchon, Mélenchon, Mélenchon. » Avec le profil de la gauche, de LFI, ces deux dernières années, je savais qu’on perdait du terrain. Mais je pensais que ma figure, localement, servirait de paratonnerr

Eh bien non, cela ne suffit pas, ni à Sébastien Jumel [député sortant communiste (PCF), qui s’est incliné en Seine-Maritime], ni à Fabien Roussel [secrétaire national du PCF, qui a perdu dans le Nord], ni à d’autres. C’était presque comique : les gens me disaient « on adore tes discours, c’est formidable », « attends, j’appelle ma femme, on va faire un selfie », et à la fin, contre Macron et Mélenchon, ils votaient Bardella !

Vous avez annoncé quitter LFI juste avant le second tour. Pourquoi si tard, alors que vous étiez déjà en désaccord avec Jean-Luc Mélenchon ? Parce que j’avais porté le Front populaire, l’unité de la gauche, je me devais de les préserver. Mais, avec Jean-Luc à la télé tous les deux jours, ça nous étranglait. Même tard, il fallait que je coupe la corde pour pouvoir respirer. Et dès cet instant ça a tout changé, ça nous a libérés, on a regagné des voix par centaines.

La gauche a donc failli dans les zones d’expansion du RN ? Elle a fait le choix de l’abandon. En 2022, alors que l’Assemblée nationale accueillait 89 députés RN, Jean-Luc Mélenchon déclarait, texto : « De toute façon, ces terres-là n’ont jamais accepté la démocratie et la République. » Ça m’a stupéfié. Car quels sont ces endroits ? Le Pas-de-Calais, la Picardie, le Midi rouge, qui pendant un siècle ont envoyé des députés communistes et socialistes dans l’Hémicycle.

Du coup, très inquiet, je sors un petit livre, j’interroge : « Les bastions comme les miens, on en fait quoi ? On les renforce, ou on les abandonne ? » Ça n’a pas suscité de débat, seulement des attaques, comme quoi j’étais un « adversaire des quartiers populaires ». Pas du tout : je veux additionner, pas soustraire ! Il faut réconcilier, pas opposer, montrer l’immense commun entre la France des bourgs et des tours. Pour des raisons morales, évidentes. Mais surtout pour des raisons électorales : on ne gagnera pas sans.

L’année d’après, [Julia] Cagé et [Thomas] Piketty, dans leur ouvrage paru au Seuil [Une histoire du conflit politique], invitent à la même chose : « La gauche doit retrouver le chemin des campagnes populaires. » Là, les cadres de LFI clarifient : c’est non ; ils misent tout sur les quartiers et la jeunesse diplômée. Tant mieux, il nous les faut. Mais les autres ?

Désormais, dans les textes de Jean-Luc Mélenchon, c’est « la nouvelle France », qui s’oppose sans doute à « la vieille France »… Depuis deux ans, LFI, c’est la stratégie [du think tank] Terra Nova avec le ton du Nouveau Parti anticapitaliste.

Voilà la ligne : se renforcer là où on est déjà forts, quitte à s’affaiblir là où on est déjà faibles… Donc, dans les quartiers, on a des députés LFI élus dès le premier tour. Bravo ! Ce sont les cadres du mouvement, qui ont hérité des meilleures circonscriptions, où la gauche fait 70 %, qui n’ont pas à mener de bagarre pour leurs sièges, et encore moins contre le RN. Et ce sont eux qui, depuis Paris, l’Ile-de-France, les grandes métropoles, édictent une stratégie perdante pour le reste du pays ! Merci !

A l’inverse, les « insoumis » vous accusent de passer sous silence le racisme sous-jacent du vote RN. Que leur répondez-vous ? Lutter contre le racisme, c’est pour moi une bataille de tous les jours, pas théorique. C’est mon laïus, mille fois répété : « Devant la justice, la police, la santé, l’éducation, qu’importe notre religion, notre couleur de peau, nous devons être tous et toutes égaux. »

Et, sur l’immigration, mon refrain quotidien : « La France doit intégrer comme elle l’a toujours fait : par la langue, par la formation, par le travail. » C’est une bagarre menée à bras-le-corps, pour que revienne l’envie de faire France ensemble.

Qui doit gouverner le pays, alors que le Nouveau Front populaire (NFP) a une très faible majorité relative ? Le président de la République a assez maltraité les institutions. Il doit permettre à la gauche de gouverner, en nommant un premier ministre issu de nos rangs. Et en demandant à ses députés macronistes de ne pas pratiquer, à l’Assemblée nationale, une opposition de principe. Il faudra ensuite des coalitions sur les textes. Mais je pose cet avertissement : il ne faudra pas gouverner comme l’a fait le chef de l’Etat ces deux dernières années, avec arrogance et toute-puissance. Il faudra le faire avec respect pour les Français, avec tendresse même. On doit prendre soin des gens pour prendre soin de la République.

Le secrétaire général de Renaissance et ministre des affaires étrangères, Stéphane Séjourné, dit que le NFP ne peut pas s’abstraire des règles démocratiques. Qu’en pensez-vous ? Par dignité, ces personnes devraient se taire : nous sommes au bord du ravin, parce que lui et les siens ont brutalisé le pays, plutôt que de l’apaiser.

Où allez-vous siéger maintenant, et souhaitez-vous être premier ministre ? Je souhaite un groupe trait d’union ; un groupe qui rassemble les communistes, les écologistes, les élus du parti Génération.s et nous.

Quant au poste de premier ministre ? Ce n’est pas le sujet. J’ai un rôle à jouer ailleurs. Le NFP doit vivre dans la société. Il nous faut désormais une force, un parti, une coopérative politique, j’en ignore la forme exacte, mais qui porte une gauche populaire qui nous a manqué, une gauche de la décence et du bon sens, une gauche généreuse et joyeuse. Une gauche qui transforme la colère en espérance.

Et pour la suite, Jean-Luc Mélenchon n’est-il pas un frein ? Bien sûr. Jean-Luc Mélenchon a remis la gauche sur ses deux jambes, et il l’a fait avancer. Mais quelle trace veut-il laisser dans l’histoire ?

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[-] Klaq@jlai.lu 7 points 1 month ago

Où l'on apprend qu'Attal a doublé Macron, que Macron en a rien à battre de l'extrême droite au pouvoir, et que Darmanin parle des blédards qui ne voteront pas en juillet.

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submitted 1 month ago by Klaq@jlai.lu to c/france@jlai.lu

«Nous ne nous sentons pas hors de notre époque, au contraire nous ne cessons de passer avec elle des compromis honteux. Ce sentiment de honte est un des plus puissants motifs de la philosophie ("). Et il n'y a pas d'autre moyen que de faire l'animal (grogner, fouir, ricaner, se convulser) pour échapper à l'ignoble: la pensée même est parfois plus proche d'un animal qui meurt que d'un homme vivant, même démocrate.» Cette tirade de Gilles Deleuze et Félix Guattari figure en exergue d'un ouvrage qui, lui aussi, «grogne», «ricane», et laisse échapper un souffle de révolte: Vivre et penser comme des porcs, de Gilles Châtelet. Docteur d'Etat en sciences mathématiques, l'auteur est aujourd'hui professeur à Paris-VIII. Après un passage à l'IHES, il fut un temps directeur de projet au Collège international de philosophie.

Gilles Châtelet propose un diagnostic de la société contemporaine, en prenant position, en un sens quasi militaire, contre toute espèce de compromis avec «la force des choses». Vivre et penser comme des porcs ressemble à une photographie du monde d'aujourd'hui. On y rencontre des économistes, sociologues et autres intellectuels, qui fabriquent l'époque à coups de concepts: société tertiaire de services, ère postindustrielle, démocratie-marché, monde communicationnel, fluidité des échanges, autorégulation" On y reconnaît des profils types, cyniquement dénommés Turbo Bécassine et Cyber Gédéon: des gens heureux, libres dans leur tête, «anonymes et précaires comme des gouttes d'eau ou des bulles de savon»: Gilles Châtelet tourne en dérision les effets de manches de la bonne conscience humaniste qui met plus souvent la main sur le coeur qu'au porte-monnaie pour rendre hommage aux charniers en tout genre, couvre de sarcasmes les attitudes niaises du bon genre réaliste qui juge «informatif» le zapping, «communicationnel» le surf sur l'Internet. «L'ordre cyber-mercantile» a réussi à plonger ce monde dans la «fluidité», autrement dit la circulation des biens et des personnes avec une réduction maximale de tous frottements . «C'est l'image photonique du monde rêvé par le financier spéculateur d'un monde où tout bouge absolument sans que rien ne bouge.»

Gilles Châtelet dénonce en outre un dangereux décervelage, car l'ère postindustrielle et postmoderne est aussi «post-métaphysique». Une solide articulation de vérités physiques (du chaos et de l'auto-organisation) avec les prétendues règles de l'économie mondiale est ainsi aux commandes d'un «mécanisme invisible qui est le véritable pouvoir dirigeant de notre monde». Ce pouvoir a la puissance d'une «Grande Armée» qui se fait forte «de conjuguer les talents des vestes en tweed des sciences molles et ceux des blouses blanches des sciences dures». Gilles Châtelet s'élève contre la manipulation du mercantilisme tout-puissant sur les individus, et contre ce qui en découle pour la pensée .

Châtelet montre comment «une science, la théorie générale des réseaux et systèmes (la cybernétique)» a favorisé «la fabrication de comportements garantissant une étanchéité totale à l'intelligence politique». Où l'on se flatte d'être toujours disponible «pour l'échange de tondeuses, de pastèques et surtout, bien sûr,"d'informations sans se contrarier le moins du monde de devenir des "unités organiques plus ou moins complexes, affublées de droits de l'homme et capables de "rétroagir à l'environnement». Il est illusoire de se conforter dans les analogies fumeuses entre une Nature chaotique et autorégulatrice, et une Culture supposée éclose dans quelque «anarchie rationnelle» incitant à un «laisser-faire» généralisé; également faux de réduire l'«homme ordinaire» à un «homme moyen», et intellectuellement douteux de réduire le langage à un pur et simple «rapport instrumental». Elles ont fait naître un vaste soupçon de parasitisme concernant toute activité qui ne manifesterait pas immédiatement une certaine «visibilité opérationnelle». «Et l'empiriste mercantile de beugler: "Il est temps de réquisitionner la science et la religion et de mettre à contribution tous ces savants qui ne fichent rien et tous ces prêtres qui font la guérilla!»

Quelques remarques consolantes: «Le malaxage en peuples-marchés et en cyber-bétail réversible n'a pas encore triomphé! L'excellence comme telle ­ celle des savants, des artistes, de penseurs ou des grands tribuns ­ est respectée par beaucoup de gens qui n'ignorent pas qu'il existe un abîme entre les parasites et les créateurs.»

L'auteur conclut avec un scepticisme confiant qu'il faudra beaucoup d'éloquence à la «Grande Armée» pour faire oublier que «nous serons bientôt sept milliards à être victimes de cette malédiction qui, voici presque deux siècles, scandalisait Burke: "Plus on produit de richesses, plus il y a de paupérisme!» «Le travail est écartelé entre le travail-corvée de la survie et le travail-performance de la Surclasse. C'est négliger que seul le travail-patience engage une amplification inouïe de la liberté, à la fois en extension, par le biais d'un développement de la puissance d'agir de chacun, et en intensité, par la découverte d'une plasticité propre à l'individuation humaine. (") Ce serait peut-être une définition moderne du communisme: "A chacun selon sa singularité. De toute manière, il y aura beaucoup de pain sur la planche, car nous devons vaincre là où Hegel, Marx et Nietzsche n'ont pas vaincu.»

[-] Klaq@jlai.lu 7 points 1 month ago

Bonjour tout le monde, sauf au moustique de 2h du matin.

[-] Klaq@jlai.lu 5 points 1 month ago* (last edited 1 month ago)

Après vérif (https://usbeketrica.com/fr/article/racisme-feminisme-genre-la-gauche-peut-elle-encore-parler-d-identite) effectivement, T. Keller choisit la complaisance dans une vision fantasmée du combat de gauche (le fameux humanisme universaliste) au lieu de s'actualiser sur ces sujets.

Autant y aurait à dire sur le regain moral des nouvelles générations de militantisme, c'est d'ailleurs ce qu'essaie de faire Foessel dans son livre Quartier Rouge interrogeant la gauche et le plaisir, autant ici on est vraiment sur du on ne peut plus rien dire, avant c'était mieux, c'est dur la vieillesse.

[-] Klaq@jlai.lu 7 points 1 month ago

Je savais pas que Thierry Keller était un con. Pour le reste, rien de neuf de mon côté car déjà identifiés. Faut rappeler qu'avant Cnews, BFM était top 1 de la merde.

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submitted 1 month ago by Klaq@jlai.lu to c/france@jlai.lu

Des inégalités sociales qui traversent la France, il n’est que peu, voire pas question dans les débats qui scandent la campagne législative, dominée par la problématique du pouvoir d’achat. Le sujet n’apparaît pas non plus dans la liste des thèmes que les enquêtes d’opinion placent en tête des déterminants des choix électoraux. Pourtant, « la crise de confiance française est très fortement corrélée avec le sentiment de ne pas vivre dans une société tenant sa promesse d’égalité », analyse le chercheur Bruno Cautrès dans l’édition 2024 du baromètre de la confiance politique, du centre de recherches politiques de Sciences po (Cevipof).

Difficile de savoir dans quelle mesure et dans quel sens ce ressenti oriente les comportements électoraux. Mais il caractérise une partie de l’électorat, notamment de ceux qui donnent leur voix au Rassemblement national (RN). « Durant mon enquête, le sentiment d’injustice était très présent », expose Félicien Faury, auteur de Des électeurs ordinaires. Enquête sur la normalisation de l’extrême droite (Seuil, 240 pages, 21,50 euros). Des préoccupations qui, selon son analyse menée dans le sud-est de la France, portent « principalement sur les questions fiscales, résidentielles et scolaires », alimentées par l’impression que « tout un ensemble de ressources – des environnements résidentiels paisibles, des services publics de qualité, des écoles de bon niveau… – sont devenues rares, avec une vive compétition entre groupes sociaux pour y avoir accès ».

Le politiste évoque l’idée d’un « entre-soi raté » chez beaucoup d’électeurs RN, pris entre une « pression par le haut » des plus aisés et une « pression par le bas des plus modestes ». « Beaucoup ont l’impression que “les quartiers” les “rattrapent” », dans leur environnement résidentiel et scolaire. « Ils souhaiteraient pouvoir habiter ailleurs et s’en éloigner, mais ils n’en ont pas toujours les moyens financiers. Leurs ressources sociales ne sont pas à la hauteur de leurs aspirations ségrégatives », explique le chercheur. Cela « crée beaucoup de frustration vis-à-vis des autres groupes sociaux qui vont, eux, bien choisir les quartiers où ils habitent ».

« L’accès aux élites est fermé, mais le bas de l’échelle sociale semble très ouvert et subit de plein fouet la concurrence avec la mondialisation, dont l’immigration est le symbole. Entre les deux, la mobilité sociale n’est plus assurée comme autrefois », analyse le politiste Luc Rouban, chercheur au Cevipof, auteur des Racines sociales de la violence politique (Editions de l’Aube, 192 pages, 18,90 euros).

Les classes moyennes en périphérie

Concernant les écarts de revenus, la France est « au milieu du gué », « ni très égalitaire ni très inégalitaire », selon Louis Maurin, le directeur de l’Observatoire des inégalités. Mais les scènes résidentielle et scolaire, qui sont « au centre de la vie des individus et participent à la construction des sociétés », selon les mots du géographe François Madoré, professeur des universités à Nantes, sont bien le théâtre de phénomènes ségrégatifs, choisis par les uns, subis par les autres, notamment aux deux extrémités de l’échelle sociale.

Sur le plan résidentiel, depuis le début des années 2000, l’augmentation des prix de l’immobilier, bien supérieure à celle du niveau de vie, a ainsi changé la répartition des classes sociales sur les territoires, repoussant les classes moyennes en périphérie. Dans le même temps, la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains a imposé aux communes un quota de logements sociaux permettant, grâce à la politique de la ville, de créer, de maintenir ou de développer la mixité sociale. « Les prix de l’immobilier et l’accès plus ou moins large au parc social permettent de filtrer la population », souligne l’économiste Pierre Madec.

En 2020, une étude de France Stratégie montrait que la ségrégation résidentielle entre les groupes sociaux était relativement stable depuis une trentaine d’années. Elle était néanmoins plus forte parmi les ménages les plus aisés, davantage concentrés dans certains quartiers que les plus précaires. En 2024, une analyse de l’Insee fondée sur les revenus et menée à une échelle plus fine concluait que, « entre 2004 et 2019, les disparités spatiales selon le revenu se sont accentuées dans la plupart des grandes villes » et que « tous les groupes de revenus vivent dans des quartiers de moins en moins mixtes, à l’exception notable des populations les plus modestes ».

Contournements de la carte scolaire

Cédric Van Styvendael, maire socialiste de Villeurbanne (Rhône), une ville qui compte 28 % de logements sociaux et où le prix des habitations atteint les 7 000 euros le mètre carré, éprouve ce paradoxe au quotidien. « Faire habiter des gens différents au même endroit est important, mais cohabiter ne suffit pas à créer l’expérience de l’autre. Il faut que ça se traduise dans la manière dont on se côtoie, on se parle, on se confronte », juge l’édile, qui observe des différences « dans l’usage de certains lieux culturels ou de loisirs », comme les bars et les restaurants..

« Nous sommes dans un pays où la promesse d’égalité est extrêmement forte, constate Louis Maurin. Elle est écrite sur tous les frontons que chaque élève voit tous les jours : liberté, égalité, fraternité. Cela crée des attentes et des déceptions extrêmement fortes. » D’autant que le contraste peut se révéler violent entre la promesse d’égalité des chances et les trajectoires scolaires, influencées plus qu’ailleurs par le milieu d’origine. Or, « la ségrégation scolaire augmente, notamment du fait d’une différence croissante entre enseignement public et privé, même si toutes les situations ne sont pas homogènes », souligne le sociologue Marco Oberti.

Une ségrégation qui évolue indépendamment de celle du parc de logements, du fait des méandres de la carte scolaire et de ses contournements, soit au sein du public, soit du public vers le privé. Dans son ouvrage Vers la sécession scolaire ? (Fayard, 232 pages, 20 euros), le chercheur Youssef Souidi a ainsi montré que, « en moyenne, les élèves défavorisés vont dans des collèges plus défavorisés que leur voisinage, et inversement : les enfants favorisés vont dans des collèges plus favorisés que leur voisinage, et c’est d’autant plus vrai qu’ils vivent dans un quartier défavorisé ».

Si la question de la mixité irrigue de nombreuses actions publiques menées par les collectivités territoriales, nombreux sont ceux qui s’étonnent de l’absence quasi totale de cet enjeu dans le débat public national et de la timidité de l’action de l’Etat en la matière. Le sociologue Lorenzo Barrault Stella le résume : « Ce sont des évolutions larvées et qui ont des conséquences difficiles à percevoir, mais c’est une question politique centrale : on parle là ni plus ni moins que de la manière dont on fait société. »

Sylvie Lecherbonnier et Eléa Pommiers

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submitted 1 month ago by Klaq@jlai.lu to c/france@jlai.lu

Tu as peur ? Moi aussi.

Je me chie littéralement dessus et peine à réaliser qu'un votant sur 3 veut détruire le pays, ses valeurs.

Des sociologues peuvent m'expliquer le mécanisme d'exclusion de ces classes sociales constituant le vote RN, le sentiment de relégation, la respiration suffocante dans un climat médiatique d'insécurité culturelle, les usines qui ferment, la délinquance, les réformes insultantes, la baisse du pouvoir d'achat. Le bleu, le blanc et le rouge comme ultime refuge, l'identité nationale quand t'as plus d'identité de travail, de cité, de croyances.

Mais j'y crois pas. Le truc que je sens, au plus profond de moi, c'est ce qu'un mec le soir du 1er tour à appeler un vote d'enthousiasme. Ça les fait littéralement bander, pulsion autoritaire, désir de revanche, vouloir à nouveau se sentir maître à bord, en capacité d'exploser des gueules.

Pas grand monde à tilter sur la majorité absolue. Euphémisme de plein pouvoir.

Ça ne veut pas la paix dans les cités, la fin du trafic de drogue, ça veut un remake de la cité de Dieu, des images de Raid qui foutent des gros flingues dans la bouche de jeunes racisés, filmés en 4K en live diffusion sur Cnews. Ça veut pas remettre en question les droits des LGBTQI+, ça veut les humilier, les mettre dans dans états de honte, de marginalité, ça veut les voir aplatis puis écrasés.

Ce qu'ils veulent c'est une guerre civile. La pire ironie de l'histoire : sous prétexte de nationalisme ils veulent nous diviser plus que jamais. Trier le vrai français qui n'existe pas de l'ivraie barbue, lesbienne, chômeur etc etc. Ils oublient que leur nous racistes, sexistes, ne pourra qu'être minoritaire et le sera toujours.

Leur France n'existe pas. Leur France c'est le claquement imbécile du drapeau accroché dans la cour d'un bâtiment vide, c'est le ridicule d'un chant militaire là où il y a besoin d'entraide plus que d'armes. C'est un mollard face au vent.

Le pire, ce qu'ils ignorent ou feignent de pas voir : c'est que tous les gens qui taffent pour eux, qui torchent le cul de leur vieux, nettoient leur rue, administrent leur existence, les soignent, conduisent leur train, leur bus, leur sert à boire au camping, participent à leur divertissement, ce sont ceux qu'ils veulent voir disparaître.

Alors ouais, comme d'habitude, on va serrer les dents. Se serrer les coudes. On habite ici, on est née ici. Ils défendent un projet mort servant un fantasme, nous avons le réel de notre côté.

Alors même si j'ai peur, je sais qu'on sera toujours plus nombreux.

[-] Klaq@jlai.lu 5 points 1 month ago

TLDR : On veut pas perdre nos subventions.

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Merci d’être arrivé.e jusqu' ici et pour votre soutien !

La consigne :

Vous pouvez écouter librement les titres en ligne sur Bandcamp ou demander un lien de téléchargement de la compilation à cette adresse : fmi.compilation@gmail.com en échange d'une preuve de don (une capture d’écran) à une des assos suivantes:

Liste non-exhaustive

• NIVEAU NATIONAL & INTERNATIONAL •

Utopia 56

https://utopia56.org/

(Solidarité personnes migrantes et réfugiées)

Les soulèvements de la Terre https://lessoulevementsdelaterre.org/soutenir

(Solidarité luttes écologistes et sociales)

ACRIMED (Action critique média)

https://boutique.acrimed.org/don

(Solidarité luttes culturelles)

Le STRASS - Syndicat du TRAvail Sexuel en France

https://strass-syndicat.org/

https://www.helloasso.com/associations/syndicat-du-travail-sexuel-strass/formulaires/1

(Solidarité luttes travailleurSEs du sexe)

l'Assemblée des Quartiers

Acteur.ices des quartiers qui regroupent plusieurs assos, initiative lancée il y a 2 mois. Iels travaillent à s'implanter sur le territoire :

https://www.instagram.com/assembleedesquartiers/

https://www.helloasso.com/associations/les-quartiers-s-en-melent/collectes/lancement-de-l-assemblee-des-quartiers

(Solidarité Quartiers populaires)

OBSERVATOIRE INTERNATIONAL DES PRISONS

https://boutique.oip.org/719_p_51858/je-fais-un-don.html (Solidarités droits et dignité des personnes incarcérées)

DRIFT - Développement et Réseau d'Initiative Féministe Transrégionale

https://www.helloasso.com/associations/drift-developpement-et-reseau-d-initiative-feministe-transregionale

(Solidarité luttes féministes et LGBTQIA+ en région)

PALMED

https://palmedeurope.fr/index.php/faites-un-don

(Solidarité Palestine)

URGENCE PALESTINE

https://urgence-palestine.com/

https://www.helloasso.com/associations/jeune-palestine/formulaires/1

(Solidarité Palestine)

ACCEPTESS T - Actions Concrètes Conciliants : Education, Prévention, Travail, Équité, Santé et Sport pour les personnes Trans https://www.acceptess-t.com/

https://www.helloasso.com/associations/acceptess-t/formulaires/2/

(Accueil, accompagnement et luttes pour les droits des personnes Trans)

L'INSAART

https://www.insaart.org/copie-de-home

(Solidarité santé mentale - culture)

Confédération Paysanne https://www.confederationpaysanne.fr/gen_article.php?id=2265&t=AGIR%20!

(Solidarité luttes paysannes anticapitalistes et écologistes)

Le Planning Familial

https://www.planning-familial.org/fr/faites-un-don-au-planning-familial-119

(Education populaire. Accueil et accompagnement des personnes pour la défense des droits reproductifs et sexuels, lutte contre les inégalités de genres)

SOS MÉDITERRANÉE https://don.sosmediterranee.org/arya/~mon-don?_cv=1

(Solidarité droits des personnes migrantes et réfugiées en mer)

BANLIEUE CLIMAT https://banlieues-climat.org/don (Solidarité luttes écologistes en quartiers populaires)

COLLECTIF QRA - Queer Racisé·e·s Autonomes

https://www.instagram.com/collectif_qra/?hl=fr

https://www.paypal.com/paypalme/qtpocautonomes

(Solidarité LGBTQIA+ décolonial antiraciste)

Projet Cafi (Coordination des Actions aux Frontières Intérieures)

https://projet-cafi.com/

(Solidarité droits des personnes migrantes et réfugiées aux frontières)

ANAFE (Association Nationale d’Assistance aux Frontières pour les Etrangers) http://www.anafe.org/

(Solidarité droits des personnes migrantes et réfugiées aux frontières)

Project Ground Zero (Film)

https://www.masharawifilms.org/fr/donation/

https://www.mediapart.fr/journal/international/140524/gaza-si-ce-n-est-pas-un-genocide-je-ne-sais-pas-ce-que-c-est

(Solidarité Gaza pour qu'elle raconte son histoire)

• PARIS & IDF •

FRONT 2 MÈRES / VERDRAGON

https://www.front2meres.org/soutenir/

(Solidarité luttes contre les discriminations et les violences faites aux enfants et écoféminisme)

Le comité des jeunes de Belleville pour les mineur.es isolé.es

https://www.instagram.com/belleville.mobilisation/

Leur cagnotte : https://www.helloasso.com/associations/liberte-egalite-papiers/formulaires/1

(Solidarité mineur•es isolé•es Paris Belleville)

Collectif Wilson

https://www.helloasso.com/associations/soutien-a-wilson

(Solidarité personnes migrantes et réfugiées Paris Nord-Est)

CENTRE PRIMO LEVI - Soin et au soutien des personnes victimes de la torture et de la violence politique exilées en France.

https://primolevi.org/agir-et-donner/faire-un-don

(Solidarité personnes migrantes et réfugiées)

Les midis du mie

https://www.lesmidisdumie.fr/

(Solidarité mineur•es isolé•es Paris)

Le Centre LGBTQIA+ de Paris et IdF https://www.centrelgbtparis.org/les-associations-adherentes

(Solidarité LGBTQIA+ Paris et IDF)

LAO POW’HER - Lieu d'Accueil et d'Orientation dédié aux jeunes femmes victimes de violences âgées de 15 à 25 ans

https://www.helloasso.com/associations/fit-une-femme-un-toit/collectes/je-soutiens-le-lao-pow-her

(Solidarité luttes contre les violences sexistes et sexuelles)

Le Bureau d’Aide et d’Accompagnement des Migrants et leur pôle LGBTQIA+

https://baamasso.org/fr/pole-lgbtq/

(Solidarité personnes migrantes et réfugiées LGBTQIA+ Paris et IDF)

Le collectif Décolonisons le Féminisme

https://www.instagram.com/decolonisonslefeminisme/

(Solidarité féminisme décolonial)

COLLECTIF HORS SSS

https://horslarue.org/agir/faire-un-don/

• NORD •

L'Auberge des Migrants

https://laubergedesmigrants.fr/fr/

(Solidarité personnes migrantes et réfugiées Calais)

Calais Food Collective

https://www.instagram.com/calais_food_collective

(Solidarité personnes migrantes et réfugiées Calais)

Association Salam

https://www.associationsalam.org/

(Solidarité personnes migrantes et réfugiées Calais)

• SUD-EST •

Roya Citoyenne (Vallée de la Roya)

https://www.facebook.com/royacitoyenne

(Solidarité personnes migrantes et réfugiées Alpes Maritimes)

SOROSA (Sororité, Solidarité, Accueil)

https://sorosa.fr/

(Soutien, accompagnement et défense des personnes exilées dans la Drôme)

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[-] Klaq@jlai.lu 6 points 1 month ago

Ma boulangerie faisait des dwich à 3.50 €, maintenant ils sont à 5.10 €, les salades elles sont passées de 4 € à 7 €. La carotte est immense.

Le dernier coup j'ai cracké mon PEL pour prendre un Subway 30 cm.

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submitted 1 month ago by Klaq@jlai.lu to c/france@jlai.lu

TLDR ; oui mais c'est compliqué.

[-] Klaq@jlai.lu 6 points 1 month ago

Capitalisme et drogue, épisode 1345.

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submitted 1 month ago by Klaq@jlai.lu to c/france@jlai.lu

Ne pas bouder les bonnes nouvelles, même si tardives.

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submitted 1 month ago by Klaq@jlai.lu to c/france@jlai.lu

Plein de choses intéressantes dans ce rapport.

[-] Klaq@jlai.lu 6 points 1 month ago* (last edited 1 month ago)

Ils comptaient initialement s'allier aux LR et espérer que Glucksmann cède pour reprendre l'aile gauche du macronisme.

Je ne sais pas quel cabinet a parié ce scénar mais ils doivent s'en mordre les doigts, Macron a rien compris derrière (son deuxième mandat est tourné vers l'international, sa négligence des affaires intérieures l'a perdu) et Attal est sous-dimensionné pour assurer le SAV, là où Borne ou Philippe était en capacité. L'échec comme fuite en avant et le raidissement autoritaire de l'exécutif aura servi à rien. Même Attal hier au débat ne pouvait que cautionner les observations de Bompard, y'avait un côté tragique à ce niveau.

[-] Klaq@jlai.lu 7 points 1 month ago* (last edited 1 month ago)

N'ayant aucun arrières grands-parents nées en France, c'est avec un certain plaisir que je me démembrerai entre 3 pays pour satisfaire aux visions nationalistes en cours. Enfin dans la mesure où 2 de ces pays virent fachos aussi et que l'autre devient une théocratie bordélique, je doute qu'ils acceptent mes restes.

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submitted 1 month ago by Klaq@jlai.lu to c/france@jlai.lu

« Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l’oreille, on parle de vous. » Ce sont les mots que Frantz Fanon, psychiatre martiniquais et français, penseur du racisme antinoir, avait entendus de son professeur de philosophie, également d’origine antillaise, et qu’il rapporta dans son livre Peau noire, masques blancs (1952). Fanon raconte qu’il avait d’abord compris cette phrase d’une manière abstraite, au sens de la fraternité universelle. Mais il comprit plus tard qu’il s’agissait d’une alerte très concrète : « Un antisémite est forcément négrophobe », observait-il. Quelques décennies plus tôt, l’itinéraire de l’écrivain notoirement antisémite Louis-Ferdinand Céline avait commencé par un séjour au Cameroun dont le récit donna lieu à un racisme antinoir d’une rare brutalité, déniant toute conscience de soi aux « nègres », « négresses » et « négrillons » qu’il avait fait travailler comme porteurs dans ses entreprises prédatrices dans la forêt équatoriale.

Un négrophobe est logiquement antisémite. Au début des années 1970, le Front national (futur Rassemblement national) naît comme une mobilisation raciste issue de deux mouvements convergents : les nostalgiques antisémites du nazisme et de la collaboration, et les partisans de l’Algérie française. Mobilisés contre les Algériens tous indifféremment désignés « musulmans ».

Ce terme, en reprenant le langage colonial, qualifiait les Algériens en général – même ceux de religion catholique – ce qui donna l’étrange identification de « musulmans catholiques ». Cette signification revient aujourd’hui, par exemple avec l’expression « musulman d’apparence » utilisée par Nicolas Sarkozy en 2012 en se référant au seul faciès.

Ancrage des migrations dans toutes les sociétés

Dès les années 1980, le Front national a converti son idéologie raciste en prenant comme cheval de bataille politique les immigrés postcoloniaux (maghrébins et subsahariens), devenus depuis la fin des années 1990 les « migrants ». La boucle est bouclée : le racisme antijuif, antinoir et antimusulman est le moteur de l’extrême droite d’hier à aujourd’hui. Et le thème de la migration, présenté par le Rassemblement national comme un problème urgent de sécurité et d’identité pour tous les Français et leur territoire, masque une infrapensée raciste réactivée face à la circulation des personnes issues des pays anciennement colonisés.

Les faits eux-mêmes, ceux qui concernent la mondialisation humaine et plus précisément la circulation des personnes à l’échelle de la planète, parlent d’une réalité bien plus grande et ordinaire que tous les fantasmes véhiculés à leur propos. La part relative de la France dans l’arrivée des migrants et réfugiés est plutôt en dessous des moyennes européennes. Et le lien systématique entre la migration et l’insécurité n’est pas prouvé par les données statistiques.

Depuis 2018, les nombreuses recherches produites par l’Institut Convergences Migrations décrivent l’ancrage des migrations internationales dans toutes les sociétés, de départ, de transit et d’arrivée, les transformations sociales et culturelles que vivent les personnes en migration et celles qui les accueillent, mais aussi l’ampleur des violences vécues par les personnes issues de pays du Sud face aux politiques hostiles de la plupart des Etats européens. Seule la mobilisation des sociétés civiles locales permet d’offrir un peu de répit et de soin.

Dans ce moment où nous avons la main pour choisir notre futur gouvernement, il est important de se souvenir du « deux poids, deux mesures » des politiques et discours des gouvernements français et européens en faveur de l’accueil des Ukrainiens, et des réticences voire de la franche hostilité des mêmes, face aux personnes fuyant l’Afghanistan, le Moyen-Orient ou l’Afrique subsaharienne.

Des responsables politiques, même de droite, ont pu défendre l’hospitalité des réfugiés ukrainiens parce qu’« ils [leur] ressemblent », déclara l’un d’eux. La France a pu accueillir 100 000 réfugiés ukrainiens et l’Europe 5 millions, sans que cela provoque le moindre campement de rue, sans polémique, sans accusation des associations pour « délit de solidarité », mais au contraire en mobilisant « d’en haut » le tissu associatif et les citoyens solidaires. Pour les autres, comme on sait, on retrouve le même langage depuis les années 2000, fait de la peur de l’« invasion » et du « remplacement » de population, comme si se rejouait la scène identitaire des « autres » aux airs de barbares.

Regarder autour de soi Que répondre ? On peut dire et répéter, bien sûr, que ces pseudo-descriptions implicitement racistes de la migration sont en contradiction avec les réalités du monde d’aujourd’hui. On peut expliquer que la « crise migratoire » est une crise de l’accueil, et que des choix politiques clairs (régularisation des travailleurs sans papiers, mise à l’abri et accès au travail et aux soins des personnes en situation précaire) auraient un effet immédiat de pacification sociale.

Mais on peut aussi inviter tout le monde à se faire un peu anthropologue, en regardant autour de soi, dans sa vie quotidienne, dans son travail, son bourg ou son quartier, la couleur de peau brune, noire, ou jaune, ou l’origine non française, des amis et voisins. Il est rare, pour ne pas dire exceptionnel, que chaque Français n’ait pas dans sa propre généalogie (ascendants, descendants, collatéraux et conjoints) des personnes à la couleur de peau, à l’accent ou au nom « qui ne font pas français ». Il est rare que cette altérité proche n’ait pas quelque chose à voir avec le passé colonial de la France, en Afrique, Asie, Océanie, au Proche-Orient ou aux Antilles.

En regardant ainsi autour de soi, on pourra entrevoir combien de personnes – et quelles personnes – seraient supprimées de notre vie commune si l’on appliquait le principe défendu par François-Xavier Bellamy, député européen de droite, voulant faire aussi bien que l’extrême droite et déclarant dans un débat télévisé [le 24 mai 2023 dans « C ce soir », sur France 5] que les immigrés de la première, de la deuxième et même de la troisième génération n’ont pas leur place dans notre communauté nationale.

Que l’on regarde, que l’on compte autour de soi, cela met en danger plus du tiers de la population française. Ce n’est donc pas la question de la migration qui inquiète l’extrême droite et la droite derrière elle. C’est la part d’étrangeté que chacun a en soi, chaque personne et tout le pays. Reconnaître cette part est la meilleure réponse à toute politique fondée sur la peur des autres.

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submitted 1 month ago* (last edited 1 month ago) by Klaq@jlai.lu to c/france@jlai.lu

Décédé brutalement du sida en juin 1984, Michel Foucault l'un des intellectuels les plus lus et commentés dans le monde. Mais loin du penseur dans sa tour d'ivoire, le philosophe fut également un homme engagé, bien ancré dans son siècle. Du mai 68 tunisien jusqu'au prestigieux Collège de France, des parvis des prisons françaises jusqu'au soleil de la Californie psychédélique des années 70, retour sur la vie et l'oeuvre de Foucault, marquée par des métamorphoses successives, à travers la puissance d'évocation de l'archive et grâce au pouvoir de transfiguration de l'animation.

[-] Klaq@jlai.lu 7 points 1 month ago* (last edited 1 month ago)

Une légende raconte que dans un hameau du Loiret se trouve quelqu'un qui aurait percé l'algo de Tinder et aurait reçu une offre de 100k USD de la part du gouvernement français pour la dupliquer sur une appli qui s'appellerait France Baise Ouais afin de relancer le réarmement démographique.

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Klaq

joined 2 months ago