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Bienvenue sur Monde, une communauté francophone dédiée à l'actualité et la culture internationale.

Le week-end, sous le pseudo de @biscuit@kbin.melroy.org je posterais un peu de culture, histoire de faire une pause sur l'actualité internationale. :)

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Presse et média

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Présidentielle américaine : comment Kamala Harris pourrait remplacer par défaut Joe Biden

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https://www.huffingtonpost.fr/international/article/presidentielle-americaine-comment-kamala-harris-pourrait-remplacer-par-defaut-joe-biden_236375.html

Alors que l’état de santé de Joe Biden inquiète, le nom de sa vice-présidente émerge progressivement pour le remplacer dans la campagne présidentielle.

#ElectionUSA #USA #JoeBiden #DonaldTrump #KamalaHarris

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Chine : Xi Jinping règle ses comptes au sein du Parti à l’approche du troisième plénum

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Rendez-vous politique majeur, repoussé de plusieurs mois en juillet, la préparation du troisième plénum n’échappe pas à la règle depuis quelques années. Xi Jinping en profite pour « nettoyer » le Parti des réseaux qu’il estime menaçant pour son pouvoir. C’est le tour de Wu Yingjie, l’ancien chef du parti au Tibet.

#Asialyst #Chine #XiJiping #3èmePlenum

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Chine : dans l’antichambre du troisième plénum, entre discipline du Parti et sécurité politique

@monde

C’est chaque année le rendez-vous politique majeur pour fixer les grandes orientations économiques de la Chine.

Son report a suscité toutes les spéculations Mais il faut tempérer les attentes de certains observateurs, qui pensent encore que les choses pourraient changer dans le pays de Xi Jinping.

#Asialyst #Chine #Economie #3èmePlenum #XiJiping #PCC

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L’Inde et "Modi 3.0" : quels changements ?

@monde

https://asialyst.com/fr/2024/06/27/inde-modi-changements/

La victoire électorale de Narendra Modi a été beaucoup moins spectaculaire qu’il ne l’avait souhaitée. Son parti le BJP n’a obtenu qu’une majorité relative qui l’oblige à composer avec deux partis régionaux pour gouverner le pays. Les analystes s’interrogent sur la nouvelle trajectoire que va imprimer Modi. Changement ou continuité ?

#Asialyst #NarendraModi #Inde #BJP #Politique

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Il y a quelque chose d’émouvant chez Lidia Cruz, cheveux châtain frisés, institutrice quinquagénaire pleine d’énergie au sourire désarmant. Son tee-shirt vert dit «Guanarteme, en risque d’extinction». Le slogan est auréolé du dessin d’une sorte de surhomme barbu à la longue chevelure : un certain Tenesor Semidán, alias Fernando Guanarteme, dernier roi indigène des Canaries, mort en 1496 peu avant la colonisation de l’archipel par les Espagnols. Guanarteme, c’est aussi le quartier populaire où elle vit depuis un demi-siècle, au numéro 17 de la rue Luchana, une maison modeste à l’ancienne, avec sa mère et ses deux filles. A une encablure de là, elle désigne deux édifices flambant neufs de 12 et 17 étages, et un chantier gigantesque qui a coupé la rue en deux pour y édifier un complexe hôtelier. Les pelleteuses y bataillent contre des remontées d’eau du sous-sol.

«Vous croyez qu’on aurait été consultés pour ces folies démesurées ? C’était un quartier tranquille, d’ouvriers, avec ses garages, ses ateliers et sa fabrique de tabac. Et aujourd’hui ces monstres de béton, et le bruit, et les camions, et la fatigue nerveuse. Dans ce nouveau chantier, le 35m² y est annoncé à au moins 900 euros. Qui peut s’offrir cela ici ? interroge-t-elle. Personne. Les gens partent vers la périphérie insalubre, les jeunes en premier. Le tissu social est mort, je ne reconnais plus personne. Moi, une Canarienne de génération en génération ! Spéculateurs, constructeurs, politiques, ils ont réussi à faire que je me sente comme ça, mes filles Xiomara et Idaira aussi. Ou bien on arrête cela, ou je ne sais pas quoi vous dire…»

Son sourire s’éteint, puis brille de nouveau lorsqu’elle évoque la mobilisation du 20 avril. Celle du «Trop, c’est trop». Des dizaines de milliers de Canariens répandus dans tout Las Palmas – la capitale de l’île de Grande Canarie –, plus de 200 000 dans tout l’archipel (soit 10 % de la population), pour pousser une clameur contre la massification du tourisme. «Les Canaries s’épuisent», «Mon immeuble n’est pas un hôtel», «Ici des gens vivent», «Ce n’est pas du tourisme, c’est une colonisation», «Et nous, où allons-nous partir ?» Les slogans visent tous les problèmes : le logement de plus en plus cher, les espaces naturels envahis, les infrastructures qui craquent, les ressources naturelles qui s’épuisent…

«Cette mobilisation est historique, elle sonne le réveil des consciences longtemps amorphes. Les gens n’en peuvent plus car tout est désormais rentabilisable, au plus offrant. Comme s’il fallait se prosterner devant le dieu Tourisme», lâche Enrique Reina, croisé place d’Espagne où de grandes figures de pierre représentent les activités primaires de l’archipel. Le jeune homme au bouc brun, membre du collectif «Taneckra» ( «indépendance» en langue berbère) revendique un orgueil local et dénonce une sensation d’étouffement. La situation de ce professeur d’histoire au chômage résume bien la schizophrénie de cette région espagnole perdue dans l’océan Atlantique. Dans sa demeure familiale vivent son père magasinier, sa mère malade d’un cancer et en arrêt maladie, et un frère accompagnateur de bus scolaires. «Chaque mois, tous ensemble, notre revenu atteint à peine les 1 000 euros. Comment on fait alors qu’un 30m² coûte 1 300 euros, effet de l’invasion touristique et de la gentrification ?» Haute saison permanente

En Espagne, deuxième destination touristique du monde derrière la France mais devant la Chine ou les Etats-Unis (85 millions de visiteurs en 2023, au moins 90 millions prévus cette année), cette massification fait des dégâts dans plusieurs territoires sensibles : Barcelone, Malaga, Madrid, îles Baléares… Mais nulle part autant que dans l’archipel canarien, aux ressources très limitées. Ici, le déséquilibre est vertigineux : 16,2 millions de touristes l’an dernier pour 2,2 millions d’habitants. Et la haute saison permanente, en raison du climat africain et ses alizés bienfaiteurs, attire Européens l’hiver et péninsulaires l’été. Véritable poule aux œufs d’or, le tourisme pèse 35,5 % du PIB régional, 40 % de l’emploi et 30 % des recettes fiscales. Sur la seule île de Grande Canarie, il a rapporté 22 milliards d’euros en 2023, en hausse de 12 % en un an.

Mais le Canarien ordinaire, lui, ne s’y retrouve pas, avec des salaires parmi les plus bas du pays (entre 900 et 1 200 euros en moyenne) et 34 % de la population en risque d’exclusion. Benayga, 30 ans, une des organisatrices de la manifestation monstre du 20 avril, y voit une forme de continuité historique. «Mes parents, oncles, grands-pères et arrière-grands-pères, tous ont travaillé comme employés sans aucun droit pour des patrons, ou bien ils ont émigré au Venezuela, ou en Espagne continentale. Nous les jeunes, aujourd’hui, on doit choisir entre émigrer ou se contenter de jobs sans qualification et mal payés dans un hôtel ou un restaurant. On n’a pas cessé de porter des plateaux pour les puissants. On n’a pas cessé d’être des esclaves. Va-t-on rompre avec cette fatalité coloniale ? C’est ça qui en est jeu aujourd’hui», assène cette infirmière.

De l’avis général, le surtourisme aiguise principalement le drame du logement et de l’espace disponible. A Grande Canarie, île dont la moitié du territoire, notamment les espaces protégés et inscrits au Patrimoine mondial, est inconstructible, la densité – 548 habitants au km² – dépasse celle du Japon. Dans ce contexte déjà surchargé, chaque nouvelle vague de touristes – ou, plus récemment, de «digital nomads» venus télétravailler au soleil – accentue les ravages sur le marché résidentiel. «Il y a un effondrement général, avec des dizaines de projets hôteliers et touristiques en cours», dénonce le documentariste Felipe Ravina.

Si la crise du tourisme explose aujourd’hui, c’est précisément parce que les logements à destination des vacanciers se multiplient comme des petits pains, de manière visiblement incontrôlée. «Dans l’archipel, on est passé de 5 000 à 54 000 logements de ce type en quelques années seulement», pointe Eugenio Reyes, de l’organisation Ecologistes en action. Depuis fin 2022, leur nombre a augmenté de près de 40 %, selon les chiffres du gouvernement régional. A tel point que les Canaries comptent désormais davantage de lits dans des appartements touristiques (plus de 261 000) que dans les hôtels (environ 256 000). «Le tourisme a 100 ans aux Canaries et il n’y avait jamais eu, avant, de problème majeur, complète Eugenio Reyes. Le conflit a surgi avec l’irruption de fonds spéculatifs qui transforment ou construisent des milliers de logements de 20 à 30 m². Lesquels, vu leur superficie et leur prix, sont uniquement destinés aux touristes, et pas aux résidents. Il faut absolument mettre des limites.»

Poser des limites : le diagnostic est désormais largement partagé. «Continuer à mesurer le succès du tourisme en termes quantitatifs est une irresponsabilité», lance José Luis Zorelda, d’Exceltur, l’association des 30 plus grandes entreprises du secteur. Même Jorge Marichal, le tout-puissant président d’Ashotel, qui regroupe l’essentiel des logements touristiques, reconnaît qu’il faut y mettre un frein. «En plus, c’est se tirer une balle dans le pied, estime un hôtelier de la longue plage de Las Canteras, à Las Palmas. Si les concentrations de visiteurs sont telles que les Canariens n’ont plus droit de cité, dites-moi quel est l’intérêt de venir ici, sans gastronomie, sans artisanat, sans art de vivre local ?» Une liste à laquelle le documentariste Felipe Ravina ajoute la préservation du patrimoine naturel, lui aussi sous pression. «Il est incompréhensible que les touristes ne dépensent pas 1 euro pour la biodiversité, si fragile ici, et sa conversation», déplore-t-il. Sans diversification, «la mort assurée»

Les autorités politiques semblent, elles aussi, avoir pris conscience du péril que constitue le sentiment généralisé de mal-être et de colère. Le gouvernement régional, gouverné par la droite, prépare ainsi un projet de loi pour limiter les usages touristiques. «La difficulté, c’est que ce type d’appartements s’infiltre partout, parfois en marge de la légalité, se défend le ministre adjoint au Tourisme, José Manuel Sanabria. Les mairies doivent exercer ce rôle de contrôle. Or, à Grande Canarie, il n’y a que deux communes qui appliquent des restrictions.»

Dans le quartier colonial de Las Palmas, où trône le palais qui héberge l’organe de gouvernement de l’île, son président, le «cabildo» Antonio Morales, du parti régionaliste de gauche Nuevas Canarias, ne botte pas en touche face au «problème crucial» posé par le surtourisme et ses conséquences sociales. «Ça fait vingt ans que l’exécutif régional n’a pas construit de logements sociaux. Si on ne régule pas le secteur, on va vers le pire. Par ailleurs, et nous avons commencé à le faire à Grande Canarie avec l’audiovisuel, le numérique ou l’aquaculture, il faut absolument diversifier l’économie. Mettre toutes ses billes dans le même panier touristique, c’est la mort assurée.»

Sortir de la monoculture touristique, si rentable que l’archipel y a longtemps lié son sort et sa prospérité, n’est toutefois pas chose aisée. D’autant que parfois, la loi s’en mêle, comme dans les «zones touristiques» établies dans les meilleurs lieux, le long des plus belles plages de l’archipel. Comme à la pointe sud de Grande Canarie, où les dunes de Maspalomas et la Playa del Inglès ressemblent à un gigantesque et luxueux complexe hôtelier muni de parcs aquatiques et de casinos. Tout le continent européen prospère semble y être réuni, et on peine à y détecter un Canarien qui ne soit pas serveur ou réceptionniste.

Depuis 2013, une loi oblige tous les propriétaires locaux d’un appartement situé dans cette vaste zone à le louer à un visiteur, via un «exploitant touristique». A l’ombre d’une palmeraie de Bahia Feliz, Maribe Doreste, qui préside un collectif de Canariens affectés par cette loi, détaille dans une colère froide : «On nous oblige à louer pour une misère à des touristes via des sociétés allemandes ou norvégiennes. Et depuis l’an dernier, on reçoit des amendes de 2 300 euros si on ne loue pas nos résidences secondaires voire, dans certains cas comme le mien, notre résidence principale !»

Dans le nord-ouest de l’île, dans la jolie localité de Galdar, bien plus authentique, Victor Suarez, membre d’un collectif qui lutte contre une centrale électrique géante, exprime son désenchantement : «Pendant longtemps, on nous disait «Soyez aimables avec les touristes», et on n’a rien contre eux ! Mais sur mon île, je ne suis plus chez moi. Un logement touristique m’a viré de mon appart de la Playa del Agujero. Et quand je vais au Roque Nublo, l’un des plus grands rochers du monde situé au centre de Grande Canarie, c’est le Machu Picchu…»

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« L’ami » français de Benyamin Nétanyahou a perdu son fauteuil. Après une décennie à l’Assemblée nationale, Meyer Habib (apparenté LR) n’est plus député. Celui qui fut l’un des membres les plus clivants de l’Hémicycle, où il défendit sans relâche la politique de la droite israélienne et de son chef, le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, qu’il fréquente depuis trois décennies, s’est incliné le 7 juillet dans la 8e circonscription des Français de l’étranger, face à une candidate Renaissance, Caroline Yadan, victorieuse avec 52,7 % des voix.

Meyer Habib, le député qui en faisait trop Arrivé en tête au premier tour, M. Habib a pâti d’une mobilisation importante dans cette circonscription qui comprend huit pays : Israël, l’Italie, Malte, Saint-Marin, le Vatican, Chypre, la Grèce et la Turquie. La participation s’élève à 24,3 % au second tour, un chiffre qui peut sembler dérisoire au vu de la moyenne nationale. Mais avec plus de 36 000 votants, il est deux fois plus important qu’à la législative partielle de 2023, convoquée après l’invalidation de l’élection de M. Habib pour des abus durant la campagne électorale de l’année précédente.

M. Habib a obtenu la majorité des suffrages en Israël le 7 juillet. Mais les voix décomptées ailleurs, notamment en Italie, lui coûtent son siège. Mme Yadan a aussi bénéficié d’un important report des voix de gauche, à l’appel de la candidate du Nouveau Front Populaire, Yaël Lerer, défaite au premier tour.

Une proximité avec Eric Ciotti

Dans une vidéo enregistrée devant le mur des Lamentations, à Jérusalem, dimanche soir, M. Habib, fameux pour ses outrances, a accusé sa concurrente de s’être « alliée avec l’extrême gauche antisémite. » Mme Yadan a suggéré pour sa part que son rival avait bénéficié du soutien du Rassemblement National (RN), qui n’a pas présenté de candidat dans sa circonscription.

Durant la campagne, M. Habib s’était vanté de sa proximité avec Eric Ciotti et avait ménagé le RN. Interrogé lundi par la chaîne israélienne Kan, il a souligné que « Marine Le Pen a doublé ses sièges. Je ne suis pas en sa faveur, mais elle est moins pire que l’extrême gauche qui déteste Israël. Ils ont attiré les Arabes de France (…) qui ne savent même pas où se situent la Palestine et la Jordanie sur une carte ».

Après l’attaque terroriste perpétrée par le Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023, et le début de la guerre à Gaza, Meyer Habib avait qualifié la population de Gaza dans son ensemble de « cancer ». Il avait apporté dans l’Hémicycle un appui sans nuance à la contre-offensive du gouvernement israélien, qui a causé, à ce jour, la mort de plus de 38 000 Palestiniens selon les autorités de santé de Gaza. Durant la campagne, dans des vidéos enregistrées à ses côtés, M. Nétanyahou et le ministre de la défense, Yoav Gallant, lui avaient offert leur soutien.

Sa successeure, Mme Yadan, avocate de 55 ans, est entrée à l’Assemblée nationale en juin 2022, en tant que suppléante du ministre de la transformation et de la fonction publiques, Stanislas Guérini. Elle a également ferraillé avec des députés de gauche sur la question de l’antisémitisme, et a suggéré dans un tweet, accompagné d’un clin d’œil, la dissolution de La France insoumise. Elle a félicité lundi M. Habib « pour son courage ».

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https://www.lemonde.fr/international/article/2024/07/08/au-japon-la-gouverneure-nationaliste-de-tokyo-se-reve-premiere-ministre_6247929_3210.html

Le tanuki (« raton laveur ») est un animal apprécié au Japon, où le folklore en a fait un maître de la métamorphose. Beaucoup de Japonais retrouvent ses talents dans Yuriko Koike, fervente nationaliste qui se rêve première ministre, après avoir été largement réélue, dimanche 7 juillet, avec 42,8 % des suffrages exprimés, pour un troisième mandat de gouverneure de Tokyo.

Baptisée « le raton laveur vert » – de la couleur de son « parti des citoyens en premier » –, cette ultranationaliste, âgée de 71 ans, a devancé plus d’une cinquantaine d’adversaires avec l’appui du Parti libéral démocrate (PLD, conservateur, au pouvoir). Son programme, nommé « Tokyo grandes réformes, 3.0 », s’appuyait sur trois piliers : « sécurité, diversité, smart city ». Elle a promis des mesures fortes pour l’environnement et les familles avec enfants, dans la lignée de ses efforts en faveur de la gratuité de la scolarité. De quoi séduire des Tokyoïtes inquiets du coût de la vie et du déclin démographique.

La gouverneure est notamment appréciée pour ses efforts en faveur des familles et de la préparation aux catastrophes dans une ville soumise à un fort risque sismique. Elle bénéficie d’une réelle stature internationale. « J’ai reçu le soutien inconditionnel des habitants de Tokyo qui, une fois de plus, m’ont demandé de promouvoir davantage de réformes et d’améliorer leurs conditions de vie », a déclaré Yuriko Koike, qui parfait ainsi son ancrage dans la capitale de 13,5 millions d’habitants.

Fait rare au Japon, la campagne a suscité un réel intérêt. Le taux de participation a atteint 60,6 %, contre 55 % en 2020. Elle a également été ponctuée d’incidents – huées, menaces – pendant les discours des principaux candidats, dont Mme Koike, et d’opérations d’affichage sauvage. « Je n’avais jamais vu ça », a regretté la gouverneure, ce qui ne l’a pas empêché de largement dominer ses adversaires. La première d’entre eux, Renho Murata, candidate soutenue par l’ensemble de l’opposition, misait sur un programme progressiste pour renverser la gouverneuse sortante.

Reproches.

Yuriko Koike est née en 1952 à Ashiya, dans le département de Hyogo (Ouest). Elle a étudié la sociologie à l’université Kwansei Gakuin avant d’intégrer l’université du Caire, un choix dicté par son père, négociant dans le domaine pétrolier et promoteur de liens solides avec les pays arabes. En Egypte, elle rencontre un étudiant japonais qu’elle épouse avant de divorcer quelques mois plus tard. Elle ne s’est jamais remariée.

Arabisante, même si des doutes planent sur la réalité de son diplôme cairote, Mme Koike a travaillé comme interprète, puis présentatrice, sur la chaîne privée TV Tokyo. Elle se lance en politique et est élue en 1992 pour la première fois à la chambre haute, avec l’appui du défunt Nouveau Parti du Japon.

Elle rejoint en 2002 le Parti libéral-démocrate (PLD), la quasi indéboulonnable formation au pouvoir au Japon. Ministre de l’environnement de 2003 à 2006, elle porte la populaire réforme des « Cool biz » et « Warm biz » qui incitent à adapter sa tenue aux saisons afin de limiter l’usage des climatiseurs l’été et du chauffage l’hiver. En 2007, elle devient la première femme à diriger le ministère de la défense, à la fin du premier mandat du très nationaliste Shinzo Abe – assassiné en 2022. En 2016, Mme Koike renonce au Parlement pour briguer le gouvernorat de Tokyo. Elle l’emporte, devenant la première femme à diriger la capitale japonaise. Elle est réélue en 2020.

Son action suscite toutefois des reproches, comme le non-respect de certains de ses engagements. Elle avait promu en 2016 les « douze zéro » : « zéro centrale nucléaire », « zéro gaspillage alimentaire » ou encore « zéro allergie au pollen ». Au final, résume l’écrivain Osamu Tekina dans un commentaire sans pitié : « Zéro réussite. Zéro réalisation. Zéro intelligence. Zéro responsabilité. Zéro pour toujours. Combien de fois nous, les humains, nous laisserons-nous berner par le vieux raton laveur ? »

Mme Koike se voit également critiquée pour son échec à faire de Tokyo un hub de la finance en Asie – une ambition affichée depuis 2017. Une partie de la population lui reproche le coût des Jeux olympiques de Tokyo de 2021, l’autorisation donnée au déménagement du marché aux poissons de Tsukiji ou au controversé projet de redéveloppement du quartier verdoyant de Jingu Gaien. Ses concepteurs, menés par le géant de la construction Mitsui, prévoient d’abattre des centaines d’arbres et de bâtir de nouvelles tours, une aréna et un nouveau stade de baseball.

Indéniable talent de communicante.

L’ancrage nationaliste de Yuriko Koike lui vaut son lot de polémiques. En 2023, Tokyo commémorait le centenaire du tremblement de terre qui fit 105 000 morts dans la capitale et sa région. La gouverneure a refusé de rendre hommage aux victimes coréennes des massacres commis par la police et la population dans les jours qui ont suivi le séisme. Elle s’est fréquemment rendue au très controversé sanctuaire Yasukuni, dédié à Tokyo aux soldats morts pour la patrie, y compris à certains criminels de guerre de la seconde guerre mondiale.

Son indéniable talent de communicante a permis de surmonter ces attaques. Il lui avait déjà servi en 2020 au début de la pandémie de Covid-19, quand le gouvernement semblait dépassé par la crise sanitaire. Sa gestion du virus, menée à travers des messages de bon sens délivrés quotidiennement sur YouTube, avait contribué à sa réélection pour un deuxième mandat à l’été 2020.

Son troisième succès à la tête d’une ville doté d’un budget à 14 000 milliards de yens (80 milliards d’euros) l’impose un peu plus dans un paysage politique nippon fragmenté, entre l’impopulaire premier ministre, Fumio Kishida, et une opposition peu audible. Forte de sa victoire, estime Hiroshi Shiratori, de l’université Hosei, Mme Koike pourrait « se lancer dans la course au poste de premier ministre ».

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Mais qu'ils sont con ces humains dès qu'on les mets en position de pouvoir...

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Alexandra de Hoop Scheffer, diplomate : « Dans le logiciel américain, l’Europe est de moins en moins présente »

Alexandra de Hoop Scheffer dirige le bureau parisien du German Marshall Fund, une institution qui défend des relations équilibrées entre l’Europe et les États-Unis. Avant le 75e sommet de l’Otan, qui se tient du 9 au 11 juillet à Washington, cette Franco-Néerlandaise observe, non sans inquiétude, le décrochage des Européens.

Recueilli par Olivier Tallès et Pierre Sautreuil, le 03/07/2024 à 16:39. Lecture en 10 min.

La Croix L'Hebdo : Une partie de votre tâche à la tête du bureau parisien du German Marshall Fund consiste à jouer un rôle de médiateur entre la France et ses alliés. Comment nos voisins et partenaires européens ont-ils perçu les résultats des européennes en France et l'annonce de nouvelles élections ?

Alexandra de Hoop Scheffer : Mon téléphone ne cesse de sonner à ce sujet. J'ai énormément de questions de la part de nos partenaires européens et américains, qui s'inquiètent de la situation politique en France, mais aussi en Allemagne, marquée par la défaite de la coalition du chancelier Scholz aux européennes. Le résultat du scrutin européen entérine la crise du couple franco-allemand et l'affaiblissement de ses dirigeants politiques. Il pousse nos voisins à s'autonomiser par rapport aux deux poids lourds de l'Europe et accélère la reconfiguration du paysage européen qui était en cours. Le premier ministre polonais a d'ailleurs indiqué, après l'annonce de la dissolution en France, que cette décision faisait peser sur les épaules de la Pologne une responsabilité de plus en plus grande quant à l'avenir de l'Union européenne.

Quel sera l'impact du scrutin sur le poids de la France au sein des Vingt-Sept ?

A. de H. S. : Nos voisins nous percevaient déjà comme un pays en proie à une instabilité chronique, du fait de l'absence de majorité absolue. La prochaine Assemblée risque d'être encore plus morcelée et de déboucher sur une probable cohabitation. Les élites politiques allemandes se trouveront confortées dans leur diagnostic d'une France en phase de décrochage.

Cela les poussera à court-circuiter davantage Paris et à forger des alliances avec d'autres pays européens. La France aura plus de difficultés à faire passer ses idées à l'échelle européenne, à un moment où Emmanuel Macron avait réussi à prendre les rênes de la politique de soutien à l'Ukraine.

Deux jours après le second tour des législatives, s'ouvrira à Washington le sommet de l'Otan. Vous qui étudiez depuis deux décennies la relation transatlantique, comment diriez-vous qu'elle se porte aujourd'hui ?

A. de H. S. : Elle est confrontée à une double polarisation. On assiste d'une part à l'émergence de blocs, d'alliances et de contre-alliances. La relation États-Unis-Chine est devenue le facteur structurant de tous les autres aspects des relations internationales. Et la deuxième polarisation est d'ordre d'interne, avec la poussée des extrêmes en Europe et aux États-Unis. Le paquet d'aide américain à l'Ukraine a ainsi été littéralement pris en otage pendant six mois, pour des questions de politique intérieure, à cause de la minorité trumpiste. Ces facteurs ont des conséquences directes sur les possibilités de coopérer.

La guerre en Ukraine n'a-t-elle pas souligné le décrochage de l'Europe vis-à-vis de Washington ?

A. de H. S. : L'invasion russe de l'Ukraine a en effet révélé la profonde dépendance des Européens aux États-Unis et à leur garantie de sécurité. C'est le retour du gendarme américain sur le Vieux Continent, du fait de l'incapacité des Européens à assurer leur propre sécurité. Ce retour s'effectue contre son gré d'ailleurs, car l'obsession des États-Unis reste d'abord la Chine, considérée comme la principale menace à moyen et long termes. L'Europe, de son côté, est en train de décrocher sur tous les aspects par rapport aux États-Unis : technologique, économie, transition verte, militaire...

Je vis au quotidien cette forme de déséquilibre constant dans la relation transatlantique. J'observe un leadership américain prédominant et une Europe qui a très peu de marge de manoeuvre pour véritablement se faire entendre. Le constat étant posé, cela ne doit pas nous empêcher de renforcer le pilier européen au sein de la relation transatlantique. La tendance américaine est de nous dire que nous, Européens, nous devons prendre notre destin en main en augmentant nos capacités de défense.

Comment rééquilibrer cette relation ?

A. de H. S. : Je peux vous dire que lorsque l'administration américaine, que ce soit Biden, Obama ou Trump, voit un représentant de l'Union européenne ou d'une capitale européenne qui vient avec des propositions, voire qui met au défi la vision de Washington, celui-ci renforce sa crédibilité face aux Américains. Ça ne leur plaît pas toujours, et d'ailleurs la France est un des pays qui parlent le plus fort en la matière, mais je trouve que c'est très sain d'avoir ce dialogue franc et direct avec notre partenaire américain.

Alexandra de Hoop Scheffer / emmanuelle marchadour / emmanuelle marchadour

En quoi votre travail au German Marshall Fund participe-t-il à l'amélioration de cette relation transatlantique ?

A. de H. S. : Nous sortons du court-termisme et des crises pour mettre sur le radar des autorités politiques, militaires et économiques des questions, des enjeux qui aujourd'hui ne sont pas aussi aigus que les guerres en Ukraine et à Gaza, mais qui pourraient le devenir d'ici quelques mois ou quelques années. Notre seconde mission est de réunir autour de la table des acteurs qui comptent - politiques, industriels, société civile, universitaires - afin de croiser les regards et de faire avancer la conversation sur les sujets clés. Je suis aussi en constant dialogue avec ceux qui prennent des décisions au plus haut niveau politique, militaire et privé.

Pour donner un exemple, juste après Aukus(accord de coopération entre l'Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis, au détriment de la France, NDLR), qui a beaucoup marqué la relation franco-américaine, j'ai été mobilisée pour être une actrice de la diplomatie de réparation. J'ai pu avoir des discussions très directes, parfois assez brutales, avec des membres de l'administration Biden, afin d'expliciter les ressorts de cette crise et la manière dont la France avait vécu cette décision. Il s'agit d'un travail de médiateur et de facilitateur de dialogue.

Ce dialogue entre Européens et Américains est-il devenu plus difficile ces dernières années ?

A. de H. S. : On s'inquiète beaucoup du retour de Trump au pouvoir mais on néglige le scénario d'un Biden-bis. Si je fais le bilan de sa présidence, c'est le retrait précipité et chaotique d'Afghanistan avec finalement très peu, voire aucune consultation avec les alliés européens, puis l'épisode Aukus. Vous avez ensuite une série de décisions sur le plan économique et technologique qui s'inscrivent dans le cadre de la compétition avec la Chine, mais sans que la Maison-Blanche prenne en compte à aucun moment les intérêts européens, ni n'engage de discussions en amont sur le risque que cela comporte de fragiliser l'Europe. Dans le logiciel américain, l'Europe est de moins en moins présente.

À l'inverse, depuis Barack Obama, on observe une pression grandissante sur les industries et les entreprises européennes afin qu'elles s'alignent sur la politique américaine vis-à-vis de la Chine. Le champion des semi-conducteurs aux Pays-Bas subit ainsi une pression énorme pour cesser d'exporter certaines technologies dites « très sensibles ». Quand Joe Biden dit que l'Amérique est de retour, il a un agenda très précis de réindustrialisation et d'investissement dans les infrastructures et la tech. Il rassure les Européens sur son soutien mais en échange, et de façon de moins en moins subtile, il demande un soutien contre la Chine, notamment dans le cadre de l'Otan.

Vous vous présentez comme un acteur neutre mais finalement, vous défendez la vision française...

A. de H. S. : Je suis profondément, viscéralement française. J'étais au King's College de Londres en 2003 dans le cadre de mon année d'échange de Science Po. Jacques Chirac y était présenté comme l'homme qui avait résisté à l'Amérique. J'étais complètement aligné sur cette position, qui était la mise en oeuvre de l'idée d'autonomie stratégique, politique et diplomatique. Pour avoir grandi à New York, j'ai compris très jeune les divergences culturelles et de vision du monde que portent les États-Unis et la France, mais en même temps, notre profonde complémentarité. Et c'est donc ce sur quoi je travaille. Il n'y a rien de pire que d'arriver devant un responsable américain et de lui dire : « Je suis d'accord avec tout ce que vous venez de dire. » À mon grand regret, la France se trouve souvent seule dans cette posture de défier les États-Unis en tant qu'allié. L'Allemagne ne nous suit pas du tout, du fait de sa relation de dépendance militaire.

La France se targue d'avoir la bonne posture, de bonnes idées, de bons concepts en matière stratégique, mais reste souvent isolée. Comment expliquez-vous cette incapacité à communiquer sur ses concepts ?

A. de H. S. : Il y a un problème de méthode. On pourrait davantage s'inspirer de l'Allemagne, qui sait construire et travailler en coalition, parce qu'elle est elle-même une coalition. Ce n'est pas simple, il faut s'entourer, créer une constellation de partenaires, ce qui demande beaucoup de travail, de temps, de rencontres, de pouvoir de conviction. En France, traditionnellement, on pense qu'il suffit de faire un beau discours à la Sorbonne ou ailleurs, et que l'ensemble de nos partenaires européens vont le comprendre et y souscrire, ce qui est faux.

Nous n'investissons pas assez dans notre stratégie partenariale. Je ne crois pas du tout à une Europe à 27 sur tous les sujets. Il faut peut-être revoir à la baisse certains projets, par exemple de coopération industrielle avec l'Allemagne, et au moins essayer d'aboutir à des résultats concrets.

Tout le monde parle de souveraineté européenne de la défense, mais on constate que, depuis 2022, nos alliés en Europe se sont précipités sur le matériel américain, qui représente 70 % des achats d'armes des Européens. Comment expliquez-vous cette frénésie d'achat ?

A. de H. S. : L'industrie de la défense européenne, après des années de désinvestissement chronique, n'est pas capable de fournir, à la cadence que requiert la guerre en Ukraine, les munitions, les obus, les chars... Dans ce contexte d'urgence, on se tourne là où il y a de la disponibilité, c'est-à-dire l'industrie de défense américaine, mais aussi la Corée du Sud et la Turquie pour les drones. Le discours français, qui est de donner la priorité à l'industrie européenne, est tout à fait juste, mais il s'agit d'un projet de moyen et long termes. Acheter américain, c'est aussi une manière pour la grande majorité des pays européens de faire plaisir au Pentagone, qui espèrent s'offrir ainsi la garantie de sécurité américaine.

Alexandra de Hoop Scheffer présente Transatlantic Trends 2023, la publication phare du German Marshall Fund of the United States (GMF), qui fournit aux décideurs politique une analyse approfondie et complète de l'opinion publique sur les questions politiques, tendances économiques et stratégiques. / emmanuelle marchadour / emmanuelle marchadour

Donald Trump s'est montré très critique vis-à-vis de l'Otan. Croyez-vous possible un retrait en cas de victoire ?

A. de H. S. : Je n'y crois pas du tout, et d'ailleurs l'équipe autour de lui ne soutient pas cette idée. Il s'agit d'une tactique de déstabilisation des alliés européens. L'Otan est un outil de pression de luxe que Donald Trump ne lâchera pas demain. Tout comme l'aide à l'Ukraine ne s'interrompra pas. De grosses boîtes de la défense américaine se rendent à Kiev pour signer des contrats.

On peut s'attendre en revanche à un scénario de crise, dans le voisinage est ou sud de l'Europe, où les États-Unis nous diraient : « Ce n'est pas notre intérêt vital. C'est à vous de gérer. » Les États ont beau acheter américain, cela ne leur garantira d'aucune manière le déclenchement de l'article 5 de l'Otan (une attaque contre un des membres déclenche la riposte des autres, NDLR) dans le cas, par exemple, où la guerre en Ukraine déborderait sur le reste du continent.

On a parfois le sentiment que les Américains aident l'Ukraine à reculons...

A. de H. S. : Ce qu'ils ne veulent pas, c'est le risque d'un engagement militaire massif. Les délais s'allongent de plus en plus dans la livraison d'armements à l'Ukraine, car les stocks sont préservés en vue d'un hypothétique conflit avec la Chine autour de Taïwan. Dans les discussions préparatoires au 75e sommet de l'Otan qui se tiendra du 9 au 11 juillet à Washington, les Américains veulent poursuivre et institutionnaliser l'aide aux Ukrainiens, mais ils ne leur proposeront pas de manière explicite une place de membre au sein de l'Alliance.

Ils poussent les Européens à signer des accords de sécurité bilatéraux avec Kiev mais ont paraphé le leur après les autres. Concernant l'aide militaire, ce sont les Européens qui ont proposé de livrer des avions de chasse et des missiles longue portée, surmontant la réticence du président Joe Biden. Ni lui, ni Donald Trump ne veulent que les États-Unis se trouvent impliqués directement dans ce conflit. Je pense toutefois que les Américains enverront des armes plus sophistiquées et à plus longue portée le jour où les Russes parviendront à enfoncer les lignes de défense ukrainiennes.

À vous entendre, on a le sentiment que l'Otan est finalement moins un atout qu'une faiblesse en matière de défense européenne...

A. de H. S. : L'Otan est une énorme machine à faire travailler et coopérer les armées d'une trentaine de pays, ce qu'aucune autre organisation ne permet. Cette interopérabilité est un vrai luxe. Mais il est vrai que l'organisation est façonnée par les priorités stratégiques des États-Unis du fait de leur poids politique, militaire et financier. Je pense que Paris n'a pas suffisamment utilisé les leviers dont il dispose au sein de l'Alliance pour renforcer cette idée de pilier européen de la défense. Renforcer les capacités européennes, ce n'est pas affaiblir l'Otan, bien au contraire. J'observe d'ailleurs que la France a décidé de réinvestir davantage la structure otanienne en y envoyant ses militaires et diplomates.

Votre oncle a été secrétaire général de l'Otan (2004-2009). Est-ce de là que vient votre appétence pour les questions de défense ?

A. de H. S. : Je suis née au Danemark. J'ai grandi à New York, au Benelux, en Scandinavie. Ces voyages m'ont donné envie de décrypter les visions des uns et des autres. J'ai été très tôt intéressée par la diplomatie et les enjeux géopolitiques. Mais c'est la crise irakienne qui m'a vraiment marquée. Comment était-il possible d'engager des troupes sur un terrain complexe pour une cause aussi mal définie ? J'ai d'ailleurs manifesté contre la guerre en Irak à cette époque.

Que pensez-vous à ce propos des manifestations à Sciences Po contre l'intervention israélienne dans la bande de Gaza ?

A. de H. S. : Le blocage d'une université ou d'un lieu où on est censé étudier l'art du débat est contreproductif. Au contraire, Sciences Po doit servir de forum, de cadre de débat, y compris sur les sujets les plus difficiles. Je l'ai toujours connu comme un écosystème entre les étudiants, le corps enseignant et la direction. On l'appelle la maison et c'est ma maison. Entre 2000 et 2011, j'y ai étudié, passé ma thèse et enseigné. L'objectif de Sciences Po n'est pas d'attiser les débats mais de revenir au coeur des discussions et de rétablir une forme de réconciliation entre les étudiants et le corps enseignant. Science Po s'est trop internationalisé. Les étudiants peuvent être diplômés sans avoir suivi un cours en français. Cela ne va pas dans le sens du soutien à l'influence française.

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Une citation

« Ne soyez jamais assez stupide pour ne pas vous entourer de personnes plus intelligentes que vous. »

« C'est une citation d'Andrew Carnegie (industriel et philanthrope, NDLR) que j'ai découverte en visitant sa maison d'enfance en Écosse. Il manque aujourd'hui des leaders capables de s'entourer de gens qui portent un regard critique sur leur action. »

Une couleur

Le vert

« Celui de Giverny, qui change de spectre au fil des saisons ; celui de l'Écosse, très sauvage, poétique. Dans la famille, nous partons régulièrement nous mettre au vert. Je suis une grande marcheuse et les enfants nous suivent, avec énergie et curiosité. Le contact avec la nature reste fondamental pour compenser la pierre de notre quotidien. »

Un instrument

Le piano

« Depuis très jeune, le piano occupe une part importante dans ma vie. Je joue quatre ou cinq fois par semaine. Je revisite en ce moment les Nocturnes de Chopin, que je redécouvre selon mon humeur du moment. Le clavier demeure un sas de décompression. »

Ses dates

1982 Naissance à Copenhague, au Danemark.

2000 Entrée à Sciences Po.

2007 Parution de Hamlet en Irak (CNRS Éditions, 160 p., 18 €).

2009 Conseillère sur la relation transatlantique au centre d'analyse et de prévision du ministère des affaires étrangères.

2012 Directrice au bureau parisien du German Marshall Fund (GMF).

2021 Senior vice-president du GMF, comité exécutif du GMF.

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