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Au Bangladesh, les quotas de la colère

Malgré la répression qui a fait au moins 163 morts, le mouvement étudiant contre les quotas d’embauche de fonctionnaires pourrait s’élargir à une contestation plus large de l’autoritarisme de la Première ministre, en poste depuis quinze ans.

par Nelly Didelot, publié aujourd'hui à 18h13

Pour vider les rues de Dacca des étudiants, si nombreux à manifester tous les jours depuis le début du mois de juillet, le gouvernement bangladais n’a reculé devant rien. Couvre-feu, coupure d’Internet, déploiement de l’armée dans les villes et une répression policière qui s’est faite sanglante depuis la semaine dernière.

Au moins 163 personnes sont mortes, parfois abattues à bout portant par les forces de l'ordre qui ont commencé à tirer à balle réelle. Jamais depuis au moins quinze ans, le Bangladesh n'avait traversé un épisode aussi violent. Aux racines du mouvement, au départ pacifique et porté par les étudiants, se trouve une disposition mise en place dès les premières heures de l'indépendance du Bangladesh : le système de quotas d'embauches des fonctionnaires.

Pourquoi ce système de quotas pose-t-il problème ?

Dans un pays placé par la Banque mondiale dans le dernier tiers du classement mondial en termes de PIB par habitant, les emplois de fonctionnaires stables, bien payés et dotés d'avantages sociaux sont très recherchés. Mais plus de la moitié d'entre eux (56 %) sont attribués selon des quotas depuis 1972 : 10 % doivent aller à des femmes, 10 % aux personnes vivant dans des districts sous-développés, 5 % à certaines communautés ethniques minoritaires et 1 % aux personnes atteintes d'un handicap. Les 30 % restants sont réservés aux descendants de ceux qui ont lutté pour l'indépendance du Bangladesh en 1971, lors de la guerre contre le Pakistan. A l'époque, ces «combattants de la liberté» étaient environ 300 000. Aujourd'hui, le Bangladesh compte 171 millions d'habitants, dont environ la moitié a moins de 28 ans.

Ce sont ces postes réservés qui ont provoqué la fureur des étudiants. Réunis au sein du collectif Students Against Discrimination, ils réclament que ces quotas soient abrogés, à l'exception de ceux en faveur des minorités ethniques et des personnes handicapées (soit 6 % des postes). Les autres devraient être attribués uniquement au mérite. Aujourd'hui, selon les étudiants contestataires, le système est utilisé de manière abusive pour permettre aux partisans du parti au pouvoir depuis quinze ans, la Ligue Awami, d'occuper des postes de fonctionnaire.

Pourquoi les manifestations ont-elles éclaté cet été et pourquoi ont-elles pris une telle ampleur ?

Les raisons sont multiples, principalement juridiques mais aussi d'ordre économique. Le système de quotas de fonctionnaires avait été supprimé en 2018, déjà après d'importantes manifestations étudiantes. Mais en juin, la Haute Cour de Dacca l'a rétabli. Elle a tranché en faveur d'une demande déposée par sept descendants de vétérans de la guerre d'indépendance, qui réclamaient le retour du quota de 30 %. «Le rétablissement des quotas figurait dans le manifeste électoral de la Ligue Awami lors de sa quatrième victoire électorale consécutive en janvier. C'était une demande importante de ses soutiens traditionnels», pointe Olivier Guillard, chercheur à l'Institut d'études de géopolitique appliquée.

Pour les étudiants lambdas, le retour des quotas est d'autant plus inacceptable que le pays peine à offrir des emplois aux jeunes diplômés. Selon les statistiques gouvernementales sur l'année 2022, plus de 40 % des Bangladais âgés de 15 à 24 ans sont sans emploi ou n'étudient pas, soit 18 millions de jeunes. La mainmise des étudiants proches de la Ligue Awami sur les meilleures places débute dès l'université. «Pendant plus d'une décennie, les étudiants affiliés au parti au pouvoir ont régné sur les campus universitaires, transformant les dortoirs en centres de recrutement pour la Ligue Awami, ou contraignant ceux qui y vivaient à rejoindre le parti», explique Ali Riaz, professeur de sciences politiques à l'université de l'Illinois, dans un article pour le média régional Benar News.

Entre les étudiants contestataires et ceux affiliés à la Chhatra League, la branche étudiante de la Ligue Awami, les tensions ont été vives ces dernières semaines, allant jusqu'à des affrontements rangés à coup de briques et de cannes en bambou. «Depuis au moins quinze ans et l'élection de la Ligue Awami, la polarisation est terrible entre le parti au pouvoir et l'opposition principalement incarnée par l'autre formation politique historique, le Bangladesh Nationalist Party (BNP). L'atmosphère politique est délétère et la violence partisane n'est jamais loin», explique Olivier Guillard.

Le parti au pouvoir, dont l'autoritarisme va croissant, tire toujours une part de sa légitimité de son histoire. Créé dès 1949, bien avant tous ses rivaux actuels, il a joué un rôle important lors de la guerre d'indépendance et continue à se considérer comme le garant de la souveraineté du pays. Sheikh Mujibur Rahman, le premier président bangladais et l'un des membres fondateurs de la Ligue Awami, est d'ailleurs le père de Sheikh Hasina, la Première ministre inamovible, réélue pour un quatrième mandat cette année, lors d'une élection boycottée par l'opposition. Les manifestations ont commencé à prendre un tour plus violent la semaine dernière, avec l'incendie de bâtiments gouvernementaux, après qu'elle a qualifié les opposants aux quotas de «razakars», un terme insultant qui désigne ceux qui ont collaboré avec le Pakistan pendant la lutte pour l'indépendance.

La contestation peut-elle aller au-delà des quotas ?

Depuis qu'Internet a été coupé, le 18 juillet, il est devenu plus difficile de savoir quelle est la situation sur le terrain. Ce lundi 22 juillet, les rues de la capitale semblaient être relativement calmes, vidées par les patrouilles de l'armée et le couvre-feu. Mais malgré la répression sanglante, les étudiants ont gagné une première manche. Dimanche, la Cour suprême a ordonné l'abaissement des quotas de fonctionnaires : 5 % des postes devraient rester réservés aux descendants des combattants de l'indépendance et 2 % aux autres catégories. Ce lundi, le mouvement Students Against Discrimination a annoncé suspendre les manifestations pour quarante-huit heures, tout en précisant qu'il n'abandonnait pas la lutte.

Le mouvement semble avoir dépassé la question des quotas. «L'arrêt de la Cour suprême ne mettra pas fin à la crise. Les manifestations se sont transformées en un mouvement antigouvernemental plus large qui s'appuie sur des griefs anciens», pointe Michael Kugelman, directeur de l'Institut de l'Asie du Sud au Wilson Center, sur X. Après la mort de dizaines d'étudiants désarmés, les cris «A bas la dictatrice» ont commencé à résonner dans les manifestations. «C'est la première fois que Sheikh Hasina est contestée directement depuis le début de ses quatre mandats consécutifs. Les gens critiquaient son parti et l'administration en général, mais il était tabou de remettre en question ses déclarations», note Ali Riaz. C'est également la première fois que Sheikh Hasina doit faire appel à l'armée pour ramener le calme.

La Première ministre, depuis longtemps surnommée «la Dame de fer», n'a pas pour autant perdu la main. La répression des manifestations a été l'occasion d'une nouvelle rafle contre les milieux d'opposition. Plus de 500 personnes ont été arrêtées ce week-end, dont des dirigeants du BNP, le rival historique de la Ligue Awami.

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Ces derniers temps, recenser les exploits en informatique se réduisait à narrer les derniers progrès de l’intelligence artificielle. Le 2 juillet, l’annonce de la démonstration d’une conjecture vieille de plus de trente ans est venue bouleverser cette litanie. En plus, l’exploit, raconté par le média américain Quanta Magazine, n’est issu ni du monde académique ni de l’industrie. Il a été accompli par une équipe internationale constituée d’une vingtaine de personnes, collaborant à distance, en partie « amateurs », et réunie par le jeune Français Tristan Stérin.

Cofondateur de l’entreprise de logiciels PRGM, il a lancé, en mars 2022, le défi de résoudre un problème qui en a épuisé plus d’un : savoir quel programme informatique, parmi une famille de plus de 16 000 milliards, s’arrête pour donner sa réponse, éliminant de fait les programmes « inutiles » qui continuent ad vitam aeternam. Et surtout trouver la perle rare, celui qui stoppe après le plus grand nombre d’étapes. Le problème a été baptisé « compétition du castor affairé » par le mathématicien hongrois Tibor Rado, en 1962, en hommage aux vertus de l’animal.

« C’est comme la chasse au Pokémon ! » plaisante Tristan Stérin. Quel intérêt ? Ce « jeu », qui illustre comment la complexité jaillit de la simplicité, touche à de profondes questions en mathématiques et en informatique.

Le ruban de Turing Pour saisir l’enjeu, des rappels s’imposent. En 1936, le Britannique Alan Turing démontre que tout programme, depuis le simple « afficher “bonjour” » aux plus complexes, comme les énormes ChatGPT et consorts, peut se représenter « simplement » par une machine qui porte son nom : un ruban infini, marqué de 0 ou de 1 lorsqu’il passe sous une tête de lecture/écriture. La tête ne peut que changer les symboles 0 ou 1, faire avancer ou reculer le ruban d’une case et changer d’état. Cet « état », qui contient ces trois instructions (écrire 0 ou 1, avancer/reculer, changer d’état), est le logiciel de la machine. Il peut en avoir un, deux ou plus… Une machine à un état peut générer 25 programmes différents. De une à deux, 6 561, et de une à cinq, plus de 16 000 milliards.

Avec ce concept, Turing montre qu’il est impossible de trouver un programme qui dise si un autre programme va s’arrêter ou non. Le problème du castor affairé (« busy beaver » en anglais ou BB pour les intimes) présente une autre impossibilité : calculer le plus grand programme « utile », celui qui fait bouger le plus le ruban avant de s’arrêter et de donner la réponse. Tibor Rado a démontré que cette fonction n’était pas calculable : il est impossible de trouver toutes ces valeurs par une suite d’opérations.

Tibor Rado observe que, pour une machine à deux états, la fonction BB vaut six − un programme, dont le ruban a bougé de plus de six cases, est en fait un programme qui ne s’arrête jamais − et que BB (3), pour une machine à trois états, vaut 21. Dans les années 1970, Allen Brady montre que BB (4) vaut 107. En 1989, dans la quête de BB (5), Heiner Marxen et Jürgen Buntrock trouvent un « Pokemon » qui s’épuise au bout de 47 176 870 étapes. Et l’équipe de Tristan Stérin vient seulement de démontrer qu’il n’y a pas plus fort comme castor.

« Quand on demandait à George Mallory [un alpiniste britannique] pourquoi il voulait escalader l’Everest, il répondait parce que la montagne est là. C’est pareil ici. Ces nombres BB existent. A nous de les trouver », raconte Pascal Michel, enseignant émérite de l’université Paris Cité, spécialiste du sujet mais non membre de l’équipe. « BB (5) est un défi au savoir humain », complète Tristan Stérin.

Sortes de « Pokemons » inarrêtables L’aventure n’a pas été simple. Impossible de faire tourner 16 000 milliards de programmes pour voir lesquels s’arrêtent. Les « trappeurs » ont donc mis au point des « filets », appelés « décideurs », des programmes pour identifier des comportements de « Pokémons » inarrêtables. Il y a ceux qui bégaient et se répètent. Ceux qui comptent sans fin ânonnant sans faiblir des chiffres… Une demi-douzaine de « décideurs » ont permis de réduire le nombre de suspects. Mais il est resté au moins deux programmes très retors. L’un se met en boucle toutes les 8 468 569 863 opérations, mais seulement à partir d’un nombre gigantesque d’étapes (plus d’un million de milliards de milliards). Trompeur.

En avril, le travail était bien avancé, lorsque, sur le forum de discussion du groupe, un contributeur anonyme informe qu’il a traduit tout le travail réalisé jusqu’alors dans un langage informatique particulier, Coq. Et qu’il a même été plus loin, en achevant la démonstration rigoureuse avec ce langage. « L’apothéose finale ! » souligne Tristan Stérin. Coq est en effet l’un des outils phares pour démontrer qu’un programme n’a pas de bogues. Il est utilisé pour certifier la sécurité de logiciels critique. Après une vérification auprès de spécialistes de cette méthode, l’annonce que BB (5) est bien égal à 47 176 870 est faite. « Si la démonstration n’avait pas utilisé d’outils d’assistants de preuve, comme Coq, la communauté n’aurait pas eu confiance aussi vite dans le résultat, estime Yannick Forster, chercheur à l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique et l’un des “vérificateurs”. En retour, ce travail donne une grande visibilité à Coq. » « J’ai été étonné par l’efficacité de cette recherche “massivement” parallèle. Les contributions étaient de grande qualité. Chaque mois il y en avait de nouvelles. Sans les autres, chacun n’aurait pas pu avancer », apprécie Tristan Stérin.

Et BB (6) ? Pas sûr que ce nouvel Everest soit accessible. Parmi les près de 60 millions de milliards de programmes à étudier, il y a des « monstres », baptisé cryptides. Prouver que ces castors ne s’arrêteront jamais de courir serait aussi dur que démontrer des conjectures mathématiques qui résistent, comme celle dite « de Collatz », une série d’entiers qui retombent toujours sur « 1 », quel que soit le nombre de départs. « Plutôt que m’attaquer à ce problème, je préfère me concentrer sur l’article scientifique qui expliquera à tous notre démonstration, et fournir des outils de travail collaboratif », prévoit Tristan Stérin, en castor avisé

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D’autres critiquent les importations notamment de Russie qui tireraient les revenus des agriculteurs vers le bas. La Russie a multiplié ses exportations de blé vers la Chine par près de 12 entre janvier et mars, pour atteindre 15,8 millions de dollars, alors que les expéditions de blé vers la Chine ont diminué de 18 % sur un an, indiquent les données russes reprises par le Global Times. « Si vous demandez un prix plus élevé, ils importent des céréales étrangères. Vous voyez la Pologne et la France, lorsque les agriculteurs protestent là-bas, les prix remontent. Mais en Chine, le prix des céréales ne cessent de baisser. Et si vous osez protester, vous risquez d’aller en prison. Certains parlent de manifester à Pékin, c’est absurde. »

En France on a surtout eu une mauvaise année apparemment : https://www.dna.fr/economie/2024/07/09/recolte-2024-catastrophique-pour-le-ble-en-france-malgre-de-bons-rendements-dans-l-est

Je suis pas sûr que les prix soient liés aux protestations, il paraît que les gros céréaliers sont ceux qui tirent le plus de bénéfice des subventions de la PAC.

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