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Les médias contre Julian Assange (www.monde-diplomatique.fr)
submitted 6 months ago by Camus@lemmy.ca to c/monde@jlai.lu
 
 

cross-posted from: https://sh.itjust.works/post/22841747

Depuis le 25 juin 2024, grâce à un accord de plaider-coupable conclu avec le ministère de la justice américain, Julian Assange est libre. Mais la presse mondiale n’a pas tiré ce feu d’artifice euphorique qui aurait accueilli le retour à la vie commune de n’importe quel journaliste enfermé pendant quatorze ans pour avoir révélé des crimes de guerre. L’ambiance éditoriale était teintée d’une étrange retenue. « Ses actions ont divisé l’opinion », constatait The Guardian (26 juin), principal quotidien de « gauche » au Royaume-Uni, qui avait publié plusieurs dizaines d’articles hostiles au fondateur de WikiLeaks. Invariablement, les portraits consacrés à l’heureux dénouement accordent une large place aux détracteurs : « un divulgateur imprudent qui a mis des vies en danger » (The New York Times, 27 juin), « quelqu’un qui recherche la publicité » (BBC, 25 juin), « soupçonné de servir les intérêts de Moscou » (FranceInfo, 25 juin), bref, un « personnage trouble » (Le Monde, 27 juin). Pour le quotidien vespéral, cette mauvaise réputation s’expliquait aisément : « Julian Assange n’a cessé d’alimenter la controverse. » Une controverse que les journalistes avaient eux-mêmes largement nourrie avant de la décrire comme un fait…

« Il n’y a qu’une seule façon de s’y prendre : abattre illégalement ce fils de pute. » Depuis l’appel au meurtre du « traître » lancé sur Fox News en 2010 par le commentateur démocrate Robert Beckel jusqu’aux éditoriaux de « soutien » en forme de pendaison, en passant par les fausses informations du Guardian concernant une prétendue collusion de Julian Assange avec M. Donald Trump et Moscou en 2018, le journaliste emprisonné a pu apprécier le nuancier de la malveillance médiatique (1). Le sujet central n’était plus le message — le contenu des révélations de WikiLeaks et la réalité crue du pouvoir américain qu’elles dévoilaient — mais la personnalité et l’éthique du messager, voire son hygiène (Daily Mail, 13 avril 2019).

On oublierait facilement que les noces entre WikiLeaks et la presse traditionnelle furent célébrées en grande pompe, tant elles furent éphémères et intéressées. Lorsque l’organisation se propulse en 2010 sur le devant de la scène mondiale en rendant publics des documents classifiés confiés par la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, analyste du renseignement militaire américain, la manne alimente antennes et colonnes pendant des mois. WikiLeaks noue alors des partenariats avec des journaux prestigieux afin de donner plus d’écho à ces révélations accablantes pour Washington : la conduite criminelle de son armée en Irak et en Afghanistan, l’enfer de la prison de Guantánamo ou les dessous peu reluisants de la diplomatie américaine.

Pour ce dernier dossier, connu sous le nom de « Cablegate », The New York Times, The Guardian, Der Spiegel, El País et Le Monde profiteront amplement des scoops puisés dans les 250 000 télégrammes diplomatiques. Le 25 décembre 2010, la rédaction du Monde désigne Julian Assange « homme de l’année ». Chacun sait déjà que ce fournisseur de contenus explosifs fait peser une menace sur le monopole de l’information légitime revendiqué par les médias établis, mais, alors, règne une paix précaire assise sur une division du travail : WikiLeaks alimente en données brutes authentifiées des médias qui les trient, les hiérarchisent — puis se tressent des lauriers. Les médias n’ignorent rien de la philosophie libertaire d’Assange qui, comme nombre d’informaticiens de sa génération, rêve d’une nouvelle Réforme qui abolirait les intermédiaires compromis avec le pouvoir.

Aussi, en ce jour de Noël 2010, Le Monde accompagne son éloge d’une étiquette — « la personnalité la plus controversée de la planète » — qui ne quittera plus le fondateur de WikiLeaks et ressortira sitôt que l’actualité judiciaire imposera aux médias, entre de longues plages d’indifférence, de parler de l’affaire : « “cyber-warrior” énigmatique et controversé » (Lexpress.fr, 19 mai 2017), « héros controversé d’une transparence parfois troublée » (Lepoint.fr, 7 septembre 2020), « héros controversé de la liberté d’informer » (Agence France-Presse, 10 décembre 2021), « figure controversée au centre de théories du complot » (« Complorama », France Info, 29 avril 2022). « Controversé » : sous son apparente objectivité, cet adjectif sparadrap présente l’étrange propriété de ne coller qu’aux souliers des dissidents du monde occidental.

Pour les médias, les enjeux du cas Assange étaient pourtant d’une clarté cristalline : en mai 2019, les États-Unis l’inculpaient en vertu de ­l’Espionage Act de 1917, menaçant ainsi toute la profession d’une criminalisation du journalisme. Son extradition vers les geôles américaines aurait signé la ­capitulation en rase campagne du « quatrième pouvoir ». Les anciens « clients » de WikiLeaks se résignèrent donc à s’opposer — sans excès d’enthousiasme — à ce qu’il soit livré outre-Atlantique.

L’art de détruire un confrère

Ce « soutien » sera systématiquement assorti de réserves, voire de dénigrement, comme dans cet éditorial du Monde le 26 février 2020 : « Julian Assange ne s’est comporté ni en défenseur des droits de l’homme ni en citoyen respectueux de la justice. Dès 2011, il a bafoué ses engagements en publiant les documents américains non expurgés. Il a ensuite refusé de se rendre à une convocation de policiers suédois après deux plaintes pour agression sexuelle (…). Prompt à s’attaquer aux secrets des pays démocratiques, Julian Assange s’est montré moins empressé à l’égard des pays autoritaires. Il a travaillé pour Russia Today, télévision de propagande financée par le Kremlin. En 2016, il a diffusé des documents subtilisés par les services secrets russes au Parti démocrate américain afin de discréditer sa candidate, Hillary Clinton. » En d’autres termes, ce journaliste ne révélait pas les « bons » secrets et court-circuitait les professionnels.

Pareille faute de goût ne passait pas davantage à Mediapart (15 avril 2019). Dans une défense du journaliste australien publiée par le site d’information, le déontologue Edwy Plenel jugea opportun d’insérer le passage suivant : « Il y a plein de raisons légitimes d’être indifférent au sort de Julian Assange, arrêté le jeudi 11 avril par la police britannique dans l’ambassade d’Équateur où il s’était réfugié depuis près de sept ans : les accusations de violences sexuelles qui le visent en Suède ; son aventurisme égocentrique dans la gestion de WikiLeaks qui a fait le vide autour de lui ; sa dérive déontologique vers la diffusion brute de documents, sans travail de vérification ni de contextualisation ; son obscure complaisance, à tout le moins, pour le pouvoir russe et son jeu géopolitique. » Dans sa contribution modeste au mouvement de solidarité, Le Canard enchaîné (15 décembre 2021) sut trouver les mots justes pour rallier de nouveaux soutiens : « Certes, Assange est parfois confus, ambivalent, irresponsable (quand des documents non filtrés mettent des vies en danger), consternant (lors de la campagne présidentielle américaine, il avoue sa préférence pour Trump). »

En guise de campagne médiatique internationale pour exiger l’abandon des poursuites américaines, l’initiative la plus notable prit la forme d’un court « Appel de journaux en faveur de Julian Assange : “Publier n’est pas un crime” », signé en novembre 2022 par les cinq partenaires internationaux d’antan. Et même dans ce geste de solidarité, les directeurs de journaux reprochaient au prisonnier politique que « des versions non censurées des télégrammes diplomatiques ont été rendues publiques » (Le Monde, 29 novembre 2022).

Cette réputation d’irresponsabilité dans la publication de documents se révèle pourtant infondée. Des spécialistes de l’affaire, dont la journaliste d’investigation italienne Stefania Maurizi, ont clairement établi que la faute incombait à deux collaborateurs du Guardian (2). Luke Harding et David Leigh avaient en effet publié dans un livre le mot de passe qu’Assange avait confié au second pour accéder au fichier dans le cadre de leur partenariat. Cette négligence catastrophique, pourtant signalée à l’époque par WikiLeaks (3), ne fut jamais attribuée à ses auteurs. L’organisation tenta d’empêcher la dissémination et informa le département d’État américain du risque. Constatant que le site Cryptome avait publié les télégrammes bruts le 1er septembre 2011, WikiLeaks fit de même le lendemain, expliquant vouloir ainsi avertir au plus vite les personnes potentiellement en danger.

Après la publication en juillet 2010 des documents sur la guerre en Afghanistan, le Pentagone affirma que le site avait mis des vies humaines en danger (troupes américaines, collaborateurs afghans, informateurs) et que Julian Assange avait peut-être même « du sang sur les mains » (CNN, 29 juillet 2010). Las, les États-Unis n’ont pu fournir un seul exemple, y compris dans l’enceinte de tribunaux (4). Quatorze ans plus tard, cette accusation, aux occurrences innombrables, survit. Le 25 juin dernier, Patrick Cohen célébrait la libération d’Assange en expliquant sur le plateau de l’émission « C à vous » (France 5) que des « opérationnels de terrain (…) ont payé de leur vie » les révélations de WikiLeaks (5). Le lendemain, la juge américaine du tribunal fédéral de Saipan (îles Mariannes du Nord) exposait le manque de professionnalisme du journaliste français lors de l’audience qui entérinait l’accord de plaider-coupable : « Le gouvernement a indiqué qu’il n’y avait pas de personne victime dans cette affaire. Cela signifie que la diffusion de ces informations n’a pas entraîné de préjudice physique connu. » Dans les médias les plus mobilisés contre la propagation des fake news, l’information n’a pas suscité une avalanche de rectificatifs.

Plus que tout autre épisode, les allégations de viol ont fortement contribué à isoler Assange. Si elles furent complaisamment évoquées par la presse — Charlie Hebdo vitupéra contre ce « Gandalf violeur et mentalement diminué » (23 novembre 2022) —, les journalistes précisaient rarement que le stade de l’enquête préliminaire n’avait jamais été dépassé. L’enquête menée par M. Nils Melzer, ancien rapporteur spécial de l’Organisation des Nations unies (ONU) sur la torture, s’appuie, elle, en revanche, sur « 10 000 pages de dossiers de procédure, de correspondance et d’autres preuves fiables provenant d’une multitude de sources » ; le juriste établit que l’« affaire suédoise » était une machination destinée à neutraliser le fondateur de WikiLeaks (6). Stefania Maurizi a fait de même dans son propre ouvrage, s’appuyant sur des correspondances entre parquets britannique et suédois. À de très rares exceptions près (Jack Dion dans Marianne, Anne Crignon dans Le Nouvel Obs), la presse française n’a guère rendu compte de ces deux livres. Parmi les trois anciens partenaires hexagonaux de WikiLeaks (Le Monde, Libération et Mediapart), aucun n’a mentionné leur parution ni signalé la sortie en France de deux documentaires consacrés à l’affaire (7).

Enfin, souvent suggérés mais jamais étayés, les liens avec la Russie épaississent le nuage de rumeurs qui tient lieu d’information sur Assange. Les rencontres à l’ambassade d’Équateur avec « des Russes », ainsi qu’avec Paul Manafort, directeur de la première campagne présidentielle de M. Donald Trump, étaient un faux scoop. Lancé par Luke Harding dans The Guardian le 27 novembre 2018, il fut immédiatement repris par Libération qui ne s’est jamais rétracté. Des pirates informatiques russes fournissant à WikiLeaks des courriels compromettants concernant Mme Hillary Clinton et l’establishment démocrate ? Malgré les affirmations pleines d’assurance des médias, la chose n’est toujours pas établie (8). Julian Assange serait tout de même coupable d’avoir « animé une émission pour Russia Today » (Franc-Tireur, 3 juillet 2024), n’est-ce pas ?… Eh bien non, toujours pas (9).

La lutte contre les fausses informations et le conspirationnisme, grande cause civilisationnelle de la presse libérale, a connu une éclipse chaque fois qu’il fut question d’Assange. La collaboration des médias à la persécution du fondateur de WikiLeaks discrédite un peu plus une profession à bout de souffle (10). Et isole davantage les journalistes intègres : Julian Assange a dû plaider coupable d’avoir fait son métier.

Laurent Dauré - Journaliste et membre fondateur du comité de soutien français à Julian Assange.

(1) Lire Serge Halimi, « L’honneur perdu du “Guardian” ? », Le Monde diplomatique, janvier 2019.

(2) Stefania Maurizi, L’Affaire WikiLeaks. Médias indépendants, censure et crimes d’État, Agone, Marseille, 2024.

(3) « “Guardian” journalist negligently disclosed Cablegate passwords », 1er septembre 2011.

(4) Ed Pilkington, « Bradley Manning leak did not result in deaths by enemy forces, court hears », The Guardian, Londres, 31 juillet 2013.

(5) Cité par Fabien Rives, « Julian Assange calomnié sur France 5 », 4 juillet 2024.

(6) Nils Melzer, L’Affaire Assange. Histoire d’une persécution politique, Éditions Critiques, Paris, 2022. Lire aussi, du même auteur, « Cajoler Pinochet, briser Assange », Le Monde diplomatique, août 2022.

(7) Clara López Rubio et Juan Pancorbo, Hacking Justice : Julian Assange (2021), et Ben Lawrence Ithaka. Le combat pour libérer Assange (2023), tous deux distribués par Les Mutins de Pangée. 

(8) Aaron Maté, « CrowdStrikeOut : Mueller’s own report undercuts its core Russia-Meddling claims », 5 juillet 2019.

(9) L’émission « The world tomorrow » a été produite de façon indépendante par la société Quick Roll Production (créée par Assange) et la société britannique Dartmouth Films ; elle a été vendue à une douzaine de médias dans le monde, dont Russia Today. Cf. Stefania Maurizi, L’Affaire WikiLeaks... op. cit.

(10) Kevin Gosztola, Guilty of Journalism. The Political Case against Julian Assange, Seven Stories Press, New York, 2023.

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Au Japon, les chasseurs de baleine veulent la peau de Paul Watson

Pour les pêcheurs de cétacés, dont la société propriétaire du «Kangei Maru», l’activiste écologiste est vu comme un empêcheur de tourner en rond et doit être puni.

par Karyn Nishimura, correspondante à Tokyo, publié aujourd'hui à 18h34

Le Kangei Maru vogue en majesté au large des côtes Pacifique du Japon. Ce bateau usine flambant neuf est le nouveau navire amiral de la flotte baleinière japonaise. Bâtiment de 113 mètres de long, 21 de large et quelque 9 200 tonnes, construit à Shimonoseki, le fief de feu l’ex-Premier ministre nationaliste Shinzo Abe, le Kangei Maru a pris la mer en mai.

C'est l'oeuvre d'une vie pour Hideki Tokoro, volubile patron de Kyodo Senpaku, société fer de lance de la pêche de cétacés dont la viande est désormais ouvertement destinée à la consommation.

Kyodo Senpaku est la bête noire de l'activiste écologiste Paul Watson, interpellé le 21 juillet au Groenland, et de son organisation Sea Shepherd. La réciproque est vraie. «Ce Watson a commis de graves délits : il a foncé sur nos navires, il y a eu des blessés parmi nos équipages, cela relève de la tentative de meurtre, lance Hideki Tokoro, lors d'un entretien avec Libération ce mercredi 23 juillet 2014. Je souhaite évidemment qu'il soit extradé au Japon et puni pour les dommages infligés.» Et de réagir aussi à l'intervention du président français, Emmanuel Macron, demandant la libération de Watson. «Macron se trompe : il ne sait pas ce qui s'est passé sur les bateaux, rapporte-t-il. En tant qu'entreprise privée, nous sommes fâchés contre la France. Mais cela relève désormais de la diplomatie d'Etat à Etat. Le gouvernement japonais devrait davantage expliquer notre position.»

A l'origine de sa colère, se trouve le souvenir de collisions et incidents répétés en mer entre les bateaux de Kyodo Senpaku et ceux de Sea Shepherd, en 2010 notamment. Pour cette raison, Paul Watson faisait l'objet d'un mandat d'arrêt émis cette même année au Japon, puis élargi à l'échelle internationale en 2012 par le biais d'une notice rouge Interpol. Raison invoquée : obstruction d'activités pour les bateaux baleiniers japonais, dont à l'époque le Nisshin Maru, navire amiral désormais à la retraite qu'exploitait aussi Kyodo Senpaku. Cette firme et l'Institut de recherche sur les cétacés disent avoir été la cible «d'incessantes campagnes de harcèlement» lors de leurs missions dites de recherche dans l'océan Austral. A l'époque, le Japon affirmait ne pas chasser à des fins commerciales, mais dans un but scientifique, ce qui était perçu comme un prétexte, car une partie de la viande finissait sur les étals. La situation a été clarifiée lorsque le gouvernement japonais de Shinzo Abe a décidé de quitter la Commission baleinière internationale (CBI) en 2019 et de s'autoriser à chasser la baleine uniquement le long de ses côtes.

«Campagnes radicales»

«Nous pêchons pour le commerce et nous ne le faisons que dans les zones nippones en fonction de quotas fixés par le gouvernement, assure Hideki Tokoro. C'est suffisant. Depuis l'entrée en activité du Kangei Maru, 85 baleines ont été prises. Nous n'avons pas du tout l'intention d'en chasser dans les eaux de l'Antarctique dans un but commercial, cela n'est pas nécessaire.» Toutefois, précise-t-il, «nous irons si les autorités nous demandent de nous y rendre pour des missions de recherche. C'est pour cela que le Kangei Maru est doté d'une capacité suffisante pour naviguer jusqu'à l'océan Austral.»

Selon lui, «les espèces de baleines prises ne sont pas en danger, en pêcher est au contraire nécessaire pour préserver la faune marine. Elles mangent chaque jour l'équivalent de 4 % de leur masse corporelle, c'est colossal, et elles rompent l'équilibre de la chaîne alimentaire. C'est de cela que nous devrions discuter calmement. Mais avec les activistes, c'est impossible, puisque leur but est de mener des campagnes radicales afin de nourrir les dons qui les font vivre.»

Récit national

A l'inverse, Sea Shepherd soupçonne le Japon de vouloir renvoyer ses baleiniers dans l'océan Austral dès 2025 et d'avoir voulu stopper au préalable toute action de l'organisation. Il s'agirait d'une sommation adressée à la partie adverse par les autorités japonaises, alors que Watson envisageait d'aller perturber le Kangei Maru. Interrogé sur ce point, le porte-parole du gouvernement, Yoshimasa Hayashi, n'a pas dit un mot sur l'éventuel rôle de l'exécutif nippon dans cette arrestation, se contentant de signifier que «l'enquête sur les faits remontant à 2010 relève des autorités de sécurité maritimes nippones, qui agiront comme il se doit en coopération avec les ministères et agences gouvernementales concernés».

Elu du Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir, conservateur, Hayashi est lui-même un des défenseurs de la chasse à la baleine. Il s'est fendu d'un message de félicitations et d'encouragements pour la construction du Kangei Maru, au titre de porte-parole du gouvernement, dans un long publireportage dans le Yamaguchi Shimbun (département où se trouve Shimonoseki), quotidien daté du 29 mars 2024 dont Libération possède un exemplaire. Le numéro 2 de l'exécutif voisine dans les colonnes de cette promotion avec un sénateur, un député, le gouverneur de Yamaguchi et le maire de Shimonoseki. De même, lors d'une réception pour fêter le Kangei Maru à laquelle Libération a eu accès dans un grand hôtel de cette même ville, la présence de notables et d'élus de la région était très visibles. Ceux-ci vantaient les mérites de la viande de baleine, la chasse faisant selon eux partie du récit national.

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Un total de 14 organisations palestiniennes qui étaient réunies ces derniers jours à Pékin dans le cadre d'une nouvelle tentative, parrainée par la Chine, de trouver des compromis entre les différentes composantes de la scène politique locale, ont signé, mardi 23 juillet, un accord d'"unité nationale". Selon la diplomatie chinoise, le texte prévoit la création d'un "gouvernement intérimaire de réconciliation nationale" après la guerre à Gaza.

Gaza : au cœur d’un accord entre le Fatah et le Hamas, la question non réglée de l’après-guerre , le 23/07/2024 à 17:53

Les deux mouvements palestiniens rivaux ont signé une déclaration d’unité nationale, mardi 23 juillet à Pékin, dans l’optique de l’après-guerre à Gaza. Le texte, qui évoque aussi l’intégration du Hamas dans l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), souligne le fossé entre l’approche du sud Global et celle des Occidentaux sur l’avenir du Hamas dans la future gouvernance palestinienne. (...)

La Chine, qui soutient depuis des décennies la cause palestinienne, tente de s’ériger médiatrice dans la guerre sanglante menée par Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza. Pour la spécialiste du Crisis Group, son entremise a compté. « Mahmoud Abbas pouvait difficilement refuser un tel accord aux Chinois, surtout si l’on considère le soutien financier, diplomatique et juridique qu’ils lui ont offert, en particulier depuis le 7 octobre ». (...)

La chercheuse doute toutefois de la capacité de Pékin à faire respecter cet accord : « Je ne sais pas si la Chine sera en mesure d’appliquer le type de pression nécessaire sur Mahmoud Abbas pour le mettre en œuvre. Tant qu’il bénéficiera du soutien des États-Unis et des Européens, il ne ressentira jamais le besoin de partager un quelconque pouvoir. »

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